Au mois d'août 1998, nous avons appris que les « rebelles » avaient atterri à Muanda, qui se trouve vers l'embouchure du fleuve, près de l'océan Atlantique, et qu'ils progressaient vers Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo.
Devant cette situation de guerre, j'étais tout d'abord désemparé. Je suis marié, père de famille, alors beaucoup de pensées me venaient: « Est-ce qu'on sera amené à se déplacer, à fuir le champ de combat ? » Toutes sortes d'images sur les affres de la guerre me donnaient beaucoup d'appréhension. Mais je me suis dit que j'allais trouver refuge dans la prière, grâce aux livres que je lis quotidiennement, à savoir la Bible et Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy.
Cela peut paraître surprenant de chercher refuge dans la prière et dans la lecture de livres, mais c'était tout à fait naturel pour moi de me tourner vers Dieu, et de chercher à comprendre Sa présence et Son amour quand j'ai des problèmes à résoudre. Je m'étais déjà trouvé dans beaucoup de situations où la prière avait été d'un secours efficace.
En prenant mes livres, je me suis donc mis à rechercher des idées susceptibles de m'aider dans une telle situation. La Bible contient beaucoup de passages qui parlent de thèmes comme le refuge, la sécurité, la paix, la protection. Par exemple, le psaume 91 m'a été d'un grand secours, à tel point même que je l'ai recopié en grands caractères et affiché au mur pour que, lorsque la peur voudrait m'envahir, je puisse regarder le mur qui était face à mon lit, et lire des passages de ce psaume. Cela a calmé ma crainte et m'a donné l'assurance de la protection de Dieu. Par exemple, j'ai pu lire ceci: « Celui qui demeure sous l'abri du Très-haut repose à l'ombre du Tout-Puissant. Je dis à l'Éternel: mon refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me confie. » J'ai vu alors que moi et ma maison nous étions sous la protection de Dieu, nous étions à l'ombre du Tout-Puissant. En fait, c'est un psaume que j'appelle le psaume de la protection divine. Cela me réconfortait beaucoup
C'était pour moi comme une bouée de sauvetage à laquelle je pouvais m'accrocher, quelque chose de fort sur lequel je pouvais m'appuyer pour ne pas perdre le nord, pour ne pas céder à la panique, et aussi maintenir la famille dans un climat de sérénité. J'ai pu lire aussi dans Science et Santé, la définition du mot « ange »: « Pensées de Dieu se communiquant à l'homme; intuitions spirituelles, pures et parfaites; l'inspiration de la bonté, de la pureté et de l'immortalité, neutralisant tout mal, toute sensualité et toute mortalité. » (p. 581) Je comprenais que ces anges, ça veut dire ces pensées inspirées, parlaient non seulement à moi, mais à tout le monde y compris aux belligérants. Je savais que les pensées de Dieu leur communiquaient la bonté, la pureté et neutralisaient le mal. Tous les hommes sont en réalité les enfants de Dieu. Dieu ne connaît pas des camps opposés, Il ne connaît que Ses enfants.
Il y a un commandement qui me venait beaucoup à la pensée, c'est le commandement qui dit: « Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point. » (Ex. 20:4, 5) Pour moi, les images taillées, les « représentations des choses », c'était d'écouter tout ce qu'on raconte à propos de la guerre: que les soldats peuvent faire ceci ou cela... Je ne voulais donc pas m'imaginer des choses, je voulais plutôt continuer à entretenir des pensées venant de Dieu, des pensées pleines d'amour.
Et je suis resté chez moi, dans cet état d'esprit, jusqu'au moment où les « rebelles », comme on les a appelés, sont arrivés aux portes de notre cité. La veille, on pressentait déjà leur approche, parce qu'ils avaient coupé le courant. Et le matin du 18 août, vers 6h30, nous avons entendu des coups de feu. La bataille avait éclaté avec les soldats gouvernementaux.
J'ai rassemblé toute ma famille, nous sommes restés dans ma chambre et j'ai pris la Bible et Science et Santé pour continuer à étudier et prier, selon l'inspiration. Et les autres membres de ma famille, chacun de son côté, priaient.
Avant que les communications ne soient coupées, j'avais aussi été en contact avec une praticienne de la Christian Science qui m'a encouragé et soutenu par la prière. J'essayais donc de comprendre que s'il n'existe en réalité que Dieu et Ses enfants, nous n'avons pas vraiment d'ennemis. Dans ma prière je pensais aussi à la cité, j'affirmais qu'elle était protégée par Dieu, et je suis absolument sûr que d'autres gens aussi, d'autres confessions religieuses, priaient pour la situation.
Celui qui demeure sous l'abri du Très-Haut repose à l'ombre du Tout-Puissant. (Ps. 91:1)
Pendant que nous étions tous là, dans la chambre, avec les membres de la famille, il s'est fait que mon voisin a quitté son logement avec toute sa famille, et ils sont venus chez moi parce qu'il a pensé que cela pouvait peut-être calmer sa crainte. Je l'ai accueilli et nous sommes tous restés ensemble dans la chambre tant qu'ily a eu les crépitements des armes. J'ai continué à prier jusqu'à ce que les armes se soient tues.
Lorsque tout est redevenu calme, nous sommes sortis. Ceux qui ont prévalu, c'est-à-dire les « rebelles », se sont montrés, parce qu'ils devaient continuer leur route. Comme nous habitons juste sur la route, nous les avons vus qui passaient, mais ils n'ont pas eu de comportement agressif envers la population.
Une bombe était tombée en pleine cité, mais cette bombe n'a pas explosé et les gens, y compris des soldats, ont dit que Dieu avait protégé cette cité, parce que si cette bombe avait éclaté cela aurait pu faire de gros dégâts.
Pendant les jours qui ont suivi, comme les soldats n'ont pas pu entrer tout de suite à Kinshasa, on les voyait qui allaient et venaient. Il y avait de la crainte, la crainte non pas des armes, mais la crainte que des éléments incontrôlés puissent chercher à causer du tort aux gens ou à voler et piller, mais pendant toute cette période, il n'y a pas eu de cas majeur de personnes qui aient connu vraiment des dommages dans notre cité et nous avons pu continuer à vaquer librement à nos occupations.
Toute cette expérience a affermi ma foi dans le fait que nous pouvons vraiment compter sur Dieu en sachant ce que Dieu est et fait réellement, et que les événements que nous vivons nous apprennent à élever notre pensée vers la réalité spirituelle. J'ai vu que mon pays, toute l'Afrique et le monde entier, tous étaient protégés. La paix est destinée de droit par Dieu à tous Ses enfants.