Élever des enfants tout en poursuivant une carrière professionnelle, voilà qui est un peu comme un exercice de jonglerie. Je me suis trouvée dans ce cas. A une certaine période en particulier, j'avais l'impression d'avoir plus de balles en l'air qu'il n'est raisonnablement possible d'en maîtriser. Je travaillais plus qu'à temps plein, menant ma propre affaire, ce qui exigeait un certain nombre de voyages, et j'avais épousé un homme déjà père de trois enfants qui vivaient tous avec nous. J'étais également impliquée dans des activités d'église et dans un travail bénévole qui me prenait beaucoup de temps.
J'avais fréquemment entendu dire que pour s'organiser il fallait établir ses priorités, mais cette idée en elle même me décourageait. Et j'étais là, en train d'aider à élever les enfants d'un autre, qui méritaient toute mon attention et mon affection, et en essayant en même temps de développer mon affaire, à laquelle je tenais énormément. Je me sentais tiraillée dans toutes les directions possibles: par mon mari, ses enfants, nos familles élargies, des clients exigeants et les associations où j'exerçais comme bénévole. J'avais toujours su que, si j'avais des enfants, ceux-ci prendraient la première place dans ma vie, mais ces enfants-là n'étaient pas les miens. Est-ce que je devais faire preuve de la même attention à leur égard ? Et quel serait le prix à payer pour ma carrière ? Je me souviens avoir souvent réfléchi à cette promesse de Christ Jésus: « Le royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Luc 17:21, d'après la version King James), mais il semblait bien parfois que ce royaume m'échappait. Embarquée sur ce qui m'apparaissait comme des océans particulièrement houleux, je me suis souvent demandé quoi faire. Il est intéressant de noter d'ailleurs qu'à l'époque je me retrouvais aussi, au sens propre, sur des mers démontées, car je passais une bonne partie de mon temps sur des bateaux, du fait de mon activité professionnelle. Finalement, ce que j'ai appris de ce temps passé à bord et du temps passé à la maison, à terre, c'est que le fait d'assumer des responsabilités variées, incompatibles en apparence les unes avec les autres, peut permettre de démontrer, comme le dit la Bible que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8:28).
Les navires modernes possèdent des stabilisateurs très efficaces, qui accroissent beaucoup le confort des passagers lorsque la mer est agitée. Ces appareils sont de peu d'utilité toutefois lorsque le bateau est à quai pour réparation ou restauration. Il m'est apparu que la Christian Science, qui montre comment penser comme Jésus-Christ le faisait, agit sur notre pensée à peu près de la même manière que les stabilisateurs agissent sur les bateaux. Vivre sa vie à quai peut sembler tentant à première vue. On a la promesse d'être au calme, tranquille, sans défi à relever, sans turbulence. Mais, en contrepartie, on ne fait aucun progrès. Pour arriver à progresser, il faut embarquer, que la mer soit calme ou agitée.
Aligner notre pensée sur Dieu nous stabilise, même face à une violente tempête. C'est ainsi que cela se passait pour Jésus. En une certaine occasion, il dormait à l'arrière d'une barque lorsqu' « il s'éleva un grand tourbillon » (Marc 4:35-39). Ses compagnons, les disciples, étaient pris de panique et ils le réveillèrent, lui demandant s'il ne s'inquiétait pas qu'ils puissent tous périr dans la tempête. Mais Jésus ne réagit ni à ce que disaient ses disciples, ni à la tempête. Au lieu de cela, il prit en main la situation à l'aide de trois mots tout simples: « Silence ! Tais-toi! » Et il y eut un grand calme.
Sois tranquille ! Quelle promesse ces mots contiennent pour chacun de nous, qui tentons de trouver un équilibre entre la vie de famille, le travail, et tant d'autres exigences ! J'ai compris que le fait de cultiver la paix intérieure était essentiel pour acquérir la domination et un plus grand sens de calme face aux activités quotidiennes. La paix nous donne une base solide pour accomplir cette longue liste de choses « à faire ». Lorsque nous agissons à partir de cette base, et mûs parle désir profond de faire ce qu'il y a de mieux pour nos enfants, les priorités deviennent plus évidentes, car nous avons éliminé de notre pensée une large part des interférences.
Lorsque j'ai compris que c'était là ce qu'il fallait faire, la question de savoir comment atteindre à cette paix est devenue une priorité dans ma pensée. Le prophète Ésaïe nous donne une idée sur la façon d'y parvenir. Il dit: « À celui qui est ferme dans ses sentiments tu assures la paix, la paix parce qu'il se confie en toi. » (26:3) Pour ce qui est de garder sa pensée fermement ancrée en Dieu, Christ Jésus était un expert, et cela quelle que soit la fureur qui sévissait autour de lui. Il l'a démontré, aussi bien sur la mer déchaînée que face à une multitude affamée, en ressuscitant un ami bien-aimé, ou en affrontant une foule en colère.
À chacune de ces occasions, au lieu d'éprouver crainte ou panique devant l'ampleur de la tâche à accomplir, il a fait face grâce à la certitude, venant du Christ, que la solution était à sa portée, car « tout est posible à Dieu » (Marc 10:27). Nous aussi, nous pouvons trouver des solutions sus ceptibles de résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés, quels qu'ils soient, en alignant notre pensée sur la réalité spirituelle parfaite que Dieu a créée et qu'll maintient. Agir ainsi dissipe la crainte et révèle le royaume des cieux tout proche (Matthieu 10:7). Nous découvrons alors cette promesse: « La pensée calme et élevée, ou intelligence spirituelle, est en paix. » (Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 506)
Dans ma propre vie, je ne peux désigner un moment précis de révélation à la suite duquel je me serais sentie totalement sereine pour toujours. Atteindre à cette paix et la maintenir est un ouvrage à remette cent fois sur le métier. Trouver un équilibre dans une vie pleine d'occupations, tout particulièrement lorsque l'on a des enfants, exige de la persévérance dans la pensée et dans la prière, de la sagesse, cela exige de porter de l'attention aux autres et de reconnaître la volonté de Dieu. En ce qui me concerne, cela commence par l'engagement de vivre une vie plus équilibrée, moins égoïste, et avec l'assurance que ma priorité première consiste à chercher le royaume de Dieu au-dedans de moi.
En certaines occasions, j'ai dû prendre des mesures pratiques afin de m'assurer que cette paix ait la place qui lui revient dans la liste apparemment sans fin des tâches à faire. Pendant une période particulièrement chargée, par exemple, j'ai fait sonner un compteminutes à chaque heure de la journée. Lorsqu'il sonnait, je m'arrêtais, quoi que je fasse, et je me demandais si j'étais en paix. Si oui, très bien. Si non, je prenais un moment pour aligner à nouveau ma pensée sur Dieu. Alors, et seulement alors, je me remettais au travail.
À mesure que je renforçais régulièrement ma paix, je me suis aperçue que les choses que j'aimais dans la vie n'étaient plus en conflit les unes avec les autres. Bien que j'aie toujours donné la priorité aux besoins des enfants, je n'ai pas eu à mettre de côté ma carrière pour les élever, pas plus que je n'ai eu à sacrifier leur bien-être pour que mon affaire marche. Souvent, il a fallu faire preuve de créativité afin de trouver des solutions à toutes les exigences qui se présentaient, mais cela faisait partie du plaisir de relever le défi et de trouver les réponses justes.
Par exemple, une des façons que j'avais trouvée de pas laisser les enfants seuls à la maison après l'école a été de les faire participer à mon travail. Cela nous a donné l'occasion de passer plus de temps ensemble, cela leur a permis d'acquérir le sens des responsabilités et leur a enseigné des leçons qui leur sont encore profitables dans leur vie d'adulte.
J'ai dû aussi me montrer créative pour ménager des moments où je pourrais être seule avec chaque enfant. A maintes reprises, lorsque l'un d'eux avait besoin de parler, j'ai arrêté à l'instant même ce que j'étais en train de faire et l'ai écouté — souvent tard dans la nuit. Dans ces cas, bien vouloir accepter de mettre de côté à fois mon activité professionnelle professionnelle et les tâches domestiques, c'est ce qui m'a permis de donner à chaque enfant toute mon attention au moment où il en avait besoin.
La chose merveilleuse, lorsque l'on se fixe pour but la paix et rien d'autre, c'est que la vie prendra la forme qui est parfaitement adaptée à votre cas, plutôt que celle d'un modèle qui existe déjà pour quelqu'un d'autre. Pour moi, en tant que belle-mère, il était important de pouvoir conserver mon affaire. J'ai découvert que cela bénissait ma famille, et vice versa. Je n'ai pas eu à donner la priorité dans ma vie à l'une au détriment de la seconde. Une autre personne pourra trouver l'épanouissement en consacrant tout son temps au rôle parental. Ces deux approches, et bien d'autres encore, sont tout aussi valables pour trouver l'équilibre dans une vie active.
La paix est un instrument de navigation extraordinaire. Elle découle du fait d'aligner sa pensée sur la seule intelligence suprême, Dieu. Avec elle, nous trouvons le calme, même lorsque nous embarquons sur des eaux agitées.
