La joie est un sentiment à multiples facettes. Parfois, elle s’exprime dans un bonheur tranquille, parfois dans un enthousiasme exubérant. Elle s’accompagne aussi quelquefois d’une étincelle d’humour comme lorsqu’on dit qu’on est heureux tant qu’on ne sait rien. Cependant, la joie fondée sur un concept matériel des choses est toujours précaire. peu importe les précautions prises pour se bâtir son petit coin de paradis, le bonheur qui dépend des circonstances humaines est fragile. Ce que nous aspirons réellement à connaître, c’est la joie inébranlable qui contribue à la guérison, joie si constante qu’elle ne s’évanouira pas quand nous en aurons le plus besoin, si stable qu’elle demeurera une influence sûre, source d’inspiration, ayant son origine dans l’amour spirituel qui guérit.
C’est cette joie-là qu’ exprima Jésus-Christ. Comme il est naturel d’associer la joie à son ministère! Il est impossible de considérer les innombrables existences régénérées – à son époque et à la nôtre – les multitudes rassasiées, les morts rendus à la vie avec une nouvelle conception de l’existene, sans ressentir une joie et une gratitude profondes en pensant à son enseignement et à son oeuvre de guérison. Même lorsqu’elles déclenchaient les critiques, les moqueries et les persécutions, ses paroles laissaient transparaître la joie; une joie que sa source inépuisable, l’Amour divin, renouvelait sans cesse. La joie de Jésus avait une base si solide dans le lien immuable qui l’unissait à Dieu qu’elle traversait les épreuves sans s’altérer. L’amour désintéressé qui l’imprégnait lui permettait de réchauffer les coeurs des foules en les guérissant et en leur apportant l’espoir.
Mais c’était Jésus. Et vous et moi alors? Avons-nous le droit de revendiquer notre joie au milieu d’événements mondiaux et de problèmes personnels qu’on peut difficilement qualifier de joyeux? Non seulement nous en avons le droit mais nous avons aussi une bonne raison pour cela: la joie spirituelle donne un formidable élan à la guérison.
Il faut que la joie soit plus solide qu’une simple émotion humaine pour être en mesure de subsister malgré les difficultés. Il faut aussi qu’elle soit plus compatissante qu’une gaité passagère: aucune personne sensée ne ferait face au besoin d’aide et de guérison de l’humanité en adoptant une attitude insouciante. Afin de ressentir un amour spirituel profond à l’exemple de Jésus, il faut que notre joie soit une source constante de paix intérieure que les circonstances extérieures ne peuvent tarir.
Jésus indiqua le chemin permettant de faire naître dans le coeur de ses disciples cette joie solide qui guérit. Il dit: «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j’ai gardé les commandements de mon père, et que je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.» Jean 15:10, 11.
Obéissance et amour! La joie soutenue par ces deux «bouées de sauvetage» ne saurait sombrer dans le découragement. Or, si nous voyons dans l’obéissance aux commandements divins un simple devoir religieux, nous passons à côté d’un point essentiel que Jésus a bien expliqué. Selon ses instructions, notre obéissance doit se calquer sur la sienne.
Jésus-Christ obéissait à la loi divine en aimant Dieu si profondément qu’il ne renonçait jamais à obéir, même au milieu des pires difficultés. Il obéissait constamment, avec fidélité, même face à la violence. Si, à l’exemple de Jésus, nous demeurons d’une fidélité inébranlable envers notre Père tout-aimant, nous trouvons dans l’obéissance à la volonté divine la joie spirituelle qu’exprimait Jésus. Notre capacité d’être un disciple fidèle peut sembler modeste, mais l’obéissance et l’amour nous révèlent la joie que les enfants ressentent si librement et élèvent pensée au niveau de la domination spirituelle où la guérison survient tout naturellement.
L’une des guérisons pour laquelle je suis le plus reconnaissante est celle d’une grave hémorragie qui m’obligea à prier beaucoup pendant de nombreux mois. Grâce à mes prières et l’aide d’une praticienne de la Science Chrétienne remplie d’amour, mon état s’améliorait. Puis, il s’aggravait de nouveau. La tentation de céder à la peur semblait alors irrésistible, mais la joie devint un baromètre m’indiquant les changements de ma pensée, qui passait de la tristesse et de l’angoisse à la prise de conscience de la domination donnée par Dieu.
J’appris à la concentrer ma prière sur l’obéissance à la loi divine: je devais uniquement garder à l’esprit la présence divine qui guérit, et rien d’autre. Je me suis alors véritablement sentie protégée par la joie de l’amour du Christ. Cependant, chaque fois que ma pensée s’écartait de Dieu pour se préoccuper du problème physique, la peur et le doute obscurcissaient ma joie.
Je pris enfin la résolution de m’attacher constamment à cette douce joie. Des points importants sur le plan spirituel furent compris, chacun d’eux confirmant qu’il était nécessaire de revendiquer constamment la joie. lorsque je fus guérie, je me rendis compte que la joie avait joué un rôle essentiel en élevant ma pensée et en la rendant réceptive à l’inspiration de l’Amour divin qui chasse la peur.
La joie n’est pas victime des circonstances. C’est une qualité spirituelle. Elle ne dépend pas plus de la situation matérielle pour s’exprimer qu’une autre qualité spirituelle comme l’intégrité ou la bonté. Nous sommes en droit de la revendiquer à chaque instant — que le soleil brille ou que le ciel se couvre de gros nuages noirs. La Science Chrétienne révèle la nature spirituelle de la joie. En se servant d’un synonyme de Dieu, Mary Baker Eddy donne l’explication suivante: «L’Ame est la source infinie de la félicité: seule une joie élevée et sainte peut satisfaire les aspirations immortelles.»Écrits divers,p. 287.
La simple pensée positive essaie parfois de tromper un coeur désespéré en lui apportant une gaité superficielle, mais la joie qui découle de l’unité de l'homme avec Dieu est sincère et se ressent au plus profond de notre être. L’obéissance et l’amour en font une bouée de sauvetage, nous élevant en nous rendant réceptifs au pouvoir spirituel des qualités du Christ. Nous comprenons alors le rôle essentiel joué par la joie dans la guérison.
