Lorsqu’on se souvient d’avoir été puni très sévèrement sans pourtant se souvenir de ce qu’on avait fait pour mériter un tel châtiment, c’est le premier signe indiquant qu’on est maltraité. Le pire dans le fait qu’on me battait sans raison, c’est que je ne croyais plus que mes parents puissent m’aider si j’avais un problème. Quand j’avais huit ans, un garçon plus âgé m’entraîna dans le parc à maintes reprises pour me déshabiller. Je n’ai jamais rien dit à mes parents, car j’avais peur qu’ils me frappent aussi pour cela.
Dans une famille, on est supposé apprendre à aimer, mais, au lieu de cela, on apprend parfois à avoir peur. Tout le monde a besoin d’amour, de beaucoup d’amour, et si vous ne le trouvez pas dans votre foyer, vous commencez à le chercher ailleurs. J’ai cherché à étancher ma soif d’affection auprès des garçons et ai fini par tomber enceinte sans l’avoir désiré. Lorsque je l’ai enfin avoué à mes parents, ils m’ont placée dans un foyer pour mères célibataires.
J’ai commencé à prendre conscience de ma véritable valeur en lisant la Bible par moi-même, dans ce foyer pour mères célibataires.
Lorsque vous avez eu une enfance malheureuse, vous vous sentez sale à l’intérieur. J’étais allée à l’école du dimanche toute ma vie et j’avais eu des moniteurs très gentils. Il me paraît étrange à présent que je ne me sois jamais confiée à eux, mais, au fond de moi, je pensais que j’étais une mauvaise fille que personne ne pourrait jamais aider.
J’ai commencé à prendre conscience de ma véritable valeur en lisant la Bible par moi-même, dans ce foyer pour mères célibataires. Il était tenu par une église protestante, et j’admirais beaucoup les gens qui travaillaient là. L’amour qu’ils portaient à tout le monde me stupéfiait. Même les filles qui s’étaient montrées cruelles et brutales en arrivant repartaient douces et aimantes. Je voulais apprendre à aimer ainsi. Je voulais être aimée ainsi, surtout après la naissance du bébé qui fut placé dans un orphelinat pour être adopté. Ce que j’ignorais à l’époque, c’est que je priais Dieu quand je Lui demandais de me permettre d’aimer et d’être aimée.
Le véritable changement s’est opéré lorsque j’étais à l’université, alors que je fréquentais un Scientiste Chrétien qui respectait l’amour de Dieu que j’avais découvert dans la Bible. Nous nous étions engagés à ne pas avoir de rapports sexuels, et je constatais à quel point ces échanges au niveau de la pensée, plutôt qu’au niveau du corps, nous libérait. Son sens de l’humour empreint de modestie me montrait que je n’avais pas besoin de me prendre tout le temps au sérieux. L’atmosphère qui régnait dans sa famille me surprenait: beaucoup de rires, d’honnêteté et l’assurance que les enfants pouvaient agir et allaient agir en êtres responsables. L’exemple de cette famille m’a donné envie de chercher à améliorer mes relations avec mes parents, et, bientôt, une affection profonde s’est développée entre eux et moi.
Quand vous comprenez mieux la nature divine, vous apprenez qu’il y a du bon en vous.
Plus je voyais et sentais comment vivre la Science Chrétienne, plus je voulais comprendre comment guérir. Cela m’a amenée à suivre un cours de guérison chrétienne, qu’on appelle le Cours d’instruction, donné par un professeur autorisé de Science Chrétienne. Ce fut difficile pour moi, sur le plan affectif et mental, mais j’ai tant apprécié d’apprendre à me définir par rapport au lien qui m’unit à Dieu, étant Son enfant. Cette nouvelle compréhension de la nature divine me fit souhaiter consacrer mon existence à mieux comprendre comment Dieu m’avait créée. La façon dont je me voyais ne dépendait plus de mes rapports avec les autres, c’était tout le contraire !
Quand vous comprenez mieux la nature divine, vous apprenez qu’il y a du bon en vous. Puisque Dieu est la Vie, nous sommes actifs et avons une raison d’être, nous ne sommes pas prisonniers d’anciennes façons de penser et d’agir. Dieu, l’Ame, nous crée tous absolument uniques, avec des talents qui méritent d’être développés et utilisés au service de notre prochain. L’amour de Dieu nous donne un foyer où les relations ne sont pas destructives, mais positives. L’Esprit nous dit que nous ne sommes pas enfermés dans un corps matériel, mais que nous avons la possibilité d’élargir notre façon de penser en nous montrant plus généreux. Dieu, l’Entendement, nous donne de bonnes idées et la sagesse de les mettre en application dans notre existence. Le Principe, un autre nom pour Dieu, nous permet de nous sentir en sécurité, même lorsque nous ne comprenons pas ce qui se passe. La Vérité nous aide à rester honnêtes envers nous-mêmes et envers les autres, afin que nous ne nous mettions pas à vivre dans l’imaginaire ou dans le mensonge.
J’ai pleuré de joie lorsque j’ai entendu une voix intérieure me dire: « Tu n’as jamais perdu ton innocence. »
Lorsque mon ami fréquenta une autre fille un peu plus tard, je n’ai pas été malheureuse. J’étais suffisamment consciente de mon identité d’enfant de Dieu pour savoir que je pouvais aller de l’avant. J’ai commencé à prier pour mes amis, et de belles guérisons ont eu lieu. Même si je ne parlais jamais de mon passé, je savais que le message de la Bible m’avait sauvée et avait le pouvoir de secourir d’autres personnes. Prier avec elles au sujet de leurs difficultés m’a donné du courage et l’espoir de parvenir à effacer les cicatrices de mon enfance et de mon adolescence. L’homme que j’ai épousé avait beaucoup de respect pour ma pratique de la guérison par la Science Chrétienne.
La guérison de mon passé est enfin venue grâce à la prière, quand j’ai commencé à me sentir remplie de gratitude pour la beauté de mon existence, même lorsque j’étais une enfant battue. Je me suis souvenue du moment où j’ai gagné un concours de natation. Je me suis soudain rendu compte que j’étais devenue une bonne nageuse à l’époque où on me battait avec une ceinture. A mes yeux, il était tout à la fois très triste et très troublant que deux choses aussi contradictoires puissent se produire au même moment. Puis, j’ai entendu un doux message venant de Dieu: «Même aux heures les plus sombres, tu étais libre d’aller de l’avant.» Les mots ne sauraient exprimer le sentiment de paix qui m’a envahie. C’était comme si un gros nuage noir se désintégrait pour laisser briller la lumière en lieu et place de ce mauvais souvenir. Je pardonnais de tout mon cœur à mon père et lui étais profondément reconnaissante de toutes les bonnes choses qu’il m’avait données.
La guérison du souvenir des abus sexuels s’est produite presque dix ans plus tard. Un matin, je me suis réveillée avec un autre très beau souvenir d’enfance. Je me rappelais les chaudes journées d’été où je restais étendue sur l’herbe à regarder les petits nuages blancs, en compagnie de mes amies. Nous nous imaginions voir des châteaux, des chevaux, des arbres et tout ce qui nous faisait plaisir. C’était une activité pure, faite des joies simples de l’enfance. J’ai pleuré de joie lorsque j’ai entendu une voix intérieure me dire: «Tu n’as jamais perdu ton innocence.»
Chaque jour, Dieu nous fait connaître l’amour qu’ll nous porte.
J’ai compris que c’est ce qui m’a délivrée du passé: mon existence illustrait le pouvoir de l’innocence, non la cruauté et la déception. Je me suis d’abord demandé pourquoi les bons souvenirs (la natation et les journées d’été passées à regarder les nuages) avaient joué un si grand rôle en faisant disparaître de ma pensée les choses terribles qui s’étaient produites. J’en ai conclu que Dieu me disait qu’Il faisait vraiment partie de ma vie, même s’il avait semblé difficile de Le voir pendant de nombreuses années. Chaque jour, Dieu nous fait connaître l’amour qu’Il nous porte, j’en suis à présent absolument convaincue et je tente de communiquer cette vérité aux amis et aux gens qui viennent me voir pour être guéris. Lorsque je prends conscience de cette bonté et suis reconnaissante de savoir que Dieu en est l’origine, le mal ne semble plus aussi invincible. Jésus-Christ nous dit: «A chaque jour suffit sa peine.» Matth. 6:34. Pour moi, cela signifie que, peu importe si la journée a semblé se transformer en cauchemar, le mal n’a jamais le pouvoir de l’emporter sur la réalité du bien.
En écrivant, je pense à tous ces gens qui, dans le monde entier, ont connu des souffrances bien plus atroces que les miennes. L’une de ces personnes est peut-être en train de lire cet article. Si c’est le cas, je voudrais surtout lui dire ceci: peu importe le nombre de fois où l’on vous a frappé, violé, brûlé ou blessé. Ce dont il faut vous souvenir, c’est que vous ne le méritiez pas. Même si vous avez commis une erreur, nul n’a le droit de vous maltraiter dans le but de vous apprendre à obéir. Nul n’a le droit de manipuler votre corps pour son plaisir ou à votre détriment.
Peu importe la quantité de choses qui a semblé étouffer nos talents, rien ne peut empêcher le pouvoir de Dieu d’agir en nous.
Dieu nous a bénis, c’est la raison principale pour laquelle nous pouvons cesser de nous considérer comme une victime ou de vivre comme une victime. Peu importe la quantité de choses qui a semblé étouffer nos talents, peu importe le petit nombre de gens qui nous a réconfortés, rien ne peut empêcher le pouvoir de Dieu d’agir en nous. L’homme, en sa qualité d’enfant de Dieu, peut seulement faire ce pour quoi il a été créé, c’est-à-dire montrer à ses semblables la bonté de l’univers divin. Il est aussi naturel à l’homme d’être bon qu’il est naturel à l’oiseau de chanter, au soleil de se lever, à la glace de fondre sous les chauds rayons du soleil printanier.
La femme qui découvrit la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy, ne fut pas maltraitée physiquement, mais elle fut malade pendant de nombreuses années, son enfant lui fut retiré, on se moqua de son travail, elle connut la pauvreté et fut souvent à la recherche d’un foyer. Sa vie fut transformée au point de faire d’elle l’une des plus grandes bienfaitrices de son siècle. Elle écrivit son ouvrage principal, Science et Santé avec la Clef des Écritures. Elle doit en grande partie sa réussite à son désir d’aimer ses ennemis. Elle priait souvent pour que ceux-ci soient libres et trouvent «les buts plus nobles et les desseins plus vastes d’une vie rendue honnête... une vie dans laquelle les pensées calmes et respectueuses d’elles-mêmes demeurent dans leur propre tabernacle... La substance sublime d’une vie honnête satisfait l’entendement qui aspire à un bien plus élevé, et le baigne dans les eaux fraîches de la paix sur la terre, jusqu’à ce qu’il parvienne à la stature parfaite de la sagesse, mesurant son propre bonheur d’après celui qu’il a dispensé aux autres»Écrits divers, p. 227..
Voilà une bonne description de la liberté que nous sommes tous en droit d’attendre. Dieu affirme que nous savons qui nous sommes, Son image. Il nous communique cette vérité chaque jour, et rien ne peut empêcher cette vérité de nous être révélée. Aucun de nous ne mérite d’être maltraité, puisque nous avons été créés dignes de l’amour que Dieu nous porte.
Je vous le dis en vérité,
quiconque ne recevra pas
le royaume de Dieu
comme un petit enfant
n’y entrera point.
Marc 10:15
