Céline Boegli: J'ai été prise de ce qu'on appelle la boulimie; je n'arrivais pas à dominer ma façon de manger. Quand je rentrais à la maison, j'essayais de manger le moins possible, et après deux, trois jours je ne dominais plus mes gestes, j'étais comme énervée, j'allais manger. Je me disais: « Arrête, arrête ! » Je n'arrivais pas à m'arrêter. Je mangeais, c'était terrible, les quantités ! Quand j'étais vraiment remplie, je pleurais. Il me semblait alors que j'étais calme. C'était comme si ça me calmait. Mais j'avais des maux d'estomac. Oui, c'était pénible, la vie.
Le Héraut: Et vous n'arriviez pas à vous contrôler ?
Je n'arrivais pas à me contrôler. Je voulais tellement, mais je n'y arrivais pas. J'aurais voulu acquérir ce calme par quelque chose d'autre.
J'ai tout essayé. J'ai fait des régimes. J'ai essayé de les suivre avec des amis, de manger avec des amis. Puis, quand j'allais à la maison, j'essayais de bien manger à table. Mais des fois je me relevais. J'allais encore manger.
J'ai quand même tout essayé, parce que je me disais: « Tu dois y arriver. C'est quand même honteux de manger comme ça. Tu dois pouvoir te dominer. »
Mais j'avais beau essayer de toutes les manières, je n'y arrivais pas, jusqu'au jour où, après un téléphone avec ma maman, elle m'a dit: « Je crois que, pour ce problème, il te faut vraiment te tourner vers Dieu. » Je pleurais, je pleurais, quand elle m'a dit ça, je me souviens, je pleurais presque de tristesse, parce que je me disais: « Tu n'arrives même pas à gérer ce petit problème. »
Puis, après, j'ai compris que, vraiment, il n'y avait pas d'autre moyen. Et j'ai demandé de l'aide à une praticienne de la Science Chrétienne qui m'a beaucoup aidée par son calme, parce que, souvent, c'était dans des moments d'énervement que je faisais ça. Elle me disait: « Levez-vous le matin et dîtes-vous que Dieu va vous montrer ce que vous devez faire. » C'est ce que je faisais. Avant de manger, je repensais à ça, et ça me calmait. Quand je rentrais à la maison le soir, au lieu de commencer à manger comme je faisais avant, je me disais: « Dieu va te montrer ce qui est bon pour toi ce soir, et ce que tu dois manger. » Et puis, j'ai commencé à comprendre comment je me voyais. Je me voyais toujours trop grosse, alors que je n'étais pas tellement grosse. Donc j'ai aussi compris que se sentir grosse, c'est dans sa tête. Je n'ai jamais été tellement grosse, mais pour moi, j'étais énorme.
J'ai compris que je devais guérir ça. J'ai arrêté de me juger, de me dire que ce que je faisais, c'était affreux. Il y a un hypnotisme qui te dit que ça fait partie de toi, et que tu n'arriveras pas à t'arrêter. Alors j'ai compris de plus en plus que mon vrai être spirituel ne pouvait pas être dominé par autre chose que par Dieu, puisque je suis Son reflet. Je ne pouvais pas faire quelque chose d'autre que ce qu'Il voulait de moi.
Et ça, c'est ce que la Bible enseigne, que nous sommes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, n'est-ce pas ?
Voilà, et puis après j'ai aussi perdu un faux sens de responsabilité, parce que j'ai su que Dieu me donnerait cet équilibre. En fait, je savais que j'avais déjà cet équilibre, mais que je devais m'ouvrir à ça. Je n'ai pas été guérie du jour au lendemain, et j'ai dû continuer à prier. Et puis les leçons-sermons m'ont toujours plus ouverte à la réalité face à ce problème.
Vous parlez des leçons bibliques, avec des passages de la Bible et de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy ?
Oui. J'ai vu des réponses dans chaque leçon biblique. Je voyais des réponses qui me paraissaient être vraiment pour moi. Et puis après, quand ça arrivait, je n'ai plus eu de sentiment de culpabilité, c'est ça qui était beau déjà. Parce que même si ça m'arrivait encore de manger comme ça, je n'étais plus triste comme avant. Parce que je me disais, ça ne change pas la réalité divine, ça ne change pas ton être. Le fait de ne plus m'accuser de faire ça a terriblement changé ma manière de penser. Parce que je me levais le lendemain, et j'essayais d'être de nouveau en harmonie, au lieu de me dire: « Je ne mange rien aujourd'hui, j'ai assez mangé hier. » Avant, j'étais comme ça. Je ne mangeais rien de la journée, et puis, souvent, le lendemain j'avais de nouveau faim c'était terrible. Ce que je demandais à Dieu, c'était d'avoir la sagesse de manger sans réfléchir, sans compter ce que je mangeais, de pouvoir être totalement harmonieuse; quand je suis invitée, de pouvoir manger normalement; de manger du dessert si j'en ai envie; de ne pas manger si ce n'est pas le moment.
Il y a un passage dans la Bible qui m'a aidée. C'est dans I Rois 3:9: « Accorde donc à ton serviteur un cœur intelligent pour juger ton peuple, pour discerner le bien du mal ! Car qui pourrait juger ton peuple, ce peuple si nombreux ? Cette demande de Salomon plut au Seigneur. Et Dieu lui dit: Puisque c'est là ce que tu demandes, puisque tu ne demandes pour toi ni une longue vie, ni les richesses, ni la mort de tes ennemis, et que tu demandes de l'intelligence pour exercer la justice, voici, j'agirai selon ta parole. » Ça m'a énormément aidée parce que j'ai compris que Dieu donnait la sagesse si on demandait la sagesse, mais Il ne donnait pas des kilos en moins si on demandait de perdre des kilos. Puis j'ai demandé la sagesse de tout mon cœur, et quand ça m'arrivait encore, je disais: « C'est pas ma volonté, et je sais que Tu me donnes la sagesse de me nourrir simplement et naturellement. » Puis, petit à petit, j'ai reçu la sagesse. Je peux dire maintenant que je suis totalement libérée. Je ne dis plus: « Mange ci, mange pas ça. » Et je me sens totalement bien, je n'ai plus de balance, mon poids ne m'intéresse plus.
Et en fait, c'est évident que vous n'avez pas besoin de balance, parce que vous n'avez aucun problème de poids, je peux le voir.
Oui, c'est vrai. Mais c'était surtout un esclavage psychique. Parce que je connais beaucoup de filles, même minces, qui se pèsent tout le temps. J'ai compris que le problème, c'est la crainte de la nourriture. La croyance que nous devons trouver nous-mêmes un équilibre.
Ça c'est intéressant, parce qu'en fait nous avons besoin d'un équilibre, mais ce n'est pas à nous de le rechercher anxieusement.
Voilà. Et puis, en se tournant vers Dieu on se décharge de ses fausses responsabilités.
Donc, en un sens, vous avez mieux compris le gouvernement qu'exerce Dieu sur Son univers.
Oui, exactement. Et ça nous décharge de ce poids, et de se sentir des responsabilités qui, pour finir, sont fausses. C'est ça qui nous rend souvent tristes et nerveux.
J'ai réellement compris qu'en fait Dieu répondait déjà à mon besoin. J'ai compris vraiment qu'il était aimant. J'ai dû voir qu'il était déjà aimant, qu'il m'aimait, qu'il prenait soin de moi. Pour Lui, j'ai toujours été une enfant parfaite, en harmonie. C'est ça que j'ai dû essayer de voir.
Donc, nous n'avons pas besoin d'implorer Dieu de faire quelque chose de bon pour nous, parce que comme vous dites, Dieu aime déjà chacun de nous, mais nous avons plutôt besoin de Le comprendre davantage.
Voilà, exactement. Le comprendre, et puis affirmer qu'il est tout, qu'il n'y a donc rien d'autre qui puisse dans notre vie venir s'intercaler entre nous et Lui, et nous rendre malheureux. Et puis surtout ne pas croire qu'on doive passer par des problèmes pour comprendre ça. Plus on connaît Dieu et plus on se connaît soi-même.
