Que faut-il faire pour guérir ? Ce sont des questions comme celle-ci, de la part d'un public confronté à des concepts divers concernant la guérison spirituelle, qui ont poussé Mary Baker Eddy à fonder les périodiques de la Christian Science, il y a plus de cent ans. Elle écrivit alors dans un éditorial que ce sont les qualités chrétiennes qui guérissent (Écrits divers, p. 7). Dans l'interview qui suit, une praticienne de la Christian Science nous parle de la façon dont elle pratique aujourd'hui la guérison par la prière.
Ya-t-il quelque chose qui vous paraît particulièrement utile dans la guérison ?
Oui, l'importance d'avoir de nouvelles idées ! Elles sont essentielles parce qu'elles gardent à la pratique de la guérison par la Christian Science toute sa fraîcheur et son inspiration. Ce n'est pas que nous découvrons de nouvelles vérités, parce qu'il n'existe en fait qu'une seule Vérité, Dieu, mais l'inspiration peut donner à la pensée la petite secousse nécessaire qui lui permet de voir quelque chose sous un nouveau jour, de saisir une nouvelle facette du même diamant. Si Dieu répand sur nous la lumière, la guérison et l'inspiration — et c'est ce qui se passe — alors nous sommes en droit de nous attendre à voir une lumière nouvelle et à obtenir la guérison qui en découle. Et quand je dis nous, je veux dire nous tous, les praticiens de la Christian Science ainsi que ceux qui leur demandent de l'aide.
Pourriez-vous donner un exemple de la façon dont ce concept de lumière nouvelle, ou nouvelle inspiration, vous a aidée dans votre travail ?
Cette idée m'a permis de voir que je devais m'habituer à m'attendre plus souvent à une guérison immédiate et alerter les patients pour qu'ils fassent la même chose.
Quelquefois, les gens pensent qu'ils ont besoin d'un traitement par la prière prolongé. Le modèle médical — l'idée que certaines choses prennent plus de temps que d'autres à guérir — est bien enraciné dans les esprits. Or, la guérison spirituelle ne se mesure pas par rapport au temps qui passe.
Il y a plusieurs années, alors que j'étais en voyage pour affaires personnelles, un homme m'a téléphoné à mon hôtel en me demandant si j'accepterais de le prendre comme patient et de prier pour lui. Il m'a expliqué qu'il souffrait depuis un certain nombre d'années d'une maladie chronique de l'estomac qui était souvent très douloureuse. Il m'a dit qu'il avait beaucoup prié et qu'on avait beaucoup prié pour lui au long des années, qu'il y avait eu de l'amélioration, mais que la difficulté persistait. Il a conclu en disant: « Je crois que je suis un cas difficile. »
Je lui ai répondu que, heureusement pour nous, Dieu ne le savait pas. Je lui ai demandé de me rappeler une heure plus tard.
Il y a eu un long silence. Je suppose qu'il s'est dit que j'allais sortir et que je ne pouvais pas prier pour lui tout de suite, car il m'a demandé: « Vous devez repartir ? »
« Non, ai-je répondu, je m'attends à une guérison. »
J'ai vu là que nous avions ouvert une brèche dans le bloc de béton mental: l'hypothèse selon laquelle le temps joue un rôle dans la guérison spirituelle.
Admettre qu'il n'existe réellement qu'une seule affection — et qu'elle vient de Dieu — nous assure un champ de vision universel.
Au cours de l'heure qui a suivi, j'ai prié de tout mon cœur afin de comprendre que cet homme était spirituel et parfait à l'instant même, et aussi qu'il avait le droit de connaître ce fait spirituel à l'instant même. Un verset du Nouveau Testament dit ceci: « En elle [la Parole de Dieu] était la vie, et la vie était la lumière des hommes. » (Jean 1:4) Pour moi, cela veut dire que notre nature spirituelle de fils et de fille de Dieu ne peut pas nous être cachée, que nous sommes les enfants de Dieu et qu'Il nous a créés capables de le savoir.
Une heure plus tard, l'homme m'a rappelée. Et la première chose qu'il m'a dite a été: « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu. » (Voir I Jean 3:2) Le fait qu'il ait insisté sur le mot « maintenant » m'a beaucoup émue. Il était guéri. Et cette guérison s'est avérée permanente.
Parfois, on rencontre des gens qui ne peuvent pas admettre l'idée d'être guéris. Ils s'accrochent au processus: au traitement par la prière. Dans ce cas-là, le patient répugne souvent à demander au praticien de cesser de prier pour lui, à le « laisser aller » et à accepter simplement la guérison. C'est la peur qui empêche les gens de voir qui ils sont réellement: les enfants de Dieu. Je dis toujours aux patients: « Vous pouvez toujours me rappeler si vous avez encore besoin d'aide, mais je vous demande d'accepter cette guérison. »
Dans la pratique de la guérison par la Christian Science, qu'est-ce qui demande le plus de vous ? Qu'est-ce qui exige de vous les plus grands progrès spirituels ?
D'abord, prendre conscience du fait que l'amour doit me motiver dans tout ce que je fais. Si je n'aime pas mon patient, l'amour n'est pas exprimé — je veux dire par là que si je ne prends pas conscience de l'amour de Dieu qui inclut tout — il est alors facile de tourner à vide. Mary Baker Eddy déclare: « La vraie prière, ce n'est pas demander l'amour à Dieu; c'est apprendre à aimer et à inclure tout le genre humain dans une même affection. » (Non et oui, p. 39)
Pour moi, cette seule et unique affection, c'est l'affection que Dieu porte à chacun de nous. De manière tout à fait naturelle et constante, Dieu aime chacun parce qu'Il voit en lui Son précieux enfant spirituel. Et la vision qu'a Dieu est la seule vision correcte. Bien entendu, les gens paraissent dotés d'une nature humaine plus ou moins digne d'être aimée. Or, une nature humaine désagréable n'est pas une image correcte de quiconque. Celui qui guérit sait comment Dieu voit, et il est donc capable d'aimer même ceux qui ne semblent pas dignes d'être aimés. Admettre qu'il n'existe réellement qu'une seule affection — et qu'elle vient de Dieu — nous assure un champ de vision universel.
Une autre chose qui exige beaucoup de moi, c'est de ne jamais perdre de vue le fait fondamental que la vie est purement spirituelle. Celui qui guérit commence par affirmer que son patient est spirituellement parfait, maintenant même. Il est aussi vital de savoir que ce que nous appelons le corps est entièrement mental. J'avais un mentor quand j'ai débuté dans la pratique qui me rappelait sans cesse: « Vous êtes ce que vous pensez ! » La pensée est le patient, et c'est le seul patient. Tout ce que nous guérissons, c'est la pensée.
Le corps est une construction entièrement mentale. Considéré comme matériel, le corps est inerte, inintelligent. Il ne se connaît pas, il n'a pas plus de sensation qu'une table. C'est pour cela que c'est de l'esprit, non du corps, qu'on se préoccupe principalement dans la guérison par la prière. I'« affection de la chair » (voir Rom. 8:7) dont parle l'apôtre Paul n'est rien d'autre qu'un mode de penser qui s'oppose à la vérité concernant Dieu, à la totalité de l'Esprit. Ce mode de penser ou entendement mortel est le petit chef qui semble mener la danse. Il est toujours en train de nous tirer par la manche en affirmant avec insistance que la vie est dans la matière et que l'homme est mortel. Jésus ne s'est jamais laissé avoir par ce mensonge.
Il n'y a pas très longtemps, j'ai relu toutes les guérisons de Jésus et ce qui m'a particulièrement frappée, c'est son manque total d'intérét pour les symptômes et la maladie. Il toucha le lépreux, guérit la fièvre, ordonna à la mutité et à la surdité de sortir des gens et dit au paralytique de prendre son lit et de rentrer chez lui. Que faisait Jésus ? Il priait Dieu, il observait le Premier Commandement. La peur s'apparente au respect. Et si je respecte quelque chose, c'est aussi une façon de lui rendre un culte. Or Jésus ne craignait ni ne respectait la maladie, le handicap ni le péché.
Si nous n'entretenons pas l'illusion appelée maladie, elle disparaîtra parce qu'elle n'a pas de vie en soi.
Il nous apprit à prier en disant: « ... ne nous induis pas en tentation » (Matth. 6:13) Je constate que je ne rappelle jamais trop souvent aux patients que nous avons toujours affaire à une illusion mentale. Nous ne traitons jamais un état physique. Le problème peut s'appeler grosseur, eczéma, douleur, mais si nous croyons que la maladie a un pouvoir ou une vie quelconque, nous lui donnons pignon sur rue. Il n'existe ni pouvoir ni vie en dehors de Dieu, et Dieu ne crée pas la maladie.
Si nous n'entretenons pas l'illusion appelée maladie, elle disparaîtra parce qu'elle n'a pas de vie en soi. Comment l'entretenons-nous ? Avec la crédulité, la curiosité et la peur. Et pourquoi l'entretenons-nous ainsi ? Parce que nous avons oublié qui nous sommes: les enfants de Dieu !
On trouve la vérité concernant la création dans la Bible, au premier chapitre de la Genèse. Elle est simple, claire, profonde et entièrement spirituelle. Cette merveilleuse apparition de la création divine est décrite comme étant « très bonne ». Point final. Rien à ajouter. Puis on entre dans le deuxième chapitre de la Genèse. Dès le départ, les choses se compliquent. C'est l'histoire d'Adam et Ève, de l'arbre et du serpent, c'est une allégorie qui explique comment on en est venu à la création matérielle.
Nous devons choisir quelle version de la vie nous allons adopter. Il n'y a qu'une seule vérité au sujet de l'univers, c'est la création divine, bonne et spirituelle. Et il y a un mensonge primordial qui est énoncé concernant cet univers unique, à savoir que la création est matérielle, et que c'est une combinaison du bien et du mal. On trouve confirmation de ce fait dans Science et Santé où on peut lire le commentaire suivant à propos d'une phrase de la Prière du Seigneur: « D'après l'original, l'expression “Délivre-nous du mal”, devrait être traduite par: “Délivre-nous du malin.” Cette interprétation fortifie notre compréhension scientifique de cette prière, car la Science Chrétienne nous enseigne que le “malin”, ou l'unique mal, n'est qu'un autre nom pour désigner le premier mensonge et tous les menteurs. » (p. 16) Si nous nous mettons à nous inquiéter de tous les symptômes d'une maladie, nous courons après le mensonge. Comprendre qu'il n'existe qu'une Vérité, Dieu et Sa création qui est bonne, simplifie les choses.
Qu'est-ce qui vous aide le plus à parvenir à la simplicité ?
C'est de m'en tenir au Premier Commandement: « Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. » (Ex. 20:3) Ce commandement nous enjoint clairement de saisir la totalité de Dieu. Il n'existe pas d'autres dieux ni d'autres pouvoirs ni d'autres causes que le seul Dieu bon.
Les praticiens ont aussi leurs problèmes bien sûr. Un matin, j'ai été très inquiète de me découvrir une grosseur à l'arrière de la tête. Debout dans l'obscurité de ma chambre, je me suis demandé ce que je faisais. Je me suis rendu compte que la peur me faisait tourner en rond et, comme je l'ai déjà dit, la peur est une forme de respect, et la peur et le respect en s'ajoutant, tournent au culte. J'ai vu que je désobéissais au Premier Commandement en adorant un faux dieu. Alors je me suis posé la question suivante: « Est-ce que tu vas continuer comme ça ou est-ce que tu vas obéir au Premier Commandement ? »
Ce n'était pas difficile d'y répondre. Il était impossible que je m'attire des ennuis en obéissant au tout premier Commandement que Dieu m'avait donné. Quel soulagement ! Mon rôle consistait à respecter le Premier Commandement et celui de Dieu à me protéger. J'ai fait ma part et Dieu a fait la sienne. C'était tout. Je n'y ai plus pensé pendant quelques semaines. La grosseur a disparu.
Comment faites-vous face au sentiment d'avoir une lourde responsabilité dans le bien-être d'autrui ?
De nouveau, vous commencez avec Dieu et vous restez avec Dieu. C'est ce qui permet d'y arriver. Je trouve souvent la vérité précise dont j'ai besoin au beau milieu d'une situation grave. J'aime beaucoup cette affirmation de la toute présence et de la toute-puissance de la Vérité exprimée dans un vers d'un cantique de Noël: « Les espoirs et les peurs de toutes les années / Sont affrontées ce soir en toi. »(Hymnaire de la Science Chrétienne, nº 222, trad. littérale)
Cela veut dire que pour toutes les années à venir, quels que soient l'espoir ou la peur qui se présentent, le Christ, la vérité de Dieu, est là pour s'en occuper. Comprendre que c'est Dieu et Son Christ qui guérissent soulage du fardeau de la responsabilité. Est-ce le praticien de la Christian Science qui opère la guérison ? Non, je ne guéris pas. C'est Dieu qui guérit. Sa vérité est là, elle agit et elle est déjà présente pour répondre à tout besoin.
La Vérité nous révèle toujours notre perfection spirituelle présente. Où et comment sentir cette perfection ? Nous l'exprimons dans notre existence à travers notre santé. Quand Jésus guérissait les gens, ceux-ci ne devenaient pas spirituels au point de disparaître. Ils recouvraient la santé et la liberté ici même.
Mary Baker Eddy écrit: « La divinité du Christ fut rendue manifeste dans l'humanité de Jésus. » (Science et Santé, p. 25) En paraphrasant cela, je dirais que la divinité du Christ est rendue manifeste dans l'humanité de Jeanne et de Georges et de chacun. Si vous ne manifestez pas l'humanité que Jésus manifestait, alors vous flottez quelque part dans un mirage. Vous mettez votre perfection de côté en disant: « Quand je mourrai, je prendrai mon chapeau d'homme spirituel et je partirai. » Nous devrions manifester notre perfection spirituelle maintenant, par une plus grande humanité.
Il y a de nombreuses années, je me suis demandé si je croyais réellement à la vie après la vie. La réponse qui m'est venue était très simple. Toutes les guérisons que j'ai eues grâce à la Christian Science se fondent sur le fait que je suis spirituelle maintenant. Puisque cette prémisse m'a guérie à de nombreuses reprises, elle est donc valable. Je suis spirituelle maintenant même. C'est cela ma véritable nature, et cette nature est éternelle. Par conséquent, j'ai déjà prouvé que la vie continue.
Parmi toutes les guérisons que vous avez vécues ou que vous avez observées, quel est l'élément qui vous a le plus convaincue que la guérison par la Christian Science est chrétienne ?
Qu'elle est scientifique ?
Dans mon dictionnaire, le mot « miracle » est défini comme « interruption surnaturelle d'un ordre naturel ou mise à l'écart d'une loi de la nature ». Or, comme l'explique la Christian Science, Jésus n'interrompait pas l'ordre naturel des choses ni les lois de la nature; il les révélait.
Bien entendu, ce qui était divinement naturel pour Jésus, nous, nous devons l'apprendre. Toutefois, contrairement à ce que pensaient un grand nombre de gens, même à son époque, Jésus supposait que nous serions capables de faire la même chose que lui. D'ailleurs, il nous promit que nous pourrions guérir ! Voici ce qu'il dit: « Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais. » (Jean 14:12) La guérison, c'est la vitalité du christianisme de Jésus. Elle en constitue l'essence même. Si le péché peut être guéri, la maladie le peut aussi, parce que ce sont deux tentations de croire qu'il existe un pouvoir qui s'oppose à Dieu.
Pourquoi Mary Baker Eddy a-t-elle appelé sa découverte « Science » ? En gros, une science est systématique, compréhensible et démontrable. Que démontrons-nous ? Les lois de Dieu, les lois spirituelles et infaillibles. Et il n'y a rien de plus scientifique.