Un jour, récemment, où je me trouvais à la banque, j'ai entendu un employé au guichet et un client parler d'une autre personne. Leur conversation était à peu près la suivante: « Je ne l'aime pas du tout ! » « Ah, vous la connaissez ? » « Non » « Et vous ne l'aimez pas ? » « En effet. Elle est peut-être gentille, mais je n'aime simplement pas son aspect. C'est juste mon avis personnel. »
Tandis que j'attendais mon tour, je dois dire que j'ai commencé à examiner ma pensée. Est-ce que cela m'est arrivé de porter des jugements superficiels sur des gens à cause de leur apparence, de leur race ou de leur sexe ?
J'aimerais pouvoir répondre par la négative. Mais je me rappelle la fois où j'ai décidé qu'un homme d'un certain âge ne conduisait pas bien parce qu'il portait un chapeau ! Puis il y a eu le jour où j'ai pensé qu'un adolescent d'une autre nationalité risquait bien d'être un voleur de sacs. Et que dire de cet homme qui avait une motocyclette et portait des tatouages et qui, à mes yeux, était probablement membre d'un gang et gros buveur de bière ?
Il est si simple de juger hâtivement son prochain. Pourtant soupçonner les gens ou leur en vouloir seulement à cause de leur apparence, c'est se laisser influencer par la crainte, l'ignorance ou les préjugés.
Pour corriger cette façon de penser, l'exemple donné par Jésus-Christ m'a été très utile. Il côtoyait des gens de nationalités et de milieux différents mais il n'avait pas peur d'eux, ne les jugeait pas et ne les méprisait pas. Il parlait et agissait avec compassion, apportant réconfort et guérison à ceux qui en avaient besoin. C'est ce type d'affection bienveillante que Jésus encourageait chez ses disciples. Il leur disait de s'aimer les uns les autres – et c'est ce qu'il dit à tous ceux qui désirent suivre son exemple (voir Jean 13:34). Il a aussi déclaré: « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez. » (Matth. 7: 1, 2)
Pour moi, suivre les instructions de Jésus signifie, dans la vie de tous les jours, traiter chaque personne comme un enfant de Dieu. Chacun de nous est très précieux aux yeux du Père. Il nous aime, Il nous a créés à Son image. Donc la vraie nature de chacun est spirituelle et bonne. Il nous est par conséquent naturel d'être aimant et plein de miséricorde. Il n'est pas naturel d'être critique, prompt à porter des jugements. En tant qu'enfants de Dieu, il nous est naturel de respecter chaque individu, même s'il paraît très différent de nous.
Mettre ceci en pratique cependant exige parfois du courage, surtout quand la crainte nous fait parvenir à de fausses conclusions. Pourtant, même lorsque nous rencontrons l'attitude hostile d'un autre, nous pouvons refuser de réagir, et plutôt voir cette personne comme l'enfant bien-aimé de Dieu.
C'est ce que j'ai eu l'occasion de faire une fois alors que je travaillais dans une quincaillerie. Une femme parlant avec un fort accent étranger s'est présentée au comptoir où nous étions plusieurs à servir. Elle a indiqué qu'elle voulait acheter des moulures pour encadrements. Ne comprenant pas très bien ce qu'elle demandait, nous avons hésité. Soudain elle s'est mise à nous injurier. Les autres membres du personnel ont reculé d'un pas, me laissant seule face à elle. Malgré son attitude très désagréable à mon égard, je l'ai escortée jusqu'à l'endroit où se trouvait l'article demandé. Quand nous y sommes arrivées, elle a continué de se comporter de façon impolie.
A ce moment-là, j'ai compris que j'avais un choix à faire. Je pouvais la voir comme une cliente impossible et me montrer aussi désagréable avec elle qu'elle l'était avec moi. Ou bien je pouvais refuser de la juger et la traiter comme l'enfant de Dieu.
Je me suis rappelé la compassion manifestée par Jésus qui ne jugeait jamais les personnes (voir Jean 8:1–11 et Luc 19:2–10). J'ai aussi pensé à cette déclaration qu'on trouve dans Science et Santé: « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. » (p. 476)
J'avais moi aussi besoin de voir cette femme comme l'image de Dieu, l'Amour parfait. C'est ce qu'elle était en réalité. L'hostilité ne fait pas partie de la nature véritable de qui que ce soit. En tant que ressemblance de Dieu, elle ne pouvait que refléter la grâce et la bonté de l'Amour divin. Et moi, je n'avais pas à réagir à de vilaines paroles, qui n'avaient pas le pouvoir de blesser. Je savais qu'elles n'auraient jamais le pouvoir de détruire notre unité avec Dieu ni le lien qui nous unissait en tant qu'enfants du même Père-Mère. Je pouvais l'aimer comme Dieu l'aimait. Ses enfants ne sont pas en guerre les uns avec les autres.
J'avais un choix à faire. Je pouvais voir cette femme comme une cliente impossible, ou bien je pouvais refuser de la juger et la traiter comme l'enfant de Dieu.
Me rendant compte que la situation s'était calmée, je me suis tournée vers la femme. Elle était là, debout, les larmes coulant sur son visage. Elle m'a expliqué qu'elle avait eu une terrible altercation avec son mari avant de venir au magasin. Elle s'est excusée sincèrement d'avoir été si désagréable à mon égard. Je l'ai réconfortée et lui ai dit que je n'étais pas offensée. Nous sommes retournées au comptoir, souriantes et dans les meilleurs termes.
Je n'oublierai jamais la stupéfaction qui se lisait sur les visages des autres membres du personnel devant la transformation qui s'était opérée. Après son départ, ils m'ont demandé ce qui s'était passé. Je leur ai expliqué que c'était une dame tout à fait gentille qui était entrée dans le magasin en colère et bouleversée. J'étais restée calme et l'avais traitée avec gentillesse. Cela l'avait aidée à retrouver sa vraie nature.
Comme je suis reconnaissante que Jésus nous ait laissé cette instruction chrétienne si importante: « Ne jugez pas selon l'apparence, mais jugez selon la justice. » (Jean 7:24) En nous y conformant dans nos pensées et dans nos actes, nous ne jugerons pas notre prochain mais nous l'aimerons, quelle que soit son apparence.
