Comme beaucoup de jeunes enfants, ma fillette de trois ans, Jacqueline, attire la même réflexion des gens qui la voient pour la première fois: « Oh, qu'elle est mignonne ! » Et je dois admettre que j'adore qu'elle soit mignonne, avec son visage en cœur, ses yeux bleus et son joli sourire. Je n'avais jamais prêté attention à ce sentiment, et je n'avais pas non plus pensé qu'il ait quelque chose à y redire. Jusqu'à l'incident des petits gâteaux.
Jacqueline était montée sur son petit tabouret pour m'aider à faire des « brownies » quand, soudain, elle a perdu l'équilibre. Elle est tombée sur le sol en pleurant, après s'être heurté la bouche sur le tabouret pendant sa chute.
Très vite, le sang s'est arrêté de couler, elle a cessé de pleurer et elle a voulu continuer à m'aider. Après un jour ou deux, la lèvre était bien guérie et je n'ai plus pensé à l'incident. Mais quelques jours plus tard, après avoir bordé Jacqueline dans son lit, mon mari fit cette remarque: « L'une de ses dents de devant a l'air très foncée, comme si elle était morte. »
Il avait raison et je me suis sentie terriblement déçue. L'état de la bouche de l'enfant ne m'inquiétait pas. Je savais d'expérience que la tendre sollicitude de Dieu continuerait à garder ma fille en sécurité et qu'elle pourrait s'alimenter convenablement et sans douleur. De plus, il s'agissait d'une dent de lait qui tomberait dans deux ou trois ans, de toute façon. Mais ce qui me dérangeait, c'était de voir ma fille affligée d'un tel défaut.
Quand je voyais son sourire entaché d'une dent brune, qui devenait un peu plus foncée chaque jour, c'était comme si j'avais perdu quelque chose. Les gens, qui jusque-là avaient dit qu'elle était mignonne, demandaient maintenant ce qui était arrivé à sa dent, ou exprimaient leur regret pour son apparence. Cela me tourmentait vraiment.
Pour la première fois, je me suis rendu compte à quel point j'avais identifié Jacqueline à son apparence. Je l'avais inconsciemment placée dans la catégorie « mignonne petite fille » et je m'étais comportée avec elle en conséquence. Maintenant qu'elle était exclue de cette catégorie, je luttais contre ce qui me paraissait être une usurpation d'identité. Comme je passais la plupart de la journée avec elle, je souhaitais pouvoir me trouver face à elle sans être peinée à chaque fois qu'elle souriait.
En outre, j'ai toujours voulu être un défenseur pour mes enfants, ce qui pour moi inclut de prendre position pour leur identité spirituelle, de les voir jour après jour comme Dieu les voit. Mary Baker Eddy a donné des conseils sur la façon d'être un tel défenseur pour ses enfants quand elle a écrit: « Moins vous inquiéter “pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez”; moins vous inquiéter “pour votre corps de quoi vous serez vêtus”, cela fera, pour la santé de la nouvelle génération, beaucoup plus que vous ne le pensez. » (Science et Santé, p. 62) Je savais que si je m'attachais moins à la matière et plus à Dieu, et à la relation entre Jacqueline et Lui, cela serait la meilleure façon, pour mon mari et moi, d'aider notre fille. Je savais aussi que cela aiderait à favoriser sa croissance et son développement spirituels en l'encourageant à se voir comme Dieu l'a créée, spirituelle et non matérielle.
Donc, un jour, j'ai commencé à penser à toutes les qualités non visibles exprimées par Jacqueline: toutes les bonnes choses à l'intérieur. J'ai pris du temps pour apprécier son sens de l'humour, son plaisir à lire de nouveaux mots, son agilité et sa grâce, et son aptitude à se montrer attentive et douce avec son petit frère et sa petite sœur. Toutes ces qualités lui appartenaient, je le savais, parce qu'elle était une enfant de Dieu. Aucune chute d'un tabouret ne pourrait jamais les lui ôter !
J'ai médité sur ces qualités quotidiennement pendant une semaine et j'ai reconnu que c'était une sorte de prière: je chérissais les aspects réels et éternels de l'identité de ma fille. Cette sorte de prière est une affirmation mentale que chacun d'entre nous a été créé à l'image de Dieu. Et, puisque Dieu est Esprit, cela signifie que nous sommes tous des êtres spirituels. La matière n'est pas, ne peut pas être, la base de notre identité. Ce n'est pas une fonction de notre apparence. L'identité de chacun est une incarnation individuelle de toutes les qualités de Dieu.
C'était rassurant. Mais ma prière m'a aussi appris que je ne devais pas m'arrêter là: je ne devais pas me sentir bien en pensant à Jacqueline et mal quand je la regardais; sa beauté était présente, et ni une chose, ni un accident ne pouvait m'empêcher de la voir. La beauté, en tant que qualité spirituelle, reste toujours aussi intacte et présente que le sens de l'humour. Il faut peut-être juste un peu plus d'efforts pour s'en apercevoir.
J'ai trouvé ce conseil de Mary Baker Eddy inappréciable: « Fixez fermement votre pensée sur ce qui est permanent, bon et vrai, et vous le ferez entrer dans votre existence dans la mesure où cela occupera vos pensées. » (Science et Santé, p. 261) J'ai saisi ce principe et j'en ai fait ma stratégie dans mes relations quotidiennes avec Jacqueline. Je me suis efforcée de fixer ma pensée plus « fermement » sur ce que je savais être juste concernant ma fille, sans me préoccuper de son apparence. En tant qu'enfant de Dieu, elle n'était pas déchue, entachée, mais parfaite; je me remémorais cela tous les jours, parfois toutes les heures. J'ai eu besoin d'un peu de pratique, mais je ne m'en suis pas trop mal sortie. L'aspect de sa dent m'affectait de moins en moins, de même que la réaction des gens à son égard. Peu après, cela n'a plus eu aucune importance.
Quelques semaines plus tard, en enregistrant des photos numériques sur mon ordinateur, j'ai remarqué quelque chose. Une semaine s'était écoulée entre deux photos et il était évident que la dent de Jacqueline avait l'air plus claire sur la photo la plus récente. Sa dent s'est améliorée régulièrement à partir de ce moment-là et maintenant, elle a repris la même couleur que les autres. Bien que je n'aie pas prié pour la dent elle-même, ma pensée concernant Jacqueline avait changé et cela avait changé la situation.
Tout ce qui reste de cette expérience est ma compréhension plus approfondie de l'identité spirituelle de ma fille. Et de celle de tous.
