J’étais En Vacances dans une ville que je connaissais mal et j’avais, sans y prendre garde, pénétré dans un quartier d’immigrés. Étranger à ce milieu, je ressentis une peur que je désirais surmonter en priant. Il me fallait comprendre que mon bien-être, de même que celui d’autrui, ne dépendait ni de l’heure ni du lieu. D’un point de vue spirituel, la sécurité est fondée sur le fait que Dieu et l’homme sont inséparables, sur la coexistence éternelle du Père aimant et de Son enfant bien-aimé.
La Prière du Seigneur, enseignée par Christ Jésus, constitue une norme qui nous permet d’évaluer notre attitude envers les autres. Dès les premiers mots, « Notre Père qui es aux cieux », cette prière reconnaît que Dieu est le Père universel de tous les hommes.
Ni les circonstances, ni l’état d’esprit qui règne dans une localité ne modifient l’amour que Dieu porte à chacun de nous. Son amour n’est pas partial mais englobe sans cesse toute vie. Il m’appartenait, dans cet environnement peu familier, de prendre conscience de ce fait spirituel. Je savais que les qualités divines que nous chérissions et exprimions, mes amis restés à la maison et moi-même, étaient perceptibles dans le quartier où je me trouvais, comme dans tout autre quartier.
J’avais déjà eu l’occasion de tirer des leçons de certains incidents dans le cadre de mon travail. Un soir, par exemple, à la suite d’une série de querelles et de tensions, j’étais reparti chez moi très découragé. Un petit groupe de collègues avait provoqué une scission entre nous. Je demandai à Dieu de m’aider à discerner en chacun sa véritable identité d’enfant de Dieu. Je savais que je devais prier pour les fauteurs de trouble et apprendre à les voir autrement. Il m’était indispensable de savoir que Dieu n’a pas créé une seule personne susceptible de ressentir de l’amertume ou de la haine. La haine, la crainte, les sentiments de frustration n’ont aucun droit sur l’enfant de Dieu, spirituel et parfait.
En priant, je vis combien il était important de voir en moi et en ceux avec qui j’avais été en contact au cours de la journée une identité spirituelle distincte, et non pas l’élément d’un groupe se laissant emporter par un problème dont il a été l’instigateur, le spectateur ou le participant involontaire. Je sentis aussi qu’afin de purifier le concept que j’avais de l’homme, je devais reconnaître en chacun au moins une qualité spirituelle. Bien que l’image matérielle que je faisais de certains semblât adhérer à ma pensée comme un aimant à un morceau de fer, je priai pour recevoir la compréhension spirituelle qui me permettrait d’éliminer les imperfections de cette image. Mary Baker Eddy, qui découvrit et fonda la Science Chrétienne, écrit dans Science et Santé: « Examinés à la lumière de la Science divine, les mortels présent plus qu’on ne discerne à la surface, puisque les pensées inverties et les croyances erronées sont forcément des contrefaçons de la Vérité. La pensée est empruntée à une source plus élevée que la matière, et, inversées, les erreurs servent de poteaux indicateurs guidant vers l’unique Entendement, où toute erreur disparaît dans la Vérité céleste. »
A mesure que je contestais la croyance que les conflits sont inévitables, les qualités spirituelles prenaient vie dans ma pensée: la force se substituait à l’intimidation, la joie au désespoir, l’intelligence à la ruse et à la tromperie. En recourant ainsi à la prière, j’exprimais vraiment l’amour chrétien. Plus tard, alors que j’analysais ma réaction à la lumière de la Prière du Seigneur, je compris que ce n’était là qu’une des innombrables manières d’obéir à la Règle d’Or.
Le fait de voir les autres sous un angle spirituel constitue la base du respect mutuel dans une collectivité. Après tout, qui d’entre nous ne préférerait être identifié par des qualités divines plutôt que par des défauts associés à une personnalité mortelle erronée ? A partir de ce jour-là, les difficultés liées à ma situation de Blanc dans une population de couleur disparurent peu à peu, et je m’intégrai dans ce milieu qui se révéla plein d’amour.
Notre sécurité ne dépendra jamais des relations qui existent entre les personnes. Elle découle d’une compréhension spirituelle croissante de l’identité spirituelle illimitée de l’homme, l’enfant de Dieu, que les préjugés ne peuvent jamais corrompre.
Lorsque nous percevrons mieux que Dieu est le vrai Père de l’homme dont l’être réel est spirituel, non physique, les conflits entre les individus et les groupes s’avéreront sans fondement. Il se peut, cependant, que l’élimination des préjugés ethniques ou raciaux profondément ancrés dans la conscience humaine exige une lutte mentale intense.
Dans la Bible, les Actes des Apôtres soulignent les difficultés rencontrées par les premiers chrétiens. Pierre, par exemple, croyait que les Juifs ne devaient pas avoir de contacts avec les païens, considérés comme impurs. Mais un jour, alors qu’il priait, une vision lui fit comprendre qu’il ne devait déclarer personne « souillé ou impur ». Le concept qu’il avait de l’homme fut transformé et, suite à cette révélation divine, il affirma: « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. » Dans l’Épître aux Galates, Paul précise avec autorité: « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. »
Les inégalités sociales peuvent se corriger par la prière. Non seulement Pierre reconnut, à la suite de cette révélation, qu’aucun homme n’est souillé ni impur, mais en outre, un païen, un Romain du nom de Corneille, qui avait aussi prié, avait été guidé par Dieu. Les deux hommes apprirent qu’ils devaient s’accepter mutuellement, même si l’un était d’origine juive et l’autre païen. La révélation spirituelle avait eu raison du statu quo. Les domestiques de Corneille furent bien accueillis dans la maison où séjournait Pierre et, le lendemain, le disciple les accompagna chez leur maître, où il fut reçu avec une grande hospitalité aussi bien par Corneille que par ses parents et ses amis.
Me trouvant donc étranger dans les circonstances mentionnées au début de l’article, je repensai à tout cela, et la peur me quitta. Alors que je croisais trois hommes, l’un d’eux lança une boîte de conserve qui ne me manqua que de quelques centimètres. Tandis que je continuais mon chemin, un des hommes dit: « veux que tu me prennes en photo. » Je fis encore un ou deux pas, et il ordonna avec force: « J’ai dit “Je veux que tu me prennes en photo” ! »
Je priai afin d’être guidé par Dieu et, faisant demi-tour, je sortis mon appareil photo de son étui. Avec tout le soin qu’aurait pris un professionnel, je réglai mon objectif sur les trois hommes, demandant à Dieu de m’aider à voir les qualités spirituelles qu’exprimaient Ses enfants. J’affirmai aussi que la lumière spirituelle du Christ pouvait effacer toute crainte et toute animosité. Seule l’image de l’Amour est réelle. Je désirais reconnaître la véritable identité d’enfant de Dieu de ces hommes afin de pouvoir les aimer. Et je désirais surtout percevoir la dignité que cette filialité divine conférait à l’homme.
A première vue, ma réaction pouvait passer pour une légère marque de respect. Mais les choses avaient changé. Le sourire des hommes était sincère lorsque je pris la photo. Je fis un signe de tête, remis mon appareil dans son étui et m’éloignai. Je chéris toujours le sentiment de fraternité que, j’en suis sûr, nous avons tous les quatre éprouvé à cet instant.
Il est intéressant de savoir que la biologie a permis aux anthropologues de découvrir que les différences génétiques entre les races sont moins importantes qu’on ne le croyait. Cette constatation peut ouvrir des voies utiles. Il nous faut, cependant, encore aller au-delà du concept strictement matériel de l’homme, pour trouver son identité spirituelle dont fait état le Nouveau Testament. Grâce à une compréhension croissante de l’origine et de la nature spirituelles de l’homme, nous pouvons aider à effacer de la conscience humaine les stéréotypes liés aux races ou aux ethnies.
Christ Jésus dit: « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. » Le message guérisseur du Christ ne connaît aucune barrière politique, géographique, raciale ou autre. Chacun peut prier afin d’embrasser l’humanité entière dans son cœur et d’éliminer toute trace de racisme qui pourrait subsister en lui.
La prière, « ne nous induis pas en tentation », s’applique aussi à la tentation de se sentir supérieur ou inférieur aux autres en quoi que ce soit. L’exemple de Pierre et de Corneille montre comment tous, hommes, femmes et enfants, peuvent être bénis, indépendamment de leur origine raciale ou ethnique. Et cela est possible parce que, fondamentalement, l’homme n’est pas un mortel caractérisé par une race ou par certaines conditions, mais il est l’enfant spirituel bien-aimé de Dieu, inséparable du bien que Dieu prodigue à tous Les Siens.