Boston, U.S.A.
Traductrice aux Nations Unies pendant près de trois décennies, Nadia Niedzielska a travaillé à New York ainsi que dans plusieurs pays d'Europe et d'Afrique.
La « Déclaration universelle des droits de l'homme », adoptée par l'Organisation des Nations Unies le 10 décembre 1948, a représenté un pas de géant dans le progrès spirituel de l'humanité. C'était la première fois que des droits fondamentaux applicables à tous étaient proclamés à l'échelle mondiale. Le premier alinéa du préambule résume sans doute le mieux le but de la Déclaration; il se lit en partie comme suit: « ... la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. »
L'article premier déclare: « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Quant à l'article 2, il affirme au paragraphe 1: « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. » Ces droits et libertés comprennent les droits civils et juridiques, (droits à la vie, à la liberté, et à la sûreté de la personne) ainsi que les droits économiques et sociaux.
Bien que la Déclaration mentionne expressément « l'égalité des droits des hommes et des femmes », la communauté internationale s'est très vite rendu compte qu'elle devait accorder une attention particulière aux droits des femmes. En décembre 1952, l'ONU a adopté la « Convention sur les droits politiques de la femme ». Et en décembre 1979, elle adoptait la « Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes » (voir encadré).
Ces instruments internationaux proclament des normes qui sont encore loin d'être appliquées dans de nombreux pays. Et pourtant ces normes ont été reconnues par beaucoup de nations du monde comme constituant des objectifs qu'il est souhaitable d'atteindre. On notera qu'en décembre 1999, le nombre de ratifications obtenues par la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes avait atteint 165 sur 188 membres de l'ONU.
La pensée de la famille des nations représentée à l'ONU reflète en quelque sorte la conscience de l'humanité. Cette pensée s'est, par exemple, traduite dans la pratique par la création dans le système des Nations Unies de plusieurs entités, dont la Commission de la condition de la femme, qui ont pour tâche de défendre les droits de la femme. Des conférences mondiales sur la femme, réunissant les gouvernements et de nombreuses organisations non–gouvernementales, ont déjà eu lieu quatre fois sous les auspices des Nations Unies.
Mary Baker Eddy et les droits de la femme
Un peu moins d'un siècle avant la création des Nations Unies, une femme d'une grande vision spirituelle, Mary Baker Eddy, a soulevé dans ses écrits la question des droits de l'homme. Elle était au courant du mouvement de défense des droits de la femme qui prenait naissance dans son pays, les États-Unis, et elle l'appuyait.
Mary Baker Eddy a perçu que les droits de l'homme étaient fondés sur la loi divine. Dans son œuvre principale, Science et Santé avec la Clef des Écritures, en parlant de tous les enfants de Dieu elle a écrit: « Dieu a doué l'homme de droits inaliénables, parmi lesquels on compte les gouvernement de soi-même, la raison et la conscience. L'homme n'est bien gouverné par lui-même que lorsqu'il est bien guidé et gouverné par son Créateur, la Vérité et l'Amour divins. » (p. 106) Dans d'autres écrits, elle parle aussi spécifiquement des droits de la femme. Elle comprenait que les codes sociaux et civils de son temps étaient loin d'accorder un traitement égal aux hommes et aux femmes. Et elle défendait le droit des femmes de négocier des affaires, posséder des biens immobiliers, avoir la garde de leurs enfants (voir Science et Santé, p. 63).
La découverte que Mary Baker Eddy avait faite quelques années auparavant était vraiment à la base de ses revendications pour plus de justice. Cette découverte a eu pour effet de jeter une lumière nouvelle sur la nature de Dieu et de l'homme. Elle étudiait la Bible depuis son enfance et elle fut conduite à percevoir que Dieu — le créateur de tout — est Esprit et un Père–Mère aimant. Elle a aussi compris que les femmes et les hommes, faits à l'image et à la ressemblance de Dieu, ont une individualité spirituelle qui reflète à la fois les qualités masculines et féminines de la divinité (voir Gen. 1:27). On lit dans Science et Santé: « Père–Mère est le nom de la Divinité, nom qui indique Sa tendre relation à Sa création spirituelle. » (p. 332) Cette compréhension nouvelle de Mary Baker Eddy a établi une base logique pour la fraternité des enfants de Dieu et pour l'égalité des hommes et des femmes.
Science et Santé contient aussi une référence spécifique aux droits de la femme. Elle se trouve dans le Glossaire, où le fleuve Guihon mentionné dans la Bible — l'un des quatre fleuve sortant de l'allégorique Jardin d'Éden — est défini ainsi: « Les droits de la femme reconnus moralement, civilement et socialement. » (p. 587)
Le Glossaire contient aussi la description des trois autres fleuves sortant du Jardin d'Éden. L'Euphrate est caractérisé comme suit: « La Science divine embrassant l'univers et l'homme: la vraie idée de Dieu... » (p. 585) Le fleuve Hiddékel est défini comme: « La Science divine comprise et reconnue. » (p. 588) Et le fleuve Pischon comme: « L'amour du bon et du beau, et leur immortalité. » (p. 593)
Ces définitions ne correspondent–elles pas à des états de conscience spiritualisée capables de produire de meilleures conditions humaines ? Mary Baker Eddy a prédit ceci: « Grâce à son discernement de l'opposé spirituel de la matérialité, voire le chemin par le Christ, la Vérité, l'homme rouvrira avec la clef de la Science divine les portes du Paradis que les croyances humaines ont fermées... » (Science et Santé, p. 171) Est–ce que la définition du « Guihon » n'indiquerait pas alors que l'une des conditions pour atteindre ce Paradis est la reconnaissance des droits de la femme ?
La Science divine est ce que notre Père–Mère Dieu connaît de Sa création. C'est ce que notre moi réel, fait à l'image et à la ressemblance de Dieu, connaît éternellement par réflexion. Ce moi réel, étant spirituel, est doué de compréhension spirituelle. En ayant recours à cette compréhension spirituelle, les hommes et les femmes arriveront, naturellement, à percevoir leur statut spirituel en tant qu'idées complètes de Dieu, statut caractérisé par l'égalité. Et cette compréhension leur permettra d'être davantage conscients de la justice, la sagesse et l'harmonie de la création de Dieu. Puisque nous sommes enfants de Dieu, cette création spirituelle est en réalité la patrie que nous n'avons jamais quittée.