Si vous parlez à des scientistes chrétiens d'Indonésie du Héraut de la Christian Science, tôt ou tard, ceux-ci vont mentionner le nom d'Adele Blok. Sans doute plus que toute autre personne, elle a fait connaître l'étude de la Christian Science aux Indonésiens.
En Indonésie, à l'instar d'autres pays, les services religieux et les réunions en rapport avec la Christian Science étaient organisés par des gens venus pour affaires, par des touristes ou par des colons. L'Indonésie était une colonie des Pays-Bas, et les Néerlandais exercèrent donc une influence considérable sur le pays.
Adele Blok s'était intéressée à la spiritualité pendant de nombreuses années avant de connaître la Christian Science. Ses parents étaient néerlandais, mais sa famille avait des origines diverses, et cela l'incita à méditer sur sa place dans le monde. Dans un article autobiographique, elle écrit: « Du plus loin qu'il m'en souvienne, j'ai toujours entendu les prières qui venaient du minaret des mosquées du quartier. Le respect de Dieu faisait partie intégrante de mon héritage indonésien, mais mon héritage occidental exigeait que je comprenne ma raison d'être dans l'univers de Dieu. » Adele Blok, « Search and Discovery in Indonesia », tiré de Marcy Babbitt, Living Christian Science: Fourteen lives (Englewood Cliffs, New Jersey: Prentice-Hall, 1975), p.4. Elle lut les œuvres de nombreux maîtres spirituels de toutes confessions. Ses parents étaient protestants, mais n'étaient pas très pieux.
Devenue adulte, elle commença une carrière dans la danse moderne. Elle aspirait à créer une école de danse pour les jeunes Indonésiens. Avec cette idée en tête, sa sœur et elle se rendirent en Autriche pour suivre une formation musicale et des cours de danse. Cela se passait en 1938, lorsque les troupes d'Hitler envahirent l'Autriche, et elle vit de ses yeux les effets de la répression et de la violence. Cette situation conduisit les deux jeunes femmes à aller poursuivre ses études à Paris. Là, elle rencontra des gens d'origine, de race et de culture très diverses. Elle écrivit plus tard: « J'en suis venue à la conclusion que nous nous ressemblions tous dans nos idéaux. Les traits de notre visage, nos vêtements étaient différents, nous parlions des langues différentes, mais nous étions tous poussés dans notre recherche intérieure vers l'égalité entre les peuples et une norme pour le bien universel. »ibid., p. 6.
Tandis que la guerre s'étendait, elle rentra en Indonésie avec sa sœur et ouvrit une école de danse contemporaine. Lorsque les Pays-Bas furent battus par l'Allemagne en 1940, l'Indonésie n'en ressentit que peu d'effet en raison de son éloignement. Cependant, deux ans plus tard, quand le Japon l'envahit, l'Indonésie devint un pays occupé.
A ce moment-là, Adele Blok, et d'autres jeunes de son âge, durent faire face à une question vitale: d'un côté, leur héritage néerlandais impliquait qu'ils devaient soutenir leur patrie, mais d'un autre côté, l'Indonésie ne devait-elle pas devenir indépendante ? Il semblait étrange que cela puisse se produire alors que l'Indonésie était sous contrôle japonais, mais Adele Blok et d'autres étaient inébranlables. Voici ce qu'elle écrit: « Avec la fougue de la jeunesse, ma sœur et moi exprimions nos opinions politiques. Les rumeurs se répandaient. Nous fûmes arrêtées plusieurs fois et jetées en prison pour y être interrogées. »
Isolée pendant ses trois premiers jours d'emprisonnement, sans nourriture, elle se mit à penser profondément à Dieu. « Ce qui m'aida le plus, ce fut un proverbe asiatique: "Vois dans ce que les hommes te font un acte de Dieu envers toi, et dans tout ce que tu fais aux hommes ton propre acte envers Dieu."
« Je me demandai: "Pourquoi Dieu m'a-t-Il fait cela?" Je savais que Dieu était bon, alors il devait y avoir quelque chose en moi qui méritait d'être traité ainsi. En procédant à un examen intérieur, je trouvai de nombreuses raisons. J'étais un être profondément insatisfait, mais j'avais surtout commis la grande faute de manquer de reconnaissance envers la vie... La beauté de l'univers, les cieux, les arbres, l'herbe, je n'avais pas pensé à tout cela quand je passais mon temps à me plaindre. Je n'avais pas été reconnaissante de la nourriture qui avait été à ma disposition et il m'arrivait souvent de la jeter; à présent, je n'avais rien à manger.
« En commençant à purifier mon cœur et mon esprit, je promis à Dieu de ne plus être la même. Puis, un soir, je vis combien il était futile de juger les autres parce que en réalité toute l'humanité était unie dans une recherche de la liberté et du bonheur. Je décidai que, lorsque je sortirais de prison, je consacrerais mon énergie à libérer le genre humain de l'oppression. Comment m'y prendre, je ne savais pas, mais ce désir de me dévouer me rapproacha de Dieu. »ibid., p. 8.
Sa sœur et elle furent relâchées après avoir été abondamment interrogées par les Japonais, et elles continuèrent d'être surveillées. De nombreux Néerlandais avaient déjà été enfermés dans des camps d'internement, et Adele Blok et sa sœur furent interrogées à plusieurs reprises.
Elle continua de prier et d'écouter Dieu pour se laisser guider. Elle fut alors poussée à déménager pour aller habiter Djakarta. Cela signifiait laisser sa sœur et se rendre dans une ville très peuplée qui connaissait déjà la pénurie due à la guerre, ce n'était donc pas un pas facile à faire. Toutefois, elle fit le voyage, accompagnée de deux assistantes de son école.
Elle vécut de nombreuses expériences à Djakarta, mais l'une d'elles s'avéra essentielle. Elle fut arrêtée par la police militaire et se retrouva dans des conditions qui lui donnèrent le sentiment qu'elle allait devenir folle. « Entassée avec sept autres femmes dans une toute petite cellule, écrit-elle, où la vermine avait tout envahi, j'ai bien cru que mes nerfs allaient craquer je passai par toutes les étapes du désespoir, du dégoût, de l'apitoiement sur moi-même avec un argument qui revenait sans cesse: Abandonne. Tu en as vu assez pour savoir que la justice n'existe pas sur terre et qu'il ne sert à rien d'essayer de bien vivre. Pourquoi ne pas abandonner et accepter le mal comme un fait ? Ou bien laisse ton esprit s'évader. Échappe-toi de la réalité, échappe-toi de la conscience...
"Je décidai que, lorsque je sortirais de prison, je consacrerais mon énergie à libérer le genre humain de l'oppression."
Adele Blok
« Soudain, j'eus une vision de ce que serait mon avenir si je ne résistais pas à la tentation de devenir folle. A ce moment-là, ayant décidé de ne jamais admettre que le mal puisse être plus fort que le bien, je retrouvai mon calme. »ibid., p. 11.
Peu de temps après, elle fut transférée dans une autre prison puis autorisée à retourner à Djakarta. Un jour, le père de l'une de ses élèves lui dit qu'il avait remarqué qu'elle était surveillée par la police, et il lui demanda si elle avait lu le livre de Mary Baker Eddy, Science et Santé. Dans son autobiographie, elle fait ce commentaire: « Alors que je pensais avoir épuisé tous les livres qui existaient sur la métaphysique, celui-ci m'était inconnu. Je lui empruntai le livre. »ibid.
Le parcours spirituel qu'elle entreprit grâce à Science et Santé répondit à de nombreuses questions avec lesquelles elle se débattait depuis toujours. « En poursuivant ma lecture, je vécus des moments inoubliables et sacrés au cours desquels je sus que j'étais l'enfant de Dieu et que je pouvais voir dans les autres leur identité spirituelle d'enfant de Dieu. En toute humilité, j'avais entrouvert la porte de ma pensée pour y laisser entrer la compréhension du Christ. »
Lorsqu'elle comprit qu'en étudiant ce livre, elle pourrait, elle aussi, guérir les gens spirituellement, elle sentit qu'elle avait enfin trouvé un moyen de servir Dieu et d'aider l'humanité. « A ma première lecture, une simple lueur de ces vérités me sembla une telle révélation que je sortis précipitamment de la pièce pour annoncer à mes assistantes: "J'ai trouvé la Vérité." [...]
« Mes assistantes allèrent acheter plusieurs exemplaires de Science et Santé qu'elles trouvèrent sur les éventaires de marchands de livres d'occasion, et nous nous mîmes toutes à étudier chaque jour cet ouvrage magnifique. Nous pensions qu'il s'agissait d'un vieux livre oublié. Mais la moindre chose que nous comprenions nous paraissait vitale, trop importante pour être perdue, et nous pensions que beaucoup de gens pourraient y trouver de l'aide. Nous décidâmes de fonder une église de la Christian Science. Nous ne savions pas que Mary Baker Eddy avait déjà fondé un mouvement international ni qu'en 1925 une église de la Christian Science avait été créée à Djakarta, et avant cela, d'autres à Bandung et à Surabaja. »ibid., p. 13.
Tandis qu'Adele Blok et ses assistantes étudiaient Science et Santé, la guerre se termina et un grand mouvement d'indépendance commença à se développer en Indonésie. En 1945, de nombreux scientistes chrétiens néerlandais avaient été libérés des camps d'internement japonais et avaient quitté le pays. A mesure que la lutte pour l'indépendance s'intensifiait, davantage de Néerlandais s'en allèrent. Pendant cette période, Adele Blok rencontra d'autres scientistes chrétiens à Djakarta pour réorganiser l'Église du Christ, Scientiste, dans cette ville. Les premiers services du dimanche se tinrent dans son école de danse, en mai 1946, et furent plus tard transférés dans un autre lieu.
Adele Blok fait remarquer: « Lorsque tous les Néerlandais furent expulsés du pays, l'église était déjà suffisamment indonésienne pour subsister. Ayant renoncé à ma nationalité néerlandaise pour devenir citoyenne indonésienne, je pouvais rester, et, petit à petit, de plus en plus d'Indonésiens vinrent à nos services. »
Adele Blok poursuivit inlassablement son travail de guérison. Son pays devint indépendant à la fin des années quarante, et dut résoudre les nombreuses questions politiques et sociales liées au statut de nation indépendante. Adele Blok contribua à faire connaître Le Héraut de la Christian Science et d'autres publications religieuses à son peuple. En tant que praticienne et professeur de Christian Science, elle fut aussi un exemple inestimable d'amour désintéressé pour l'humanité montra combien on retire de bienfaits d'un profond dévouement envers Dieu.
