Aimer vous semble-t-il trop difficile? J’ai appris qu’aimer quelqu’un signifie simplement savoir ce qui est vrai au sujet de cette personne. Et j’ai eu l’occasion de découvrir par moi-même ce que cela veut dire.
Au lycée, je prenais des cours de mathématiques donnés par la responsable de la section math. Nous étions seulement six dans la classe. Nous nous connaissions bien et nous connaissions bien le professeur. Un jour, elle m’a demandé de lui transmettre certains renseignements par téléphone dès que je serai rentrée chez moi, ce que j’avais l’intention de faire. Or, à la maison, il y avait une lettre de la faculté où je voulais poursuivre mes études me proposant de m’inscrire plus tôt. J’étais si contente que j’en ai oublié d’appeler mon professeur. Elle était furieuse et a annoncé aux autres élèves qu’elle ne m’adresserait plus la parole.
Elle ne plaisantait pas. A partir de ce moment-là, elle ne m’a plus donné la parole quand je levais la main pour poser une question. (J’ai fini par ne plus lever la main.) Quand nous nous croisions dans le couloir, elle passait sans dire un mot. Elle me notait avec impartialité, mais agissait comme si je n’existais pas. J’appréhendais son cours.
Comment auriez-vous réagi à ma place? Je n’ai rien dit à personne, mais je me suis mise à prier comme on me l’avait appris à l’école du dimanche de la Science Chrétienne que je fréquentais.
Je savais qu’il me fallait trouver un moyen d’aimer mon professeur, même si elle semblait se montrer injuste envers moi. Ce ne pouvait être un amour ordinaire, qui, en général, s’attend à recevoir un peu d’affection en retour! Tout ce que je pouvais faire, c’était me souvenir de ce qui était vrai au sujet de mon professeur.
Et qu’est-ce qui était vrai? Au chapitre de la Genèse, la Bible nous dit: «Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu...» Gen. 1:27. J’avais appris que, pour savoir ce qui était vrai au sujet de quelqu’un, il me fallait mieux comprendre la nature de Dieu. Il me fallait comprendre la véritable nature de mon professeur, comprendre qu’elle était la ressemblance divine. Dans son livre, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy, qui a découvert la Science Chrétienne, pose la question suivante: «Qu’est-ce que Dieu?» Elle y répond ainsi: «Dieu est Entendement, Esprit, Ame, Principe, Vie, Vérité, Amour, incorporels, divins, suprêmes, infinis.» Science et Santé, p. 465. Ce sont tous des noms désignant Dieu — des synonymes qui permettent de Le comprendre de différentes manières. Chaque jour, en rentrant du lycée, je réfléchissais profondément à l’un de ces synonymes en m’efforçant de penser à la façon dont mon professeur exprimait les qualités qu’il sous-entendait.
J’ai commencé par l’Entendement. Il était facile de voir qu’elle exprimait l’intelligence de Dieu, le seul Entendement, à travers sa compréhension des mathématiques et sa méthode d’enseignement très efficace. Je savais aussi qu’elle avait, de toute évidence, exprimé l’intelligence pour avoir été nommée à la tête de la section par les autres professeurs.
Puis, en réfléchissant à la façon dont elle exprimait Dieu, l’Esprit, je me suis rendu compte qu’il ne m’était pas demandé d’aimer les bizarreries de sa personnalité ou ce qui semblait être un manque de gentillesse. Il me fallait voir, au contraire, que ces traits de caractère ne faisaient pas partie de son identité, parce qu’ils étaient désagréables et ne venaient pas de Dieu, qui est bon. La ressemblance et l’expression de Dieu ne peuvent inclure l’imperfection, parce qu’elles sont spirituelles.
J’ai passé ainsi en revue tous les synonymes. En pensant à la façon dont mon professeur exprimait le Principe, l’Ame, la Vie, la Vérité et l’Amour, je lui en ai moins voulu. Au dernier synonyme, j’ai compris qu’elle vivait l’Amour simplement en consacrant son temps et son énergie à aider ses élèves. Puis, un jour, j’ai été frappée par le fait que Dieu l’aimait tout autant qu’Il m’aimait. J’étais en paix.
S’est-elle soudain mise à parler? Non, elle ne m’adressa pas la parole une seule fois entre novembre et juin, mois qui marquait la fin de l’année scolaire. Cependant, en continuant de savoir ce qui était vrai à son sujet et en essayant de la voir telle que Dieu la voyait, j’ai fini par me sentir de nouveau à l’aise dans sa classe.
En fait, elle m’a adressé la parole juste avant la journée de remise des diplômes: elle m’a souhaité de réussir dans mes études et m’a confié que j’avais été une élève qu’elle avait particulièrement appréciée. Elle m’a embrassée.
J’ai constaté que je pouvais avoir foi en Dieu et obtenir ainsi l’aide dont j’avais besoin en apprenant à aimer d’une nouvelle façon. Je me suis rendu compte que notre vie manifeste de plus en plus l’amour de Dieu quand nous nous efforçons de comprendre que nous sommes tous Sa ressemblance.
