Notre petit-fils est entré à l'école maternelle avec toute la fraîcheur et tout l'enthousiasme naturels d'un enfant de cinq ans.
Il était prêt à affronter de nouvelles situations. Sa mère, en pensant lui donner une merveilleuse vision de la vie, lui dit qu'il irait à l'école élémentaire l'année prochaine, puis plus tard, au collège et au lycée.
« Et un jour, a-t-elle ajouté, tu t'en iras pour aller à l'université. »
A notre grande surprise, son petit visage s'est obscurci et ses yeux se sont remplis de larmes. « Je ne veux pas te quitter, je ne veux pas quitter papa, s'estil exclamé, je n'irai pas à l'université ! »
Tout d'abord, sa mère et moi avons été amusées par sa réaction, mais nous nous sommes vite rendu compte qu'il avait besoin d'être rassuré, de savoir qu'il était à sa place, maintenant même, à la maternelle. Rien ne l'obligeait à aller ailleurs. Il s'est senti réconforté et il est parti jouer, tout content.
Plus tard, en repensant à cet incident, j'ai constaté à quel point il est dans la nature de l'entendement humain d'envisager une situation future hypothétique en se servant de sa compréhension limitée du présent pour ensuite développer des peurs qui n'ont aucun fondement. Un tel raisonnement est puéril, au sens le plus courant du terme. Un dictionnaire précise que le mot « puéril », lorsqu'il s'applique « aux adultes est presque toujours un terme de reproche mais n'a pas cette connotation lorsqu'il s'applique aux enfants ».
Paul comprit très bien ce défaut de l'entendement humain, car il dit: « Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant. » (I Cor. 13:11)
Chacun de nous à un moment donné, a pu, même quand il est avisé, évoquer, ruminer et vivre mentalement d'hypothétiques relations, situations, émotions et difficultés que l'avenir pourrait lui réserver: par exemple, perte d'emploi ou de revenus, relations rompues, perte de quelque chose ou de quelqu'un, mauvaise santé ou toute autre incapacité de vivre normalement.
Comment discipliner notre pensée et mieux exprimer les qualités de l'enfance en affrontant les problèmes avec la fraîcheur et l'enthousiasme des enfants ? La Bible explique de façon merveilleuse comment faire « disparaître ce qui était de l'enfant » et revendiquer nos qualités enfantines innées. Elle affirme que Dieu est notre Père et que nous sommes Ses enfants précieux et bien-aimés.
La Science du Christ montre que de par ce lien spirituel qui nous unit à Dieu, nous n'avons ni lignage ni antécédents matériels et limités, ni avenir incertain, ni entendement distinct de l'Entendement divin, notre Père-Mère réel. L'homme coexiste dès maintenant avec son créateur et possède déjà les idées justes, les qualités et les pensées venant de Dieu qui subviennent à ses besoins, le soutiennent et le guident. Prendre conscience de ce lien scientifique et l'admettre, même dans les plus petites choses de la vie, éveille en nous cette attente du bien que les enfants ont si naturellement et cette tendance qu'a l'enfant de se tourner vers un père humain ou une mère humaine pour être aimé, guidé et apprendre l'obéissance.
Nous devrions nous rappeler souvent qu'il est normal d'exprimer les qualités de l'enfance — la pureté, l'innocence, l'attente du bien et la joie — dans tout ce que nous faisons. Et ce qui est merveilleux, c'est que personne n'est capable de refléter ces qualités exactement de la même façon, car chacun de nous est absolument essentiel aux yeux de Dieu, en tant que Son expression parfaite pour l'éternité. A mesure que nous revendiquons ces qualités et que nous les incarnons à chaque instant, nous nous sentons mieux préparés à remplir la mission que notre Père nous a assignée. Cela nous permet d'accomplir nos tâches avec plus d'efficacité, où que nous soyons.
Nous avons la capacité d'affronter les problèmes avec la fraîcheur et l'enthousiasme des enfants.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: « Chaque stade successif d'expérience révèle des vues nouvelles de bonté et d'amour divins. » (p. 66) Il est toujours réconfortant de constater que tout ce que Dieu nous incite à entreprendre n'est jamais tel qu'on ne puisse l'entreprendre maintenant même.
Obéir de bon gré est une autre qualité qui nous permet de nous débarrasser de ce qui est puéril. Parfois, nous obéissons, mais à contrecœur. Les Évangiles en donnent des exemples. Un jour, Jésus vit deux barques au bord du lac. Les pêcheurs nettoyaient leurs filets. Apparemment ils n'avaient rien pris (voir Luc, chap. 5). Il s'installa dans l'une de ces barques afin de s'adresser à ceux qui s'étaient rassemblés pour l'écouter. Quand il eut fini de parler, Jésus demanda aux pêcheurs de s'éloigner vers le large et de lancer leurs filets. Pierre lui répondit qu'ils avaient déjà essayé de prendre du poisson toute la nuit, mais en vain. Néanmoins, il obéit en disant: « Sur ta parole, je jetterai le filet. (Luc 5:5)
Les disciples prirent tant de poissons qu'ils furent débordés. Pierre devait avoir senti l'importance d'être prêt à obéir même lorsque tout indiquait de ne pas le faire.
Lobéissance semblable à celle de l'enfant nous enjoint d'obéir même quand nous ne comprenons pas pourquoi. Ses parents avertissent un très jeune enfant de ne pas toucher ce qui est très chaud, comme un four ou la plaque d'une cuisinière. Ils lui disent de ne pas ramasser des morceaux de verre, et l'obéissance de l'enfant, même si celui-ci ne comprend pas pourquoi il doit obéir, le protège, ce dont il se rendra compte plus tard.
Science et Santé montre clairement comment l'obéissance est source de progrès: « La bonne volonté de devenir semblable à un petit enfant et d'abandonner l'ancien pour le nouveau dispose la pensée à recevoir l'idée avancée. Le bonheur d'abandonner les fausses limites et la joie de les voir disparaître, voilà la disposition d'esprit qui aide à hâter l'harmonie ultime. La purification des sens et du moi est une preuve de progrès. (p. 323) Quand nous apprenons à nous débarrasser de ce qui est puéril, nous abandonnons tout ce qui voudrait entraver nos progrès et nous commençons à saisir ce qu'est la réalité, nous devenons réellement conscients – d'une façon nouvelle et plus libre – de notre nature semblable à celle d'un enfant, qui ne connaît pas la peur et qui est éternelle.
