Il y a bien des années, mon mari et moi étions sur les marchés de Paris en tant que commerçants itinérants. Nous vendions du petit matériel ménager dont nous faisions la démonstration pour les clients. Pour nous, à cette époque, les conditions étaient très difficiles et la situation financière n'était pas brillante. Pour ne pas nous faire mutuellement du tort avec les autres marchands ambulants, nous changions souvent d'articles, mais il nous manquait un article exclusif à proposer à la clientèle.
Je priais et demandais à Dieu de m'éclairer. Je pensais que nous avions certainement quelque chose d'unique à offrir à notre prochain et que le Père nous guiderait pour le trouver. Je savais qu'en confiant nos désirs à Dieu, nous pouvions avoir confiance.
Et puis, un jour, nous avons découvert une nouveauté. Il s'agissait de plateaux tournants pour le rangement des placards de cuisine. Ce produit, inconnu alors en France, venait de l'étranger, et la société qui l'importait nous en a donné l'exclusivité pour la vendre.
Au bout d'un moment, cette société ne pouvant plus nous fournir, nous a demandé de produire nos propres moules pour la fabrication. Nous avons donc commandé des moules à un mouleur, puis nous avons mis les plateaux en fabrication dans une usine.
Ce processus nous a permis d'apporter des améliorations aux modèles pour qu'ils soient plus performants et sans défauts.
Ensuite, l'article nous a conduit à faire des Foires-Expositions. Nous avons, mon mari et moi, sillonné la France, quelquefois ensemble ou bien chacun de son côté. C'est un métier extrêmement physique et je commençais à ressentir de la fatigue. Il fallait parler fort de 9 heures du matin jusqu'à 19 heures le soir, sans interruption, dans une ambiance bruyante et très souvent surchauffée.
Ce qui n'arrangeait pas les choses, c'est que par deux fois notre article avait été copié. La deuxième fois, le concurrent s'était fait passer pour quelqu'un de notre famille, ce qui nous avait causé beaucoup de tort, d'autant plus que ses clients venaient à notre stand rapporter leur achat, car la marchandise vendue était de mauvaise qualité et ne fonctionnait pas bien. Nous devions alors nous lancer dans toutes sortes d'explications.
C'est à cette époque que j'ai commencé à avoir des douleurs dans le bras gauche, la poitrine, le dos, et à ressentir une grande fatigue.
Je n'avais guère de temps pour lire ou étudier, mais j'ai beaucoup prié en demandant à Dieu de me montrer le chemin et en rappelant que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ». (Romains 8:28) Je priais pour ma santé, mais aussi pour éliminer la contrariété et l'inquiétude causées par la situation commerciale. Je demandais à Dieu ce que nous pouvions faire pour traiter cette affaire, et j'avais la conviction que Dieu, qui nous avait donné cette activité, nous protégeait. Dans la réalité divine, Dieu donne à chacun de Ses enfants ce qui lui est nécessaire, et personne ne pouvait donc prendre un bien qui appartenait à quelqu'un d'autre. Finalement, l'activité de ce concurrent a cessé.
Mais une troisième personne, un commerçant que nous connaissions depuis très longtemps et qui était un ami, a copié à nouveau notre modèle breveté. Cette fois-ci, ce monsieur avait sa propre usine de plastique et fabriquait tous ses articles. Et en plus il était un excellent vendeur, qui offrait de bons produits.
Ce dernier coup dur m'a ébranlée. Je ne dormais plus et j'avais très mal dans la poitrine, j'avais du mal à monter les escaliers, j'avais des palpitations et je me sentais anéantie. J'ai dû demander de l'aide par la prière à une praticienne de la Christian Science. Comme j'étais souvent en déplacement, nous communiquions par appels téléphoniques et par courrier. Je me sentais soutenue, consciente de l'amour de Dieu pour Ses enfants.
Je me souviens d'un trajet Strasbourg-Marseille, sans autoroute à l'époque, qui durait toute la journée, où, seule dans ma camionnette, j'écoutais un enregistrement de l'article « La nouvelle naissance », de Mary Baker Eddy (voir Écrits divers, p. 15-20). Cela m'apportait un grand réconfort: je me sentais en accord avec Dieu et en sécurité. Pendant ces trajets, je chantais également des cantiques, y compris un que j'aime beaucoup, le nº 148, qui commence ainsi:
En l'Amour je demeure,
Je ne crains nul danger
Confiant à toute heure,
Là, rien ne peut changer,
Lorsque l'orage gronde
Ou que mon cœur est las,
Sa tendresse profonde
M'entoure à chaque pas.
C'est vraiment avec l'aide de Dieu que je conduisais. Je n'aurais jamais pu effectuer le travail que je faisais à cette époque sans l'étude de la Christian Science.
Un jour finalement, à Marseile justement, au moment de l'ouverture de la foire, qui était pour nous une foire importante, le jeune homme qui devait m'aider s'est tordu la cheville en descendant de camion.
Je me suis retrouvée presque seule pour assurer la foire et j'avais l'impression que les déboires s'accumulaient vraiment. C'est grâce à une prière incessante que j'ai pu faire face à la tâche. A un moment donné, la pensée m'est venue que je devais prier bien sûr pour moimême, mais aussi pour cet homme qui nous avait copiés. Cette inspiration soudaine, là, au beau milieu de la foire, m'a amenée sur le chemin du pardon vis-à-vis de cette personne. Je ne pouvais pas reconnaître les qualités de force et d'amour que Dieu confère à Ses enfants uniquement pour moi. Il n'existe qu'une création, la création spirituelle parfaite du Créateur. Cette création est pure, intègre, propre, harmonieuse, honnête. « Dieu vit tout ce qu'il avait fait; et voici, cela était très bon », dit la Genèse. (1:31) Cet homme faisait partie de la création de Dieu et ne pouvait que refléter Dieu.
Ces idées ont été comme une éclaircie dans ma journée, et je n'ai plus pensé à moi. La foire s'est terminée sans problème, et c'est une fois rentrée à la maison que je me suis aperçue que j'allais vraiment mieux, les symptômes avaient presque disparu. Pendant un certain temps encore, je suis restée en rapport avec la praticienne qui m'aidait avec dévouement. Mais très rapidement, tout est rentré dans l'ordre, ma santé, aussi bien que la situation relative à la contrefaçon. En effet, ayant appris que ce commerçant avait maintenant des problèmes de gestion et se trouvait dans le besoin, nous avons pu racheter ses moules de fabrication par l'intermédiaire de son gérant de société. Le tort était réparé. Mais l'histoire ne s'arrête pas là.
Un jour, nous avons reçu un appel téléphonique de ce monsieur, nous demandant s'il pouvait venir nous voir. Ils sont venus, sa femme et lui, ils se sont excusés et ont pleuré amèrement. Nous avons appris à ce moment-là que depuis quelque temps ils se trouvaient en grande difficulté financière. Personne autour d'eux, ni leur famille, ni les amis, ne voulait leur prêter les sommes d'argent qui leur étaient nécessaires. Nous nous sommes regardés, mon mari et moi, et nous étions remplis de compassion sincère pour eux. Nous leur avons donc prêté la somme qui leur manquait, ce qui leur a permis de recommencer à travailler. Cette somme nous a été rendue très rapidement. Quant à notre affaire, elle a continué de prospérer au fil des ans. Elle existe toujours, ayant été reprise depuis par nos enfants, et tout récemment par notre petit-fils.
En ce qui concerne mon état physique, j'ai été parfaitement rétablie. Je peux ajouter qu'après tous ces événements, j'ai conservé une grande vitalité, j'ai fait du ski de fond, de la gymnastique, de la natation et de l'entraînement de danse, et je sais au fond de mon cœur que je dois tout cela à Dieu et à l'étude de la Christian Science.
