L’âge est un moyen pratique de classifier les êtres humains et de les répartir en différents groupes: les bébés, les enfants, les adolescents, les adultes et les seniors. Si ces divisions montrent les avantages et les possibilités de chaque tranche d’âge, elles en soulignent aussi les différences, les limites et les séparations.
J’ai déjà traversé plusieurs de ces répartitions, mais l’âge ne m’est jamais apparu comme une barrière. Au contraire, j’ai toujours apprécié la compagnie de toutes les générations par exemple, les échanges que j’ai eus avec une grand-tante, alors que j’étais adolescente, restent un souvenir précieux. A cette époque, j’étudiais l’histoire à l’université, et pour moi, nos conversations étaient de véritables travaux pratiques, car elle était témoin de plus d’un siècle d’histoire. Elle avait, par exemple, bien connu des personnes qui avaient vécu sous le Second Empire (1852-1870) et elle en parlait de façon précise et vivante.
Si j’appréciais qu’elle me retrace l’histoire de plus de quatre générations de ma famille, j’étais également trés touchée par l’exemple qu’elle me donnait. J’aimais toutes les qualités chrétiennes qu’elle manifestait. Aussi, je voyais en elle non pas son grand nombre d’années, mais sa bonté, sa sagesse, sa générosité, son courage. Ma participation à une école du dimanche de la Christian Science*, où j’apprenais à étudier la Bible et Science et Santé avec la Clef des Écritures qui en donne la signification spirituelle, m’aidait à entrevoir que la vraie nature de l’homme n’est pas définie par l’âge, mais par les qualités que Dieu lui donne. La joie, la paix et l’intelligence sont, en effet, des dons de Dieu qui constituent l’homme et qui sont aussi permanents et éternels que Dieu. La Bible nous apprend que les dons de Dieu ne déclinent pas, mais se renouvellent de jour en jour. Ainsi que nous le lisons dans le livre des Lamentations: « Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme. Elles se renouvellent chaque matin. » (3:22,23)
Nous sommes un peu des sculpteurs qui façonnons nos conceptions dans notre vie.
Pour l’un de ses anniversaires, sans doute ses 90 ans, j’avais écrit à ma tante une carte qui la toucha beaucoup. Je ne me rappelle plus le contenu exact de cette missive, mais je me souviens parfaitement de son esprit car il était basé sur ces phrases de Science et Santé de Mary Baker Eddy: « Les données chronologiques ne font pas partie de la vaste éternité. (...) S’il ne commettait pas l’erreur de mesurer et de limiter tout ce qui est bon et beau, l’homme vivrait plus de soixante-dix ans en conservant sa vigueur, sa fraîcheur et sa promesse. L’homme, gouverné par l’Entendement immortel est toujours beau et sublime. Chaque année succédant á une autre déroule la sagesse, la beauté et la sainteté. » (p.246)
Mary Baker Eddy, à qui fut révélée la Christian Science, a illustré dans sa propre vie la véracité de ces affirmations. Par exemple, à 88 ans, elle fonda le Christian Science Moni-tor, quotidien international. A cet âge avancé, elle restait un profond penseur chrétien et un leader religieux actif.
Le passage que je viens de citer m’a toujours beaucoup aidée. J’aime2 penser que nous ne sommes pas gouvernés par le temps mais par la Vie éternelle et, qu’en réalité, les années ne s’accumulent pas, mais sont le déroulement de la sagesse, de la beauté et de la sainteté. La décrépitude, l’inactivité, la solitude qui sont souvent associées avec l’âge ne sont pas inévitables car elles ne sont pas la volonté de Dieu. Le premier chapitre de la Genése nous apprend que Dieu, l’Esprit infini, a créé l’homme à Son image et à Sa ressemblance. Les enseignements et les guérisons de Jésus nous montrent que Dieu maintient chacun de Ses enfants à Sa ressemblance. La nature profonde de l’homme, sa vraie nature, est donc spirituelle, parfaite et permanente.
Maintenant, c’est à mon tour d’être grand-tante et grand-mère, et de mieux réaliser qu’il est possible et nécessaire de ne pas craindre l’avancement des années. A ce sujet, j’ai découpé un article du Figaro de Louis Pauwels, intitulé « Grand-mère n’est pas vieille ». L’auteur y explique que la vieillesse est un faux concept. Voici ce qu’il écrit: « Pour le sentiment commun, la vieillesse est une dégradation. Voilà une erreur et souvent une calomnie. L’âge chenu n’est pas la privation de la jeunesse. C’est un autre état de l’existence qui a ses forces, ses vertus, ses charmes et ses félicités Il ne nous manque que de nous en rendre compte. »
La prise de conscience que l’avancement des années n’est pas synonyme de faiblesse et de déclin est en effet très importante, car nos pensées déterminent ce que nous ressentons et manifestons. Nous sommes un peu des sculpteurs qui façonnons nos conceptions dans notre vie. Et j’ai constaté que si nous nous efforçons de voir en nous-mêmes, comme en notre prochain, notre vraie nature spirituelle et parfaite, notre vie quotidienne manifeste, à tout âge, une harmonie grandissante.
Dans le Christian Science Journal du 2 août 1884, Mary Baker Eddy répond ainsi à une question concernant la possibilité de surmonter le déclin lié à la vieillesse: « Dans la mesure où la loi de la Vérité est comprise et acceptée, elle apparaît dans la personnalité aussi bien que dans le caractère. Les difformités et les infirmités qui ont la réputation d’être le résultat inévitable de l’âge disparaissent sous l’influence des impressions mentales opposées. Vous changez les manifestations physiques dans la mesure où la pensée change quant aux conséquences des années qui s’accumulent. Si vous vous attendiez à un accroissement d’utilité et de vigueur dans les années qui avancent, avec autant de foi que vous prévoyez la décrépitude et la laideur, un résultat favorable suivrait sûrement. La sagesse, qui augmente avec l’âge et l’expérience, est force, non pas faiblesse, et nous devrions le comprendre, nous y attendre et savoir qu’il en est ainsi, alors nous le verrons se manifester. » La sagesse, qui augmente avec l’âge, est en grande partie le fruit de l’amour que nous portons aux autres et de la conviction spirituelle que la vie est immortelle.
L’amour est, en effet, un merveilleux antidote à la croyance à la vieillesse. L’amour de Dieu pour chacun de Ses enfants ne peut pas être altéré par le temps, car cet amour est éternel et universel. Les années qui s’écoulent n’ont pas le pouvoir de nous séparer de Dieu. Sa bonté et Sa protection sont aussi efficaces à toutes les périodes de notre vie.
L’amour pour notre prochain qui découle tout naturellement de notre amour pour Dieu nous aide aussi à surmonter progressivement les problèmes liés à l’âge. Lorsque nous aimons notre prochain, nous reconnaissons sa vraie nature d’enfant de Dieu à la ressemblance de son Créateur. Nous manifestons ainsi plus de patience, de tolérance, de flexibilité et apprenons à ne pas réagir. La mise en pratique de ces qualités nous sépare du sentiment que nous vieillissons ainsi que de la rigidité mentale et physique qui bien souvent vont de pair.
C’est également l’amour pour notre prochain et notre désir de le rendre heureux qui nous incitent à vivre dans le présent. Or une vie orientée vers le bien présent nous remplit de gratitude et de courage, tandis que la tendance à vivre dans le passé nous empêche de nous intéresser aux possibilités présentes. J’ai observé que la Bible utilise le terme « maintenant » plus de mille fois. Plusieurs de ces passages soulignent que l’harmonie est présente maintenant, car l’amour éternel de Dieu ne cesse de nous bénir, de nous fortifier et de nous libérer.
L’amour du prochain inclut aussi l’amour pour nos aînés. Il est si imporant d’entourer et d’aider ceux qui, dans nos jeunes années, nous ont tant donné! Ces marques d’attention leur donnent le goût de vivre et le sentiment d’être utiles. En faisant le bien, nous constatons qu’une action altruiste bénit autant celui qui donne que celui qui reçoit.
Un autre antidote à la peur de la vieillesse est la conviction spirituelle de l’immortalité. La Bible nous enseigne que « Vie » est un synonyme de Dieu. La Vie est donc infinie et éternelle, et l’homme ne peut jamais en être séparé, ni la quitter. La reconnaissance de la Vie éternelle donne de nouvelles perspectives à chaque étape de notre existence, tandis que la crainte d’une fin présuppose qu’un déclin progressif est nécessaire ou inévitable. La compréhension que la vie est un don éternel de Dieu et qu’elle est toujours spirituelle nous permet de refuser le concept de la vieillesse et nous révéle que nous marchons dès maintenant sur le chemin de la Vie éternelle où tout le bien se renouvelle constamment.