Les écrits de l’apôtre Paul ont fait beaucoup, tout au long des siècles, pour imprimer une direction à la vie spirituelle des chrétiens du monde entier. Aucun autre écrit, au temps de l’Église primitive, n’a certes exercé une influence aussi large ou aussi permanente sur la conduite des chrétiens.
On s’aperçoit, en lisant les épîtres de Paul, qu’il était parfaitement au fait des questions qui agitaient son époque ainsi que des courants de pensée. Et il a souligné le combat qu’allait devoir mener un christianisme encore dans l’enfance contre nombre de coutumes sociales, établies de longue date, propres à l’époque où s’organisait l’Église.
Depuis deux millénaires, les penseurs religieux portent naturellement une attention particulière aux directives contenues dans les écrits de l’apôtre. De nos jours encore, de nouvelles recherches sont effectuées par des théologiens éminents et des étudiants de la Bible à propos de ces mêmes épîtres.
Les débats théologiques actuels soulèvent la question de savoir si les exhortations précises données par Paul sont à prendre au pied de la lettre par la communauté chrétienne des années 80, ou s’il s’agit essentiellement de déclarations concernant avant tout l’époque où elles furent écrites. On comprend pourquoi certains observateurs contemporains voient dans les écrits de Paul des éléments quelque peu étrangers aux styles de vie du siècle présent. Pourtant on trouve ce commentaire chez un exégète: « Paul a traité des problèmes qui ne sont que trop familiers à tous ceux qui s’intéressent à la religion ... Il a compris que le péché ne consiste pas simplement à mal se conduire; c’est l’état où se trouve quiconque tente de faire « fonctionner » le monde, sans s’occuper de Dieu comme il se doit. » Kenneth L. Woodward, « How to read Paul, 2,000 years later » (Comment lire Paul, 2 000 ans plus tard), Newsweek, 29 février 1988, p. 65.
Si, par faire « fonctionner » le monde, on entend vivre au jour le jour sans trop de tracas, ou même venir à un certain succès matériel, cela pourrait s’accomplir sans l’aide de Dieu. Mais ce genre de succès n’est-il pas à tout le moins fragile ? Et l’on serait en droit de demander: A quoi bon ? Quelle est la raison d’être d’une existence consacrée principalement au confort ou au gain personnels, sans avoir le sentiment de contribuer au bien général ? Peut-être une conception égocentrique de l’existence ne paraît-elle « fonctionner » qu’à un niveau très superficiel, car on peut se sentir malheureux et insatisfait quel que soit le succès matériel réalisé.
Voici l’exemple d’un de mes amis, qui s’était un beau jour retrouvé sans travail. Il avait charge de famille, aussi lui fallait-il tout de suite un emploi. Il jugea qu’il ferait mieux de changer de carrière, et son choix se porta alors sur un domaine où il pensa avant tout pouvoir gagner rapidement et facilement beaucoup d’argent.
Son plan semblait bon sur le plan humain. En le mettant en œuvre, les choses se déroulèrent tout d’abord exactement comme prévu. L’argent commença d’affluer. Mais, me disait-il plus tard, il n’avait pas abordé la situation en priant avec ferveur ni en se demandant comment il pourrait le mieux servir Dieu ou être utile aux autres. Au bout d’un certain temps, cet ami se rendit compte à quel point ses efforts semblaient vains et sans objet: il ne se sentait pas heureux.
Quand il réussit enfin à se tourner vers Dieu avec humilité pour trouver une meilleure façon d’employer son existence, il prit la décision d’abandonner sa nouvelle carrière. Il continua de prier et bientôt il fut conduit à répondre à une petite annonce parue dans le journal local. Cette annonce concernait un emploi à un faible tarif horaire et qui, en fait, paraissait insuffisant pour permettre de faire face aux dépenses familiales courantes.
Il posa pourtant sa candidature; mais l’entrevue avec le propriétaire de l’affaire se prolongea pendant plusieurs heures. Et, au lieu d’être engagé pour le poste proposé, il se vit offrir la direction d’un magasin. Cet emploi lui a fourni de nombreuses occasions de croître spirituellement et de mieux servir les autres. Ce nouveau travail s’est avéré, sous de multiples aspects, bien plus satisfaisant que le précédent.
Dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé, Mary Baker Eddy parle de la futilité profonde d’essayer de vivre sans objectifs spirituels. Et elle note: « Les mortels s’imaginent pouvoir vivre sans être bons, alors que Dieu est bon et qu’Il est la seule Vie réelle. » Science et Santé, p. 328.
Comment l’existence pourrait-elle vraiment fonctionner, si nous n’exprimons pas ce qui est au cœur même de tout être réel ? La Science Chrétienne enseigne que Dieu est le bien infini, l’origine de notre véritable identité, en tant que ressemblance spirituelle de notre Créateur. Et si Dieu est bon, et si nous sommes en vérité Son expression, la seule façon de faire bien fonctionner les choses, c’est de nous efforcer consciencieusement de toujours incarner la bonté de Dieu. Cela signifie suivre la volonté de Dieu d’aussi près que nous savons le faire, dans toutes nos pensées, dans toutes nos paroles, dans tous nos actes. Alors, nous ne permettons ni à l’argent, ni à la vanité, ni au presige personnel, ni aux « choses » de nous mobiliser, d’influencer nos désirs ou de dévoyer nos mobiles et nos buts.
Christ Jésus a parlé un jour de chercher « premièrement le royaume et la justice de Dieu » Matth. 6:33.. Piur l’apôtre paul c’était là ce que signifiait être un chrétien. Et lorsque nous comprenons bien que c’est cherchant ce royaume — cette réalité divine — que nous trouvons aussi notre identité d’enfant de Dieu, créé spirituellement à Son image et à Sa ressemblance, nous avons découvert le moyen d’être vraiment heureux, productifs et comblés. Nous avons découvert comment faire « bien fonctionner » notre existence.
Frères, je ne pense pas l’avoir saisi ;
mais je fais une chose:
oubliant ce qui est en arrière
et me portant vers ce qui est en avant,
je cours vers le but, pour remporter
le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.
Nous tous donc qui sommes parfaits,
ayons cette même pensée ;
et si vous êtes en quelque point d’un autre avis,
Dieu vous éclairera aussi là-dessus.
Philippiens 3:13–15