Il y a quelques années, à Barcelone, nous possédions un commerce d'automobiles. Nous vendions des voitures neuves et aussi des véhicules que nous avions repris à nos clients en échange d'une réduction sur l'achat d'une voiture neuve. La valeur de ces occasions était déterminée par l'argus et le coût des réparations nécessaires. Ce processus prenait du temps avant que la voiture puisse être revendue et le nom du propriétaire changé.
Des amis sont venus nous acheter une voiture neuve et nous leur avons consenti une remise pour la reprise de leur ancien véhicule. Un peu plus tard, une de nos connaissances s'est déclarée intéressée pour l'acheter. Puisque cette personne était un ami, nous avons accepté de lui donner les papiers avant d'avoir fini les déclarations de changement de propriétaire, étant entendu qu'il reviendrait finaliser l'affaire dès réception de sa carte de séjour en Espagne, ce qui, d'après lui, ne prendrait pas plus de quelques semaines.
Dans l'intervalle, les amis qui avaient laissé leur ancienne voiture ont reçu un avis de contravention et nous ont appelés, très ennuyés que la voiture roule encore sous leur nom. Nous leur avons assuré que nous allions résoudre le problème immédiatement. Cependant, tout ceci a pris plusieurs semaines et quand nous leur avons confirmé que toutes les démarches étaient terminées, nous avons appris qu'ils avaient pris un avocat et avaient porté l'affaire en justice. De ce fait, mon mari allait recevoir une convocation pour aller témoigner.
Nous ne comprenions pas une telle attitude car nous avions payé l'amende, et le seul retard était d'ordre administratif. En outre, nous avions été amis de la famille de ce couple, dont parents et frères nous avaient acheté plusieurs voitures, et nul n'ignorait que tout avait toujours été fait correctement.
Confrontés à cette situation, nous nous sommes mis à prier avec ferveur. Un paragraphe écrit par Mary Baker Eddy m'a beaucoup encouragée: « Bienaimés scientistes chrétiens, gardez votre pensée si pleine de Vérité et d'Amour, que le péché, la maladie et la mort ne puissent y entrer. Il est évident que rien ne peut être ajouté à un entendement déjà rempli. Il n'y a aucune porte par laquelle le mal puisse entrer et pas de place pour le mal dans un entendement rempli du bien. Les bonnes pensées sont une armure impénétrable; revêtus de cette armure, vous êtes totalement protégés des attaques de l'erreur sous toutes ses formes. Et non seulement êtes-vous vous-mêmes en sécurité, mais tous ceux vers qui vos pensées se tournent en bénéficient. » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 210)
Cette précieuse déclaration inclut toutes les qualités spirituelles que l'homme reflète de Dieu, comme l'intégrité, et l'honnêteté dans ses relations avec son prochain. La conscience d'avoir agi honorablement nous a permis d'avoir confiance que la présence divine nous aiderait à résoudre la situation. Mon mari s'est donc rendu au tribunal, a expliqué ce qui s'était passé, et le procureur a clos l'affaire.
Après quelques mois, nous avons reçu une autre assignation; mon mari était accusé cette fois-ci d'abus de confiance. La plaignante alléguait qu'elle n'avait pas reçu de paiement pour son ancienne voiture. Mon mari est retourné au tribunal pour expliquer que la somme correspondante avait été déduite du prix de la voiture neuve. Et, de nouveau, le procureur a clos l'affaire.
Deux ans plus tard, alors que nous avions presque oublié cette histoire, une nouvelle convocation est arrivée, mais cette fois du tribunal pénal. Mon mari était maintenant accusé d' « appropriation illégale d'un bien d'autrui », ce qui était beaucoup plus grave.
L'une de mes filles a appelé le mari de la dame qui portait l'accusation; à ce moment-là, il était un juge haut placé. Au nom de l'amitié qui nous avait liés, elle lui a demandé de retirer l'accusation puisqu'il savait qu'elle était fausse. Il lui a répondu: « Ton père a besoin d'une bonne leçon. »
De nouveau, nous avons cherché refuge dans la prière, et l'article « Aimez vos ennemis » dans Écrits divers (p. 8) nous a aidés à surmonter le ressentiment que nous avions et qui était surtout dû au fait que nous ne pouvions trouver aucune justification à un tel comportement. L'article dit entre autres: « Nous n'avons pas d'ennemis. Tout ce que l'envie, la haine, la vengeance — les mobiles les plus impitoyables qui gouvernent l'entendement mortel — s'efforcent de faire, concourra " au bien de ceux qui aiment Dieu " » Et plus loin, il déclare: « L'Amour ne dispense pas la justice humaine, mais la miséricorde divine. » Cela nous a amenés à prier quotidiennement, à voir la vraie identité de nos amis et à les entourer d'amour et de pardon.
Pour couronner le tout, cinq années s'étaient écoulées depuis la vente, et nous n'avions plus notre commerce. A cause d'une inondation, nous ne possédions plus les documents qui pouvaient attester que toutes les étapes de la vente avaient été accomplies avec la plus parfaite honnêteté.
Nous avons eu aussi des moments de découragement en raison des difficultés pour nous procurer auprès des banques les copies des documents relatifs à la vente. Par ailleurs, le concessionnaire qui nous avait livré la voiture neuve avait fermé depuis plus d'un an et nous avons dû beaucoup chercher pour retrouver le propriétaire et lui faire accepter de témoigner en notre faveur. Ce n'était pas facile de convaincre des gens de témoigner contre la femme d'un juge.
Quand les choses paraissent si compliquées, j'aime à penser au premier chapitre de la Genèse où il est dit: « La terre était informe et vide; il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme [...] Dieu dit: Que la lumière soit ! Et la lumière fut. »
Finalement, le jour de l'audience, nous avions tous les documents pour prouver la vérité: l'enregistrement sur microfilm du chèque qui nous avait été remis pour payer, la preuve du paiement des taxes et de la carte grise, et l'assurance de la voiture. Nous n'avions plus besoin que de la présence des témoins à l'audience.
Mon mari n'avait pas voulu engager un avocat parce qu'il pensait que son innocence et l'honnêteté qu'il avait montrée étaient sa meilleure défense, et que Dieu était son avocat. Toutefois, nous avons dû accepter l'avocat commis d'office, qui s'est avéré être une jeune femme très intimidée par la situation. C'était encore un défi à surmonter et nous avons dû faire totalement confiance à ces mots de Science et Santé: « Que la Vérité dévoile et détruise l'erreur comme Dieu le fait, et que la justice humaine se modèle sur la divine. » (p. 542)
Nous avons totalement surmonté la crainte que le président de la séance ne soit amené à prendre parti pour la plaignante à cause de sa position sociale, inféodant ainsi l'honnêteté à des considérations personnelles. Mais le juge n'a pas hésité un seul instant à se prononcer pour la justice, innocentant complètement mon mari.
L'honnêteté des témoins a également été démontrée, car ils sont tous arrivés un par un à la dernière minute.
Nous nous sommes réjouis d'avoir vu se réaliser dans notre expérience ces paroles d'Ésaïe: « ...l'Éternel est notre juge, l'Éternel est notre législateur, l'Éternel est notre roi: c'est lui qui nous sauve. » (Ésaïe 33:22)
