Enfant, lorsque mes parents me disaient d'être reconnaissante, je n'en voyais vraiment pas l'intérêt. La gratitude était certes une attitude plus plaisante que les ronchonnements, mais trop souvent je me sentais comme Polyanna [petite héroïne de roman toujours optimiste et quelque peu naïve, ndr], surtout lorsque les choses n'allaient pas très bien. J'étais bien loin de réaliser le pouvoir que représente la gratitude.
La gratitude, c'est reconnaître ce que l'on possède déjà, si minime que cela semble quelquefois. La gratitude permet de changer une vie stérile en richesse en nous faisant apprécier le bien et les occasions déjà présents. En d'autres termes, la gratitude est la célébration du bien dans notre existence, du bien en nous-mêmes et chez les autres. Les parents enseignent aux enfants à être reconnaissants, mais il est important que le mot « merci » ne devienne pas la répétition bien apprise d'un mot vide de sens. Comme le dit le proverbe, la gratitude est « la mémoire du cœur »
On trouve dans la Bible un grand nombre de preuves magnifiques du fait que la gratitude guérit et contribue au bien-être général de celui qui la manifeste. Le livre des Psaumes célèbre par des cantiques la gratitude envers Dieu pour Ses nombreux bienfaits. Pour la femme qui, humblement, a mouillé les pieds de Jésus de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux, la gratitude a transformé une vie qui avait été un échec (voir Luc 7:36–50). Mais il n'existe pas d'exemple plus touchant et révélateur que celui de Jésus debout devant la tombe dans laquelle Lazare gisait mort depuis plus de quatre jours. Après avoir enlevé la pierre, le Maître a levé les yeux vers le ciel et dit: « Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé. » puis il a ordonné: « Lazare, sors ! » (Jean 11:41–43)... et c'est ce que Lazare a fait !
Si Jésus avait pensé, comme tout le monde, que Lazare était mort, il se serait tenu devant sa tombe, découragé, et trouvant bien peu de raisons d'être reconnaissant. Mais sa gratitude au contraire indiquait que le Dieu qui est la Vie était incapable de créer une vie assujettie à la matière. Comme le démontre la résurrection de Lazare, la gratitude qui, pardelà les conditions matérielles, négatives ou sans espoir, perçoit la réalité, autrement dit une vie d'harmonie et de bienêtre, est un élément fondamental dans le processus de guérison.
Ainsi, la gratitude n'est pas seulement un remède permettant à un cœur triste de se sentir mieux, mais c'est un pouvoir qui conduit à des progrès tangibles dans tous les domaines. La gratitude, c'est simplement affirmer le bien et, comme Dieu est un autre nom pour le bien, elle permet à Dieu, au bien, de dominer à la fois la pensée et la vie de chacun. Ainsi, c'est de la source infinie de tout bien que la gratitude tire son pouvoir de générer des progrès. Outre cela, la gratitude est la pelle et la pioche que l'on emploie pour mettre à jour ses propres trésors. Plutôt que d'enterrer les promesses de sa vie dans les profondeurs de l'apitoiement sur soi-même, des plaintes, de la crainte, qui obscurcissent la bonté de Dieu, il est possible d'illuminer et de mettre en action le bien qui vient de Dieu, et qui est déjà présent, en faisant briller sur ce bien la lumière de la gratitude. Une perception négative de la vie ne peut tout simplement pas coexister avec un cœur reconnaissant. Mary Baker Eddy a dit un jour: « Dans l'affliction la plus profonde, arrêtez-vous et contemplez ce pourquoi vous avez lieu d'être reconnaissant. » Collection Mary Baker Eddy, citation tirée de Moments of gratitude (Boston: Les Écrits de Mary Baker Eddy, 2003), p. 52. Cette attitude permet de dissiper tout ce qui cache la lumière guidant nos pas vers la santé et le progrès.
Une expérience m'a enseigné le pouvoir et la grâce qui résident dans la gratitude, même en face de multiples défis. J'ai toujours été une personne gaie, mais j'ai traversé une période durant laquelle les problèmes, survenant les uns après les autres, semblaient s'amonceler au-dessus de ma tête. Pour diverses raisons, je n'arrivais pas à me reprendre suffisamment pour surmonter ces problèmes. Ma vie quotidienne et mon avenir semblaient plutôt sombres. Et parce que je me croyais incapable de maîtriser les évènements, je me sentais sentais seule et indigne d'être aimée. Pour couronner le tout, je n'allais pas bien. Mon cœur battait de façon irrégulière, j'étais affligée de nausées et de vertiges et la douleur devenait de plus en plus vive, au fur et à mesure que le temps passait. Une nuit, alors que j'étais allongée sur mon lit, bien éveillée, je me suis surprise à penser que cela ne me dérangerait pas de ne pas me réveiller le lendemain matin. Aucune des solutions possibles pour résoudre mes problèmes ne me convenait vraiment et je n'étais pas sûre de toute façon de vouloir faire des efforts supplémentaires.
Ces pensées nocturnes ne reflétaient pas l'idée que je me faisais de moi-même en général ni mes idées habituelles sur la vie et, le matin suivant, je me suis retrouvée à une croisée des chemins. J'ai pris conscience du fait que j'avais laissé ces difficultés faire partie de mon existence depuis trop longtemps. Les mots de Mary Baker Eddy, « l'ingratitude de vies stériles », ne cessaient de revenir à ma pensée. C'est la fin d'une phrase qui dit ceci: « Tant que le cœur est loin de la Vérité et de l'Amour divins, nous ne pouvons dissimuler l'ingratitude de vies stériles. » (science et santé, p.3.) Je ne savais que trop bien qu'un cœur dépourvu de reconnaissance n'a pas pris en compte tout le bien que Dieu dispense. Pour ce cœur, la vie paraît triste et inutile. A l'inverse, le fait d'être vraiment reconnaissant prépare ce cœur à admettre l'infinité du bien et à se tenir prêt à agir.
Alors j'ai commencé à passer en revue tous les sujets que j'avais d'être reconnaissante et ce, dans tous les domaines de ma vie – mariage, famille, carrière, église, amis, productivité, etc. Tout d'abord, je n'ai pu penser qu'à des choses évidentes, comme le fait d'avoir de quoi manger dans mon assiette et un toit au-dessus de ma tête. Puis, comme la gratitude occupait une place de plus en plus importante dans ma pensée, j'ai pu apprécier l'amour qui m'avait été manifesté de façon inattendue par diverses personnes, ou encore un moment d'inspiration concernant quelque chose que j'essayais de voir plus clairement. Et bien sûr, plus je me concentrais sur le bien manifesté dans ma vie, moins celle-ci me paraissait triste. Cela a demandé de la persévérance, pas tant en raison du temps que cela prenait pour voir des résultats, mais plutôt par rapport à la concentration de pensée nécessaire pour résister aux nombreuses tentations de replonger dans ces problèmes. Ce n'est pas toujours facile d'être reconnaissant lorsque l'on est confronté à des défis tenaces. Mais, comme l'a enseigné Jésus, il est possible de se détourner des problèmes et de trouver la gratitude, gratitude envers Dieu pour le bien qu'il nous dispense, même si nos yeux ne le voient pas à l'instant présent. Dans mon cas, la gratitude m'a permis de redécouvrir de la joie dans mon travail et a conduit à la disparition de tous les symptômes physiques que je ressentais jusque-là. J'étais guérie !
Plus je me concentrais sur le bien manifesté dans ma vie, moins celle-ci me paraissait triste.
Et en prime, mon mari a décidé que la gratitude pourrait l'aider lui aussi à faire face aux difficultés qu'il rencontrait dans sa carrière et à des problèmes de caractère. Il s'est donc mis à faire le point sur tout ce qui était bon et précieux dans sa vie. Cela l'a conduit à entreprendre des activités plus élevées et plus satisfaisantes et à exprimer plus de joie.
Dans son livre, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy pose cette question: « Sommes-nous réellement reconnaissants pour le bien déjà reçu ? » En réponse, elle nous promet que nous mettrons alors « à profit les bienfaits qui nous ont été dispensés, et serons ainsi qualifiés pour en recevoir davantage ». Mais elle ne s'arrête pas là. Elle nous montre exactement ce qui est requis pour être « réellement reconnaissants pour le bien déjà reçu » lorsqu'elle dit: « La gratitude est beaucoup plus qu'une expression verbale de remerciements. Les actes expriment plus de gratitude que les paroles. » (ibid., p. 3) Ces actes de gratitude élèvent la pensée au-dessus du brouillard qui tente d'obscurcir le bien infini et ils permettent de se réjouir de la grâce de Dieu qui opère à tout moment – ici et maintenant. Il ne s'agit pas d'un évènement ponctuel, mais d'une possibilité constante, une possibilité qui mène à la guérison et qui célèbre la vie.