Qui n'a pas eu, un jour, un mot malheureux, destiné à faire rire aux dépens de quelqu'un, et n'a souhaité ensuite que ses propos soient oubliés ? En pareilles circonstances, il est possible qu'une erreur implicite dans la pensée soit en train de remonter à la surface afin d'être guérie.
Ce genre de pensée critique est-il conscient du fait que l'Amour divin, qui embrasse sa création illimitée d'idées spirituelles parfaites, inclut tout dans son étreinte ? Nul ne peut être tenu à l'écart dans le royaume de Dieu. Pour l'Amour divin infini, jamais aucune de ses idées n'est de trop, jamais aucune n'est incompétente ni repoussante. Dieu aime et entoure tendrement chaque individualité spirituelle au sein de Sa perfection absolue. Dans Science et Santé, le livre d'étude de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy écrit: « L'Amour est impartial et universel dans son adaptation et dans ses dispensations. C'est la fontaine jaillissante qui crie: "O vous tous qui êtes altérés, venez à la source des eaux !" » Science et Santé, p. 13.
L'exclusivisme vient de la conviction que, le bien étant limité, il n'y en aura pas assez pour tout le monde, ou encore que certains méritent moins que d'autres d'en bénéficier. Cette façon de voir se fonde sur la croyance que la vie et l'intelligence, la satisfaction et le bien résident dans la matière, que celle-ci est substance et que l'homme est à la fois bon et mauvais. L'envie, la cupidité ou la crainte prétendent inciter un grand nombre de personnes à considérer les autres comme des concurrents et à les priver de quelque avantage en s'efforçant de régler leurs actions. La manipulation, les lois arbitraires et la critique destructive sont quelques-unes des méthodes employées pour exclure.
Les préjugés sur l'âge, la race, l'éducation, la religion, l'affiliation politique, le statut social, la profession, la couleur de peau, le dialecte ou le sexe conduisent les mortels à se laisser aller à des comportements d'exclusion, à faire passer l'intérêt personnel avant le bien-être d'autrui. Une telle attitude provient du concept mortel limité de l'homme, du rêve adamique inconscient du fait que Dieu est la seule vraie cause et que l'être harmonieux et équilibré est le seul effet réel. La croyance en un mal personnel peut sembler une excuse légitime pour exclure les autres ou leur retirer notre amour. La Science Chrétienne nous apprend au contraire à détruire cette croyance en dissociant mentalement le mal, ou erreur, de la véritable identité de chacun. Mary Baker Eddy écrit: « Vous pouvez condamner le mal dans l'abstrait sans nuire à quiconque ni à votre propre sens moral, mais ne condamnez que rarement les personnes, pour ne pas dire jamais. » The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 249.
Même si l'erreur soutient obstinément le contraire, il ne s'agit jamais de changer autrui, mais de rapprocher de la Science de l'être le concept que nous en avons, au point de pouvoir discerner en lui l'homme spirituel parfait de la création de Dieu. Lorsque nous voyons la nature impersonnelle de l'erreur et son néant, il nous est possible de ressentir un amour sans restriction.
Il se peut que nous ayons besoin d'examiner régulièrement notre pensée pour vérifier qu'elle n'abrite aucun exclusivisme. Le désir inavoué d'exclue des « indésirables » ne s'est-il pas glissé dans notre pensée, avec l'espoir éventuel qu'ils aillent faire leur expérience ailleurs ? Nous arrive-t-il de dénigrer le caractère ou la conduite de quelqu'un au lieu de rectifier notre propre façon de voir ? Comptons-nous sur les possessions ou les activités matérielles pour faire valoir notre mérite ou notre supériorité, au lieu de voir que toutes les identités sont entièrement spirituelles, chacune reflétant la subsistance et les fruits abondants de l'Esprit ? Notre Leader, Mary Baker Eddy, écrit: « Il faut écarter la popularité, l'ambition personnelle, tout ce qui peut obscurcir tant soit peu notre spiritualité. Seul ce qui nourrit et comble la pensée en la détachant du monde matériel peut apporter la paix et la bonne volonté envers les hommes. » Pulpit and Press, p. 21.
Nous pourrions nous poser aussi une autre question: « Ne suis-je pas en train de m'exclure moi-même de l'amour de Dieu ? Est-ce qu'en vertu d'un sentiment subtil d'envie ou d'insuffisance, je ne me laisse pas impressionner par l'aspect extérieur du travail des autres, au point de ne plus voir la profusion de bien que Dieu me donne, et celui qu'Il dispense à travers moi ? » Si c'est le cas, il nous faut peut-être acquérir une compréhension plus exacte de notre vraie nature spirituelle et cultiver un sentiment plus vif de gratitude pour le bien que nous reflétons.
Peut-être estimons-nous que nous sommes victimes de l'exclusivisme d'autres personnes. A mesure que nous comprenons que l'homme est entièrement spirituel et que nul n'a le pouvoir d'exclure ou de tenir à l'écart une idée spirituelle de Dieu, nous constatons que Dieu gouverne notre vie et nous ne craignons plus d'être manipulés ou exclus. La crainte disparaît, et avec elle le désir impulsif de réagir violemment, au nom de l'auto-défense ou par vengeance. Les qualités d'humilité, de tolérance, d'abnégation et de clémence, dont la source est en Dieu, élèvent la pensée, en permettant de comprendre plus facilement la vérité de l'être et l'irréalité de l'erreur. A l'inverse, celui qui réagit aux actions des autres au lieu de répondre à l'impulsion du Christ s'enfonce encore davantage dans les fausses croyances lorsqu'il se laisse aller à la riposte et au ressentiment. Rendre la pareille prouve que l'on se considère, et que l'on considère autrui, être un mortel pourvu d'un entendement, d'une volonté et d'une nature qui lui soient propres.
Christ Jésus donna cet ordre: « Ne jugez pas selon l'apparence, mais jugez selon la justice. » Jean 7:24. D'ailleurs, le Maître n'excluait pas ceux qui rejetaient la vérité qu'il enseignait. Il se séparait parfois d'eux, mais jamais il ne préconisa la moindre forme de représailles. Lors de son arrestation, il guérit le serviteur du souverain sacrificateur dont Pierre avait coupé l'oreille. Auparavant, Jésus avait reproché à ses disciples leur désir de vengeance, en disant: « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l'homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver. » Luc 9:55, 56. Il ne permit pas non plus que l'œuvre de sa vie fût limitée par l'exclusivisme des autres à son égard. Il savait que le jugement divin, le seul jugement véritable, n'admet ni rejet ni châtiment. Comme l'explique la Science Chrétienne, l'erreur se punit elle-même, parce qu'elle s'écarte de la Vérité, mais Dieu, le bien, n'a conscience d'aucun mal.
Nous pouvons, nous aussi, surmonter l'exclusivisme en cédant à l'esprit du Christ qui demeure dans notre conscience et qui apprécie la valeur innée et l'individualité spirituelle distincte de chacun. Dieu S'exprime par l'homme dans une heureuse et infinie diversité. La compréhension de la véritable nature illimitée de l'homme, le reflet spirituel, détruira les fausses croyances qui se manifestent dans le monde sous forme d'exclusivisme.
A mesure que nous exprimerons l'impartialité de l'Amour divin, nous constaterons que nos pensées s'élèvent au-dessus de la matérialité, de l'égoïsme, de la tendance à juger, pour parvenir à une affection plus pure et plus spirituelle. Nos aspirations mêmes seront spiritualisées. Nous chercherons à servir Dieu plutôt que le moi.
Chacun de nous souhaite ardemment sentir l'approbation sans réserve et l'étreinte affectueuse du Père. Cependant, la nature même de l'Amour divin exige pour cela que nous comprenions que tous les hommes sans exception sont inclus dans cette étreinte. Christ Jésus dit: « Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » Jean 13:34. Ouvrons notre pensée à l'Amour divin qui inclut tout. Aimons-nous les uns les autres !
