Propos recueillis par le Héraut
Après avoir étudié les causes des conflits au niveau international, j'ai découvert la médiation et la possibilité d'être formée dans ce domaine. Je n'avais jamais entendu parler de médiation auparavant, mais j'ai été immédiatement enthousiasmée par les horizons qu'elle ouvre. En fait, le médiateur est une personne qui offre un espace d'impartialité et d'écoute à deux « protagonistes » en conflit, espace dans lequel ces deux protagonistes peuvent trouver ensemble et par eux-mêmes une solution à leur conflit.
Ce qui est intéressant, c'est que le médiateur n'offre pas la solution ni ne la force. C'est vraiment aux deux parties de s'écouter, de se comprendre et de trouver ce qui les satisfait mutuellement. De cette façon, la solution tient à long terme et tout le monde ressort grandi de la médiation, avec le sentiment d'avoir été compris. Ce qui est surprenant, c'est que les solutions qui sont trouvées sont souvent inattendues, différentes de ce qui pourrait sembler logique au premier abord.
Nous avons par exemple organisé un jeu de rôle à partir d'un cas réel où le chien d'une dame âgée avait mordu les enfants du voisin, père seul au foyer. La solution « facile » qui vient tout de suite à l'esprit c'est: la dame n'a qu'à fermer la grille de son jardin, et les enfants à rester bien loin du chien. Mais cette solution ne satisfaisait aucune des parties parce qu'elle ne prenait pas en compte leurs besoins émotionnels. La solution que les parties ont trouvée, c'était d'aller boire le thé les uns chez les autres, pour que les enfants se lient d'amitié avec le chien et que la dame dépasse ses préjugés par rapport aux pères qui élèvent seuls leurs enfants...
Et vous savez, le fait de résoudre les conflits par la médiation n'a pas seulement l'avantage de tenir à long terme, mais ça coûte aussi bien moins cher, tant d'un point de vue financier que d'un point de vue humain. On évite ainsi de faire traîner des conflits en justice pendant des années ou, dans des cas de guerres civiles, de s'enliser dans une logique de représailles et de violence. Parce qu'au lieu de s'accuser mutuellement et de chercher à pénaliser l'autre, les deux parties ont l'occasion de s'écouter et de chercher une solution non violente à leurs problèmes. Ce n'est pas par hasard que la médiation a existé plus ou moins de tout temps. En Afrique, par exemple, il y a « l'arbre à palabres », sous lequel les gens du village viennent parler aux anciens des problèmes avec leurs voisins, et des solutions sont alors trouvées en discutant de longues heures.
Il y a beaucoup de raisons qui m'attirent vers la médiation. Tout d'abord, j'ai toujours eu horreur de la violence, je ne l'ai jamais comprise. Alors je me suis dit que je ne pouvais pas regarder sans rien faire, et j'ai décidé de m'engager personnellement. Aussi, le médiateur est quelqu'un qui pense que le changement est possible et qui a une idée élevée de l'homme. Il aime la paix et reconnaît l'humain chez les autres audelà du masque de colère, de haine ou de mensonges. Il s'attend à ce que des solutions soient trouvées, et est prêt à exprimer toute la patience nécessaire pour y arriver. Il transforme ce qu'il voit en ce qui devrait être. J'aime beaucoup ça.
En ce qui concerne mon avenir, j'aimerais faire de la médiation à tous les niveaux: familial, de quartier et politique. J'aimerais créer des ponts entre les gens, les aider à retisser des liens. L'idéal, ce serait que chacun soit un médiateur ! En réalité, dans notre vie de tous les jours, il y a toujours quelque chose qu'on pourrait se retenir de dire qui blesse l'autre. Parfois on choisit la violence parce que c'est la solution de facilité, mais ce n'est jamais une solution à long terme. Ça demande beaucoup d'humilité, mais je suis convaincue que nous avons tous la capacité de ne pas juger notre prochain, de prendre en compte les besoins de chacun et, finalement, de beaucoup mieux s'entendre les uns avec les autres.