Mes collègues et moi étions pleins d'enthousiasme en traversant le nord de l'Ontario. Nous nous dirigions vers l'ouest. Nous commencions un voyage de deux mois à travers le Canada.
Il est vrai que c'était un voyage d'affaires, mais nous y voyions aussi une formidable occasion de traverser pratiquement tout le pays et de découvrir des régions et des villes que nous n'avions jamais vues.
Au bout de quelques jours, cependant, j'ai eu le sentiment que mes deux collègues ne se rendaient pas bien compte qu'il s'agissait d'un voyage d'affaires. Responsable du voyage et étant le seul à conduire, j'ai commencé à trouver la situation difficile à supporter. Mes collègues n'étaient pas disposés à m'aider à lire la carte routière ni même à retrouver sur le plan des différentes villes les adresses où nous devions nous rendre. Dans ces circonstances, trouver les compagnies à visiter n'était pas facile. Ils se sont aussi plaints de la longueur des journées de travail.
Peu à peu, une ambiance désagréable s'est installée.
Comme nous devions rouler sur de longues distances, j'avais tout le temps de ruminer ma colère. Je considérais que mes collègues étaient non seulement peu coopératifs, mais en plus ils se montraient impolis, égoïstes et déraisonnables. Ce n'était pas extraordinaire comme combinaison !
Un jour, alors que nous étions partis depuis une semaine environ, nous sommes parvenus à un seuil critique. A l'heure du déjeuner, mes collègues avaient disparu. Ils ne m'avaient pas dit où ils allaient; ils s'étaient simplement évanouis dans la nature. Après le déjeuner, je suis retourné à la voiture. Ils n'étaient pas là. J'ai attendu assez longtemps. Ils ne revenaient toujours pas. J'ai commencé à me dire qu'ils avaient décidé de renoncer au voyage et qu'ils étaient partis sans m'avertir. Je n'étais pas très content.
Or, j'ai soudain réalisé que je devais considérer la situation sous un angle totalement différent. Qu'est-ce que je pensais d'eux ? Qu'avais-je fait d'autre pendant ces quelques jours à part ruminer mon agacement et analyser les défauts de mes collègues ? Je me suis rendu compte du fait que peu importait qu'ils aient des défauts ou pas. Ce qui comptait, c'était ce qui se passait dans ma pensée. Je constatais que ce que j'avais pensé d'eux, c'était exactement ce que je vivais à présent.
Or, est-ce que je pensais de la bonne façon ? Avais-je fait l'effort de regarder au-delà de l'imperfection pour percevoir ce qui, par nécessité, exprime toujours le divin, autrement dit la véritable nature de chacun de nous ? En toute humilité et en toute sincérité, je devais admettre que non. Je n'avais pas essayé de voir ce que le Créateur de l'univers avait créé et béni: notre précieuse nature spirituelle. Une nature remplie de beauté, de bonté, de pureté.
Il fallait que je prie. J'ai alors décidé, à cet instant précis, que chaque pensée au sujet de mes collègues devait rendre témoignage de la création divine, inaltérable et parfaite. Il n'existe, en réalité, aucune autre création. J'ai relevé les manches, mentalement, et je me suis mis à penser de la manière dont j'aurais dû le faire dès le premier jour.
Finalement, ils sont revenus. Aucune parole n'a été prononcée. Nous sommes simplement repartis. Je priais. Chaque instant. Une pensée après l'autre. J'écoutais le Christ – l'éloquente voix de Dieu – pour qu'il me montre encore davantage qui nous étions en tant qu'images et ressemblances de Dieu.
Cela ne m'a pas pris longtemps pour m'apercevoir qu'il s'était passé quelque chose. C'était comme si deux nouveaux collègues m'avaient rejoint. Ils sont devenus coopératifs, ont cessé de se plaindre et nous avons tous passé de très bons moments. A la fin du voyage, nous étions devenus amis. De bons amis.
Tout cela peut paraître anodin. Surtout quand on pense aux difficultés auxquelles le monde doit faire face: mésentente entre les nations, les races, les groupes religieux et entre membres d'une même famille. Toutefois, ce que j'ai appris pendant ce voyage m'a montré une fois de plus combien la prière est importante, combien il est essentiel de regarder le monde tel que Dieu l'a créé. Et de continuer à le regarder ainsi. Une pensée après l'autre. A chaque pas. C'est une prière qui apporte l'harmonie, l'unité, la guérison. Une prière dont le monde a besoin. Une prière dont le monde ressent les bienfaits.