Il Est Probable qu’à un moment ou à un autre, la plupart des gens se sentent si perturbés par une situation ou par quelqu’un qu’ils cherchent un endroit où s’échapper. Un chat poursuivi par un chien grimpera à toute allure dans un arbre. Un enfant brutalisé dans la cour de l’école ira se cacher pendant la récréation. Il y a bien sûr des moments où il paraît logique, et souvent sage, de se mettre à l’abri du danger.
Mais qu’en est-il des pensées et des sentiments agressifs, de la crainte de la maladie, de la souffrance, de la mort, de la haine et de l’immoralité ? Où se réfugier face à de tels ennemis ? En quel endroit les vaincre ?
Le simple fait de changer de lieu, de se cacher à la vue du mal ou de feindre de l’ignorer n’apporte pas vraiment la solution. Notre refuge n’est pas tant dans un lieu que dans la compréhension de ce que nous sommes: la création spirituelle de Dieu. Cet état de conscience n’a rien à voir avec l’attitude consistant à entretenir des pensées gaies tout en essayant de faire taire les mauvaises. Il s’agit du refuge du sens spirituel, où nous percevons que Dieu est en vérité notre Entendement — tout-puissant, aimant et par conséquent absolument imperméable au mal. Et puisque cet Entendement est Dieu, le Tout infini, le mal ne peut avoir ni pouvoir ni substance dans Son royaume.
Étant donné que Dieu est Tout et qu’Il connaît tout, la seule chose qu’Il puisse connaître, c’est Sa propre infinitude et Son pouvoir suprême. J’ai tout à coup eu conscience de cela un beau matin. J’ai alors pensé que Dieu connaissait en moi Son idée spirituelle, l’homme. Il n’existait, en réalité, ni entité ni pouvoir en dehors de Lui, qui soit susceptible de me connaître ou de m’influencer. Je n’ai plus eu le sentiment d’être une faible mortelle et j’ai su à ce moment-là que j’étais l’idée même de Dieu.
Dans un poème intitulé « Prière du soir de “Mère” » (Écrits divers), Mary Baker Eddy écrit ceci:
Seul l’œil mortel voit l’embûche, le rets ;
Notre refuge est dans l’Amour divin,
Et du Très-Haut la demeure est tout près:
Son bras encercle tendrement les Siens.
Pour moi, cette strophe évoque une conscience de la totalité de l’Amour divin et de Sa loi omnipotente telle que les divers aspects du mal, si malveillants qu’ils paraissent, perdent leur pouvoir de terrifier. Dans cet état de pensée, nous comprenons que l’Amour est notre Vie même.
Ce n’est certainement pas tourner le dos aux multiples formes que le mal prétend revêtir, ni faire preuve de stupidité ou d’insensibilité. Mais à mesure que nous comprendrons que l’homme vit dans la demeure de l’Amour, nous verrons que « l’embûche, le rets » sont impuissants. De nombreux épisodes de la carrière de Jésus confirment cette approche. Lorsqu’il dormait paisiblement à l’arrière du bateau pendant une violente tempête, ou lorsqu’il sortit indemne de la foule prête à le tuer, la présence de l’amour de son Père dut lui paraître beaucoup plus tangible et bien plus réelle que la menace apparente (voir Marc 4:35–41).
Il faut souvent un immense courage pour voir le néant du mal sous ses masques menaçants. Mais il n’existe pas d’autre moyen de trouver un refuge. Tant que nous croirons être des mortels en quête d’immortalité, au lieu de reconnaître notre statut actuel d’enfants spirituels d’un Dieu tout amour, nous continuerons à nous considérer tous vulnérables.
Un soir où j’étais en train de préparer le dîner, mon mari sortit faire du jogging. Peu de temps après son départ, je fus assaillie par l’idée qu’un événement tragique pourrait me séparer de lui. Ces pensées insidieuses s’imposaient avec une telle force que j’en fus perturbée et commençai à me sentir physiquement malade. Ayant enseigné le matin même à l’école du dimanche de la Science Chrétienne, j’avais commenté avec mes élèves ce verset tiré des Psaumes: « Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. » Tandis que je priais ce soir-là à cause des craintes que j’éprouvais au sujet de mon mari, je me suis soudain rappelé que j’avais demandé à mes élèves où, selon eux, se trouvait ce « refuge ». Je me posai alors la même question concernant mon refuge, sentant que la crainte et la maladie s’étaient emparées de moi. Je pensai: « Oui, Dieu est mon refuge. Mais comment ? Et où ? »
En pensant que Dieu était l’Entendement, je compris qu’Il était mon refuge parce qu’étant mon Entendement, Il était en réalité avec moi. Il ne s’agit pas d’un immense Entendement, localisé quelque part, que j’essaie de refléter. Étant Sa créature, je ne peux être consciente que de Sa présence qui est la base et la substance même de ma pensée et de mon être. Dieu étant mon Entendement, je ne peux pas avoir un entendement distinct, vulnérable et sans protection. Comme l’Entendement est infini et Tout, il ne peut être conscient que de la présence du bien, car la création de Dieu n’est pas constituée d’autre chose. Il me fallait rejeter radicalement la notion que j’étais une faible mortelle, dans un univers mortel, luttant afin de rejoindre Dieu dans Son univers, pour accepter l’exactitude du point de vue opposé selon lequel l’homme, l’expression de Dieu, est Sa création indestructible. Si Dieu ne peut être anéanti, Son idée, l’homme, ne peut certainement pas l’être non plus.
Je continuai de prier ainsi jusqu’à ce que je fusse absolument convaincue du rapport immuable et indestructible qui existe entre Dieu et Sa précieuse idée, l’homme. Je trouvai la paix, et les ennuis physiques cessèrent. Je ne craignis plus d’être menacée par un danger. J’étais libérée, avant même le retour de mon mari, sain et sauf.
Quelles que soient les circonstances, notre refuge est toujours à notre portée. On ne le trouve pas dans un abri anti-aérien, une vie de solitude, une drogue ou la boisson, mais dans la compréhension du fait que Dieu, l’Entendement divin, est la seule présence et le seul pouvoir réels. Que la menace qui se dresse devant nous semble provenir de notre propre imprudence ou de notre ignorance, de notre environnement, de circonstances qui échappent à notre contrôle ou de la malveillance de quelqu’un, tout se ramène à la croyance à une intelligence en dehors de Dieu, le bien. Et le mal ne semble réel et menaçant que dans la mesure où nous acceptons la croyance à un entendement distinct de Dieu, le Tout-Entendement.
Fonder notre sécurité sur la base de cet Entendement exige de la persévérance et de la ferveur. Cela implique le désir sincère d’obéir à l’injonction de Paul: « Ayez en vous cet entendement qui était en Christ Jésus » (Philippiens). Mais, lorsque grâce à nos efforts, nous connaissons ne serait-ce qu’un petit succès, nous découvrons une paix qui nous convainc que la sécurité n’a pas d’autre base réelle.