Les femmes ont toujours été présentes sur les champs de bataille. Beaucoup se sont dévouées infatigablement aux malades et aux blessés. Quelques-unes, soldats, se sont même battues. La plupart, cependant, ont donné de leur personne d’une manière moins spectaculaire mais tout aussi héroïque. Elles ont « fait leur devoir » à la maison, soutenant les êtres chers qui étaient au combat et priant pour eux. Et on les remarque depuis longtemps à l’œuvre pour libérer les victimes de la maladie et du péché.
Il est vrai que la marche en avant de la condition féminine a souvent été laborieuse, entravée par les préjugés et les limitations. Et pourtant, de tous temps, des femmes dévouées ont franchi les obstacles qui s’opposaient à leurs progrès.
Christ Jésus n’a jamais insinué que les femmes puissent manquer des qualifications nécessaires pour être admises dans le royaume des cieux. L’une de ses paraboles les plus brèves, mais les plus évocatrices, parle d’une femme qui a placé du levain dans trois mesures de farine. Voir Matth. 13:33. En observant au-dessous de la surface (au sens propre et au sens figuré), un commentateur de la Bible remarque qu’une sorte de combat est en train de s’effectuer: « Lorsqu’on place la pâte sous un microscope, elle ressemble à un vrai champ de bataille à cause de l’effet du levain sur la farine: l’assaut et la pénétration rencontrent une résistance farouche jusqu’à ce que, tout ayant été conquis, la paix s’installe. » The Abingdon Bible Commentary (Nashville, Tennessee: Abingdon Press, 1929), p. 978. Il est à remarquer que la femme de la parabole sert de catalyseur à la fermentation, mais qu’elle n’est jamais incluse dans le processus.
Comme le levain, le progrès se poursuit, incitant l’humanité à accepter les droits des fils et des filles de Dieu. Le monde tremble tandis que des croyances matérielles séculaires s’efforcent d’affirmer une pseudo-autorité sur la vérité spirituelle. Ayant prévu ce conflit entre deux forces opposées, Mary Baker Eddy écrivit dans Science et Santé: « Dans cette période révolutionnaire, tel le jeune berger avec sa fronde, la femme s’avance pour combattre Goliath. » Science et Santé, p. 268.
Bien sûr, cela ne veut pas dire que la combativité et les luttes incessantes s’allient à la sainteté pour permettre d’atteindre une réforme véritable et permanente. Alors qu’il se préparait pour rencontrer un ennemi redoutable, David rejeta les armes traditionnelles du monde (voir I Sam. 17:38–40). De la même façon, la femme qui rejette la tentation subtile d’employer des armes prétendues « féminines » comme le sentimentalisme, la dépendance ou la ruse — tout comme l’homme qui refuse les armes « masculines » de l’agressivité et de la domination — progresse en découvrant et en prouvant la domination donnée par Dieu. L’Amour divin, exprimé dans la compassion, la miséricorde et la douceur peut guérir les blessures profondes et adoucir les cœurs endurcis.
J’étais assez jeune au début du mouvement féministe, aux États-Unis, et tout cela me rendait bien perplexe. L’élément vociférateur qui tendait à catapulter ses revendications sur la scène publique ne m’inspirait pas confiance. Pourtant, je me jugeais très concernée par les injustices infligées aux femmes par le passé et dans le présent, d’autant plus que je ressentais les répercussions de ce problème de société dans ma propre existence. Pendant quelque temps, plusieurs de mes amis masculins n’avaient pas respecté mes points de vue sincères sur nombre de sujets, y compris la condition des femmes; et, lorsque nous discutions, ils s’étaient souvent montrés indifférents, agacés ou même irrités. Je croyais que les femmes étaient difficilement prises au sérieux et que c’était là malheureusement une croix à porter par notre sexe.
Plus tard, le problème prit des proportions plus importantes. Je savais que ni les techniques psychologiques — comme la pratique de l’autorité — ni les joutes d’esprit ne pouvaient vraiment apporter de guérison. La solution résidait dans une meilleure compréhension de Dieu, de la plénitude et de la perfection de Sa création, l’homme générique — l’homme et la femme dont il est question dans le premier chapitre de la Genèse.
Me plongeant dans les Écritures, j’examinai le cas des femmes dont la spiritualité était telle qu’on les avait honorées et qu’on s’était souvenu d’elles depuis leur époque, il y a des siècles. Entre autres, il y avait Débora, Abigaïl, Ruth et Anne ainsi que celles qui ont bénéficié de l’enseignement de Jésus. Leur sagesse et leur inspiration contrastaient parfois avec les pratiques courantes.
Par exemple, nous lisons qu’Anne, absorbée par sa prière, avait déconcerté Éli, le prêtre, au point qu’il l’avait crue ivre. Voir I Sam. 1:9–18. La prière silencieuse n’était apparemment pas courante à cette époque. Le fait qu’Anne y ait eu recours peut représenter un pas décisif en direction d’une nouvelle façon, plus élevée, d’adorer Dieu.
Poursuivant mon étude, je découvris que les femmes étaient généralement celles qui célébraient les victoires ou même en étaient les messagères (voir Ps. 68:12). Se conformant à cette tradition, les prophétesses Myriam et Débora chantèrent à la gloire de Dieu après les succès militaires obtenus par leur peuple et Marie-Madeleine courut annoncer aux disciples la victoire de Jésus sur le « dernier ennemi », la mort. La fidélité de ces femmes montre que des voix qui s’élèvent pour célébrer la toute-puissance et la bonté de Dieu ne sauraient être réduites au silence.
Alors que je réfléchissais à ce thème des Écritures, la vision de saint Jean, qui est rapportée dans l’Apocalypse, me vint à l’esprit: au chapitre 12, il décrit le triomphe de la femme « enveloppée du soleil » sur les assauts violents et répétés du dragon rouge qui représente le mal. Expliquant la signification de cette allégorie, Mary Baker Eddy écrit dans Science et Santé: « La Vérité et l’Amour triomphent du dragon parce que le dragon ne peut lutter avec eux. » Et plus loin, elle poursuit ainsi: « Le douzième chapitre de l’Apocalypse symbolise la méthode divine du combat en Science, et les résultats glorieux de ce combat. Les chapitres suivants dépeignent les conséquences funestes qu’entraîne la tentative de combattre l’erreur par l’erreur. » Science et Santé, p. 567, 568.
J’étais tellement reconnaissante de me souvenir que l’une des responsabilités primordiales des disciples du Christ consiste à répondre à la haine et à l’erreur par l’Amour et la Vérité ! J’avais accepté le fardeau de combattre ce que j’estimais être le « dragon » de l’intolérance ou du manque de respect et j’avais appris que, même si les motifs sont nobles, les efforts qu’accomplissent les humains pour changer les attitudes et les coutumes sont voués à l’échec s’ils ne viennent d’une impulsion divine. Je me rendis compte que l’émancipation de la femme (comme celle de l’homme) n’est pas du tout gagnée par un combat corps à corps, par des manifestations, par des arguments ou par un refus de relever les défis. Pourquoi ? Parce qu’une libération authentique de tout mal nous a déjà été donnée par notre Père-Mère céleste, Dieu. Sur le lieu même du combat, à l’endroit même où la fumée de la bataille est épaissie par la rage et l’irritation de l’entendement charnel, l’Amour divin protège et soutient la véritable féminité et la véritable masculinité. L’Amour remporte ses batailles par l’amour.
Pendant plusieurs années après sa découverte de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy et ses enseignements furent fréquemment attaqués de façon malveillante. Et pourtant, sans cesse, elle faisait tout pour aider et guérir — pour répondre à la haine de l’entendement mortel par la douceur et une tendre patience. Plus d’une fois, un élève égaré la quitta avec des larmes de repentir, rendu humble par son amour vrai et plein de compassion.
Je fus profondément touchée et affermie par ces leçons, et, à mesure que se modifiaient mes concepts de Dieu, de la féminité et de la masculinité, les stéréotypes que j’avais acceptés involontairement commençaient à perdre leur emprise sur moi. Je fus amenée à détourner les yeux de la terre vers le ciel pour y chercher la véritable identité spirituelle de chacun. Mes amis masculins avec lesquels j’étais en désaccord se montraient plus disposés à m’écouter et à considérer ce que j’avais à dire, et ce n’était pas surprenant puisque, de plus en plus, mes pensées et mes vues se fondaient sur une logique spirituelle au lieu d’une opinion personnelle.
Je vis que ce n’était pas à moi de défendre la féminité. C’est Dieu qui le fait, tout comme il défend la vraie masculinité. Le fait que Dieu est à la fois Père et Mère transperce la brume des malentendus humains, illumine la vie de ceux qui connaissent Dieu en tant qu’Esprit. La Science Chrétienne embrasse cette grande vérité, reconnaissant que Dieu est notre Parent tendre et impartial, qui n’a jamais voulu d’une création mortelle dont la moitié serait soumise à l’autre moitié. L’enfant de Dieu est totalement spirituel, intact et en paix.
Ma façon de penser étriquée s’élargit à l’aide d’un raisonnement spirituel et de la révélation de la Science Chrétienne; et, quand on débattait de points délicats, je m’appuyais plus souvent, silencieusement, sur la Parole incontestée.
La Science Chrétienne enseigne que la liberté de la femme et de l’homme n’est jamais entravée — même en temps de bouleversements et d’agitation. Bien sûr, on peut être tenté d’éviter de s’engager dans l’armée de Dieu de peur de se mesurer à la vague des croyances mortelles bien enracinées. Il se peut que cette attitude nous mène à essayer d’éviter un conflit à tout prix. Mais, dans les images se rapportant aux batailles fréquemment employées par Mary Baker Eddy, il nous est montré que la vérité exige de ses adhérents un engagement courageux et total. Notre Leader souligne que la paix récompense finalement les efforts de ceux qui sont prêts à prendre les armes pour défendre la liberté de l’humanité, liberté qui est un don de Dieu. Son sermon qui dédicaçait L’Eglise Mère nouvellement bâtie en 1895 contient ces paroles: « Notre assurance se trouve dans la certitude que nous vivons dans la Vérité et l’Amour, la demeure éternelle de l’homme. Cette assurance céleste met fin à toute lutte et fait cesser le tumulte, car le bon combat que nous avons livré est terminé, et l’Amour divin nous donne le vrai sens de la victoire. » Pulpit and Press, p. 3.
La prière inspirée élève la pensée jusqu’au sommet de la révélation. Elle dévoile, dans la Science, cette vérité puissante: la femme possède la domination sur toutes les prétendues lois matérielles susceptibles de la limiter, y compris la « malédiction » prononcée contre Ève, qui voudrait l’asservir aux plaisirs et aux douleurs d’un corps physique. Sa véritable identité spirituelle n’est pas souillée par la luxure, soumise à la brutalité, ignorée par l’indifférence ou amoindrie par la condescendance. Elle est tendrement liée au cœur de Dieu, qui suscite et soutient sa pureté inappréciable ainsi que son droit divin à exprimer l’intelligence infinie.
Ceux qui découvrent la vraie masculinité se réjouissent de la libération qui accompagne la découverte de la vraie féminité, car toutes deux doivent être comprises par tous. S’unissant humblement aux pieds de leur Père-Mère Dieu, les hommes et les femmes serrent les rangs face à tout ce qui tend à résister au développement de l’idée spirituelle. Ce faisant, ils deviennent partenaires dans l’ascension de la montagne de la sainteté, que gravit l’humanité.