Il y a plusieurs années, alors que je vivais dans un quartier où se côtoyaient plusieurs races, un homme entra par effraction dans l’appartement d’une voisine et lui fit subir des sévices sexuels. Cette femme vint habiter chez moi jusqu’à ce qu’elle se sente assez rassurée pour pouvoir demeurer seule. Dans les jours qui suivirent, je priai souvent, non seulement pour réconforter et soutenir mon amie, mais aussi pour me remettre du choc que j’avais moi-même éprouvé.
Mon amie, qui était aussi Scientiste Chrétienne, retrouva vite sa paix intérieure et son équilibre grâce à la prière, et elle put retourner dans son appartement. Cet incident, cependant, eut un fâcheux contrecoup en ce qui me concerne: j’étais saisie d’une peur intense, d’une vraie panique, chaque fois que je croisais un homme de la race de celui qui avait agressé mon amie. Cette situation me préoccupait beaucoup. En tant que disciple de Christ Jésus, je savais combien il est essentiel d’aimer son prochain comme soi-même. Une réaction de crainte n’est pas une manifestation d’amour, et ce n’était pas ainsi que je désirais voir mon prochain.
On demanda un jour à Jésus d’expliquer qui était ce prochain que nous devions aimer. Il répondit en insistant sur la nécessité d’être miséricordieux et compatissant. Je savais que, pour aimer comme nous l’enseigna Jésus, je devais voir en chacun, y compris l’individu qui avait commis cet acte dépravé, l’homme créé par Dieu, pur, innocent et jamais esclave de la sensualité. J’avais très envie d’y parvenir. Mais j’avais aussi besoin d’être sûre que nul ne pouvait être lésé ni souffrir parce que quelqu’un d’autre ne vivait pas en conformité avec sa véritable nature divine.
En priant, je me souvins de deux phrases écrites par Mary Baker Eddy dans Science et Santé: « Dieu l’arrêtera. La justice divine l’emmenottera. » Cette affirmation fait partie d’un chapitre qui traite des différents aspects du péché et de la façon de les surmonter. En approfondissant le passage cité à la lumière de tout le chapitre, je fus convaincue que ceux qui ont commis des méfaits sont arrêtés et mis hors d’état de nuire, et que les innocents sont protégés, grâce à la compréhension de la toute-puissance de Dieu. (Dans le cas en question, l’agresseur fut arrêté très rapidement.)
Comme je ne pouvais me défaire de la crainte que pareille agression ne se produise, contre moi ou une autre, il m’apparut clairement que je devais continuer d’aimer mon prochain, de voir au-delà de la dépravation et de la sensualité qui tendent à s’attacher à une personne, et qu’il me fallait continuer de reconnaître l’identité spirituelle réelle de l’homme, l’enfant de Dieu. Je priai avec persévérance pendant plusieurs semaines dans ce sens. Un dimanche matin, à l’église, alors que j’écoutais le soliste chanter les louanges de Dieu, je sus que j’étais libérée de la peur.
Cette guérison eut d’intéressantes répercussions. A la suite d’une crevaison, je dus un jour changer une roue. Alors que j’essayais sans grand succès de desserrer les boulons, un homme de grande taille, qui appartenait à la race que j’avais tant redoutée, s’approcha et insista avec beaucoup d’amabilité pour changer ma roue. Peu après, je passai sur un profond nid-de-poule, et c’est ma roue de secours qui creva ! J’eus à peine le temps de me demander ce que j’allais faire, qu’un homme de la même race vint à mon aide. En apprenant que je n’avais plus de roue de rechange, il m’expliqua comment conduire sans danger ma voiture jusqu’à la station-service où mon autre roue était en réparation.
Lorsque, par la suite, je repensai à la gentillesse de ces deux hommes, je me rendis compte à quel point la guérison était complète.