Nous habitons à moins de 10 km de l'endroit où la petite Megan Kanka a été violée et tuée par son voisin. Cet horrible crime a incité le public à réclamer une loi, qu'on appelle «la loi de Megan», permettant aux habitants d'être informés de la venue, dans leur quartier ou dans leur ville, de toute personne ayant agressé des enfants par le passé ou étant considérée par le système judiciaire comme un «maniaque sexuel». La légalité de cette dernière appellation est encore à l'examen, mais le simple fait qu'une telle loi soit exigée montre bien le désespoir, la peur et le sentiment d'impuissance des gens.
Ce fait divers tragique toucha notre famille à plus d'un titre. Notre fille avait le même âge que Megan, et quelques jours après, je me posais des questions qui me troublaient profondément. Et si c'était arrivé à notre enfant? Que puis-je faire, en ma qualité de mère, pour assurer sa sécurité à tout instant? Pendant plusieurs jours, je ne la quittais pas des yeux, cela tournait presque à l'obsession. Au lieu d'apaiser mes craintes, cette façon de réagir les attisait, me laissant croire que mon enfant chérie était vulnérable dès qu'elle était hors de ma vue, ne fût-ce que pendant quelques minutes. C'était une attitude malsaine pour toutes les deux, et il fallait que cela cesse.
J'ai alors compris que l'innocence de ma fille était sa meilleure arme contre le mal.
En priant pour me libérer de cette inquiétude lancinante, je me suis souvenue d'un poème paru dans The Christian Science Monitor (23 octobre 1991) intitulé «Nice Snake!» (Gentil serpent !). Ce poème de Godfrey John racontait une histoire arrivée à une enfant d'Afrique du Sud. Elle était assise sur le perron de sa maison et mangeait un bol de céréales, lorsqu'un boa constricteur a commencé à s'enrouler autour d'elle. Très innocemment, l'enfant lui a offert une cuillèrée de céréales qu'il a bue. Le serpent a alors plongé sa tête dans le bol, et l'enfant lui a donné une petite tape avec sa cuillère en lui disant: «Méchant, méchant! Chacun son tour !» Puis elle a continué de partager son bol de céréales avec l'animal. Quand le bol fut vide, le serpent se déroula et s'éloigna tranquillement.
En exerçant le genre de surveillance qui consistait à ne pas quitter des yeux sa nature spirituelle et intouchable, je savais qu'elle était toujours en sécurité.
J'aime beaucoup cette histoire parce qu'elle illustre bien l'innocence de la pensée de l'enfant, son amour véritable et son affection pure, qui l'ont protégée des instincts agressifs du serpent. Au lieu de devenir la victime du boa, elle en fit un compagnon avec lequel elle partagea son petit-déjeuner. Sa calme autorité dénotait la domination qu'elle exerçait sur la peur.
Une telle sérénité spirituelle indique la présence et l'action du pouvoir du Christ, la vraie idée de Dieu, dans la conscience humaine. Jésus-Christ a parlé de la faculté qu'a l'homme de surmonter les tendances du mal: «Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l'ennemi; et rien ne pourra vous nuire.» Luc 10:19.
Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer ce que la mère, la nurse de l'enfant ou qui que ce soit aurait pensé en découvrant l'enfant et le serpent finissant ensemble le bol de céréales. Cela m'a fait beaucoup réfléchir. De quelle façon surveillais-je ma fille? Étais-je à l'affût du moindre danger afin de le prévenir? Est-ce là un moyen de surveillance efficace? Peut-être valait-il bien mieux ne pas perdre de vue la pureté, l'innocence et l'amour qui sont naturels à chaque enfant de Dieu? Avais-je besoin de cultiver ce que je comprenais des lois protectrices de Dieu, et du pouvoir spirituel qui accompagne et soutient tous les enfants de Dieu à jamais innocents?
Il est très réconfortant de savoir que Dieu est le Père-Mère universel de tous. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy, on lit: «L'Amour, le Principe divin, est le Père et la Mère de l'univers, y compris l'homme.»Science et Santé, p. 256. La véritable sécurité de nos enfants repose sur la compréhension de la nature de Dieu, le Père-Mère tout-aimant et éternel de l'homme, mise en pratique. Il ne crée ni ne soutient le mal, et bien comprendre Dieu permet d'éliminer l'influence destructrice que tente d'exercer le mal sur notre existence.
Le livre d'Ésaïe décrit l'innocence de la création divine ainsi que la protection et la paix qui règnent dans la pensée enfantine pure et aimante: «Le nourrisson s'ébattra sur l'antre de la vipère, et l'enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte; car la terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.» Ésaïe 11:8, 9. Puisque Dieu est le Père et la Mère de l'univers, nous ne sommes jamais séparés de notre divin Créateur, ne serait-ce qu'un instant. Son enfant ne manque jamais ni d'innocence, ni de spiritualité, ni d'autorité sur le mal.
J'ai alors compris que l'innocence de ma fille était sa meilleure arme contre le mal. Il était spirituellement exigé de moi que je n'oublie pas ce fait. En exerçant ce genre de surveillance, qui consistait à ne pas quitter des yeux sa nature spirituelle et intouchable, je savais qu'elle était toujours en sécurité. J'ai alors ressenti un profond sentiment de paix.
Pendant les jours qui ont suivi, je me suis mise à surveiller ma fille avec cette toute nouvelle optique, sans perdre de vue le fait qu'elle était l'enfant innocente de Dieu. J'ai senti le besoin d'instaurer dans notre foyer l'habitude de lire la Bible chaque jour et de parler de la sollicitude et de la protection divines dont ont fait l'objet les personnages bibliques. Ces moments précieux passés ensemble nous ont permis de mieux comprendre le pouvoir de l'innocence enfantine et l'influence protectrice toujours présente de Dieu. A mesure que nous prenions conscience du fait que l'homme, l'enfant bien-aimé de Dieu, est invulnérable, nous n'avons plus craint que la menace d'un danger quelconque puisse planer sur notre quartier. Le sentiment d'impuissance a disparu lorsque je me suis rendu compte que je pouvais jouer un rôle actif dans la protection de notre fille en me réjouissant de l'innocence spirituelle qu'elle possède naturellement.
L'innocence spirituelle est une force. La pensée innocente accepte les règles de la bonté et leur obéit fidèlement. L'innocence est l'intelligence consciente, comme celle qu'a exprimée l'enfant en tapant, sans éprouver aucune crainte, sur la tête du serpent. La pensée spirituelle innocente est invulnérable, parce qu'elle comprend que le bien est le pouvoir qui gouverne, le seul pouvoir.
Nous soutenons l'innocence intelligente et naturelle qu'expriment les enfants en les aidant à prendre l'habitude d'obéir à Dieu, en les encourageant à comprendre et à aimer la loi divine du bien et en leur apprenant à toujours se tourner vers Lui afin de prendre de sages décisions.
Nous n'avons plus craint que la menace d'un danger quelconque puisse planer sur notre quartier.
Comprendre que Dieu est le véritable Père-Mère de nos enfants et des enfants de nos voisins ne diminue pas la responsabilité qui incombe aux parents de leur assurer un environnement sûr. Les parents devraient prendre des mesures d'ordre pratique pour la sécurité de leurs enfants, et des lois appropriées devraient être votées et appliquées afin que les enfants soient le mieux protégés possible sur le plan légal. Néanmoins, il est aussi important d'être conscient du développement spirituel de chaque enfant et d'y prendre part. Les enfants comprennent très tôt que l'homme est innocent, pur et aimant. Cette compréhension naissante est une influence protectrice divine, et les parents ont toujours la possibilité de l'encourager. Ils fournissent alors à leurs enfants l'arme la plus efficace contre le mal, visible ou invisible.
