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Article de couverture

Sécurité dans la ville: un gardien de la paix témoigne

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mars 2002


Pendant plus de trente ans, (photo de gauche) a poursuivi une carrière dans la police à Pau, dans le sud-ouest de la France. CRS (membre de la Compagnie Républicaine de Sécurité) pendant neuf ans, il a ensuite travaillé dans un commissariat de la ville. M. Larrieu, qui est marié, père de famille et étudiant de la Christian Science Science Chrétienne, a accepté de répondre aux questions du Héraut concernant sa carrière et les défis qu'il a rencontrés. Nous lui avons d'abord demandé ce qui l'avait poussé à entrer dans la police.

Je crois que sans bien connaître ce métier, j'avais la vocation. C'était un métier pour lequel j'avais beaucoup de respect et je m'en faisais une certaine idée: aider les gens, combattre l'injustice. C'est ce qui m'attirait.

Avez-vous vécu cela dans les faits ?

Oui. La plupart du temps, il s'agissait de prévenir des vols, de protéger les biens des autres, d'assurer leur sécurité. Cela me plaisait beaucoup de travailler sur la voie publique. D'ailleurs, quand on patrouille dans la rue, on s'aperçoit que les gens sont contents de voir de la police, parce que cela les sécurise. Ils étaient souvent très heureux de nous voir et nous le manifestaient.

Comment considérez-vous l'arme que vous portiez ?

C'était un moyen dissuasif. Il y avait des journées où je l'oubliais complètement. Dans toute ma carrière, j'ai eu à sortir mon arme en deux ou trois occasions, mais je n'ai jamais eu à l'utiliser, je n'ai jamais eu à riposter à un adversaire armé.

A quoi l'attribuez-vous ?

Pour moi, c'est plus que de la chance. Je dois vous dire qu'à la suite d'une guérison que j'ai eue par la Christian Science, j'avais entrepris l'étude de cette Science. Alors, avant d'aller prendre mon service chaque matin, je priais en me remémorant certaines idées élevées qui me donnaient un sentiment de sécurité, comme dans cette phrase de Science et Santé: « Pour ceux qui s'appuient sur l'infini, soutien constant, aujourd'hui est riche en bienfaits. » (p. viii) A une époque, on m'avait affecté un cyclomoteur avec lequel je me rendais au commissariat. En chemin, je chantais des cantiques qui m'inspiraient des messages pleins d'amour pour mon prochain, et dans cet état d'esprit, j'ai rencontré relativement peu de situations vraiment difficiles.

Vous avez aussi été CRS. Ceux-ci ne sont pas toujours bien appréciés. Est-ce que c'était difficile d'être CRS ?

Ce n'était pas toujours facile ! Nous avons eu par exemple dans notre ville des manifestations d'agriculteurs assez violentes. Les manifestants brûlaient des pneus et cherchaient à s'attaquer à la préfecture ou au palais de justice. Dans une autre région, ils avaient même tiré sur la police. Notre but était de maintenir l'ordre. Là, je dois le dire, j'ai dû souvent recourir à la prière, car il m'arrivait d'avoir des appréhensions. Nous étions peu nombreux par rapport au nombre des manifestants, même si nous disposions de moyens qu'ils n'avaient pas.

Comment avez-vous prié dans ces cas-là ?

Je m'appuyais sur des passages de la leçon biblique hebdomadaire qui m'aidaient à surmonter la crainte. J'essayais de garder à la pensée que Dieu est un secours qui ne manque jamais dans la détresse (voir Ps. 46:2), que c'est en Dieu que j'avais la vie, le mouvement et l'être (voir Actes 17:28). Et je me récitais souvent le psaume 23 qui dit entre autres: « Il me dirige près des eaux paisibles. » Je pensais aussi que les manifestants, les policiers et la population étaient des enfants de Dieu, tous gouvernés par Dieu qui est le seul Entendement.

Les manifestants, les policiers et la population sont des enfants de Dieu.

Finalement, dans chaque cas où j'ai été impliqué, malgré tout ce qui avait été craint, les choses se sont bien terminées et nous n'avons eu aucun blessé. Je crois aussi que le fait d'être ensemble, de former un seul corps, pour la même cause, la même raison (la protection des hommes et des biens et le maintien de l'ordre), cela m'a aidé à faire face.

Et vous êtes-vous parfois trouvé seul devant une menace ?

Oui, quand j'étais îlotier [policier chargé d'assurer l'ordre dans un quartier], je me suis trouvé un jour sur la place Clémenceau, qui est la place centrale de Pau, où se réunissaient souvent les S.D.F. [sans domicile fixe]. Dans ce milieu, malheureusement, les gens sont habitués à boire et à se droguer. Je les connaissais pratiquement tous. Nous avions alors pour consigne de contrôler l'identité de ces gens. Ce jour-là, j'étais tout seul. Comme je les connaissais, je n'avais pas de mal à relever les identités, mais parmi eux, il y avait un homme qui avait dû boire un peu plus ou fumer un peu trop. Et ce que je faisais ne lui plaisait pas du tout. Alors il a commencé à tourner autour de moi, et je l'entendais marmonner: « Je vais me le faire, je vais me le faire ! » Il s'agitait beaucoup, il tait la main dans la poche, et je me suis dit qu'il avait peut-être quelque chose de tranchant, et donc je me méfiais un petit peu.

Mais je parlais également avec d'autres que je connaissais bien et qui avaient beaucoup de respect pour moi, parce que je les ai toujours respectés. Il faut savoir respecter la personne que l'on a en face de soi. Ce n'est pas parce que la personne a un costume Cardin, avec une chemise et une cravate et des vernis, qu'il faut lui dire « vous » et le respecter. Même un S.D.F., quand je m'adressais à lui, je lui disais: « Monsieur, voulez-vous me présenter une pièce d'identité s'il-vous-plaît ? » Et « merci ».

Vous reconnaissiez leur identité véritable.

Exactement, je pensais qu'ils étaient enfants de Dieu, eux aussi. Et je crois que si je n'ai jamais eu de difficultés, c'est grâce à cela, sauf ce jour-là où la personne commençait à devenir de plus en plus menaçante. Tout en parlant avec les autres, je le regardais et je me disais: « Reste calme, n'aie pas peur, tout est bien. Nous sommes tous enfants de Dieu. » Et tout d'un coup, un autre membre du groupe lui a dit: « Maintenant ça suffit, laisse-le, c'est notre copain. Si tu ne le laisses pas tranquille, c'est à moi que tu vas avoir affaire. » Celui qui avait parlé était quelqu'un d'assez grand et costaud. Et l'autre s'est calmé tout seul. Il s'est éloigné de quelques pas, et il est allé s'asseoir sur un banc. Quand je suis reparti, celui qui avait pris ma défense m'a serré la main et m'a dit: « Bon, à demain Monsieur l'agent ! »

Avez-vous eu aussi certaines missions qui sortaient de l'ordinaire ?

Oui, je pense à une en particulier. Il y a quelques années, on m'a demandé si j'étais d'accord pour effectuer une mission dans un pays étranger afin d'y reconduire un ressortissant qui faisait l'objet d'une extradition de France. Sur le moment, j'ai répondu oui, car il était très tentant de faire ce voyage en avion et d'avoir l'occasion de découvrir une ville d'un autre continent. Cela ne durait que deux jours. Je ne savais rien de plus. Ce n'est que le surlendemain que j'ai appris le déroulement du voyage. A ce moment-là, j'ai commencé à déchanter, car au fur et à mesure que s'établissaient les préparatifs, les difficultés apparaissaient.

La personne que nous devions emmener avait créé de gros problèmes à la police et à la justice de notre pays. Un des responsables administratifs nous prédisait un voyage tourmenté par le comportement de l'extradé, qui ne désirait pas du tout quitter notre pays. De plus, certains collègues, ayant déjà effectué ce genre de mission, nous disaient qu'ils avaient rencontré des difficultés en arrivant au lieu de destination, car le corps consulaire, qui était censé assurer la réception, n'était pas coopératif en général. Je dois avouer que je n'étais plus chaud pour partir, car en plus de cela, le collègue avec qui je devais voyager ayant été désigné d'office, il partait par contrainte.

Pendant deux ou trois heures, j'ai entendu de tout, de quoi vous écœurer de quitter Pau ! Puis j'en ai eu assez. Je me suis isolé pendant quelques instants dans un bureau voisin, et j'ai fait le point. J'ai prié et je me suis dit: « Tout ce que tu viens d'entendre est faux et archi-faux. Ce n'est pas ainsi que tu dois voir la situation. » J'ai pensé à la totalité de Dieu, le bien, qui fait régner l'harmonie. Un peu apaisé par cette prise de conscience de la présence divine, je me suis rendu chez un praticien de la Christian Science et je lui ai fait part de la situation. Il m'a dit que Dieu étant Tout-en-tout, je ne me déplaçais qu'en Dieu. Je ne pouvais me trouver en dehors de Sa présence. Il m'a dit aussi quelque chose qui a été un appui pour moi: « Dieu est déjà là où vous devez aller. Il vous y attend. Il a déjà tout prévu. » Cela a dissipé mes craintes et mes angoisses et m'a donné de nouvelles bases pour ma prière.

Entre le moment violent à la maison d'arrêt et celui où il nous a suivis pour entrer dans l'avion, il avait changé du tout au tout

Le matin du départ, lorsque nous sommes allés à la maison d'arrêt chercher l'homme, il a refusé de nous suivre et nous avons dû nous mettre à six pour le maîtriser et l'emmener de force, avec les menottes, dans la voiture. Après cela, nous n'étions plus que mon collègue et moi. Durant une partie du voyage, cet homme protestait, il nous disait qu'il refuserait de monter dans l'avion à Bordeaux. Puis, petit à petit, il s'est calmé. Il m'a parlé de ce qui le préoccupait le plus. Je l'ai écouté. Nous avons échangé des idées. Mon collègue et moi l'avons traité avec compassion. Quand l'heure est venue d'embarquer, il n'a fait aucune difficulté à nous suivre tout le long du chemin qui menait du local de dètention de l'aéroport à l'avion, bien qu'il n'aie plus les menottes (de par la loi, il devait voyager sans menottes dans l'avion). Nous avancions tous les trois en bavardant, comme de simples voyageurs. Entre le moment violent à la maison d'arrêt et celui où il nous a suivis pour entrer dans l'avion, il avait changé du tout au tout.

Comme le voyage a duré trois heures, dont une escale en transit à Toulouse, nous avons eu le temps de parler tous les deux. Il m'a parlé de son pays, de ses mœurs, de sa religion, de sa famille, de ses enfants. Quelques minutes avant d'arriver à destination, il m'a dit qu'il aurait aimé m'inviter chez lui. Je l'ai remercié de ses intentions. Puis, alors que le commandant de l'avion nous annonçait l'atterrissage, l'extradé a sorti une lame de rasoir de sa poche et il nous a dit: « A présent, je n'en ai plus besoin, mais j'avais l'intention de faire une bêtise. » Puis il m'a remercié et m'a souhaité un très bon séjour dans son pays.

J'ai pris quelques minutes pour rendre grâce à Dieu de ce déroulement harmonieux. Il faut que je précise que plusieurs fois dans la journée j'avais tourné ma pensée vers Dieu et je m'étais attaché à reconnaître Son omniprésence.

A l'aéroport, le corps consulaire n'est pas venu, mais il se trouve que nous avons été reçus par un inspecteur de police du pays qui a été d'une amabilité peu commune. Tous les arrangements ont été faits pour que nous puissions passer la nuit en ville et repartir le lendemain dans les meilleures conditions. Ayant placé ma confiance en Dieu, j'ai pu constater que le Principe divin est le meilleur organisateur de mission !

Pour en revenir à l'actualité, quand on voit l'augmentation de la délinquance dans certains quartiers « chauds » ou dans certaines cités, que peut-on faire, à votre avis, sur le plan de la prière, pour promouvoir l'apaisement ?

Quand on pense à une cité, il faut savoir que la cité est exactement comme un autre quartier de la ville. Que ce soit une zone dite difficile ou un quartier plus cossu, leurs habitants sont en réalité toujours dans le royaume de Dieu. Pour Dieu, il n'y a pas de différence. Tous sont enfants de Dieu. Quand on se rapproche de Dieu, on peut savoir que Sa justice règne partout. Dans Son royaume, il n'existe pas de zone de non-droit.

Pourtant, pour être honnête, quand j'entends certaines nouvelles, ma première réaction n'est pas toujours de voir des enfants de Dieu. Je sais qu'il faut beaucoup prier pour changer sa pensée. On dit que le XXIe siècle sera un siècle de spiritualité. Je le crois, parce qu'on n'a jamais autant parlé de spiritualité. Peut-être que les événements du 11 septembre ont remué la conscience des gens, et quelque part, j'ai confiance, parce que les gens ont besoin de prier. Il y a ce désir de prier pour que règnent la paix et la justice. On le sent. J'ai confiance, car la prière est efficace.

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