Un jour de Thanksgiving (jour d’actions de grâces aux États-Unis, qui se célèbre fin novembre), notre fils nous téléphone d’un endroit éloigné d’environ 9 000 kilomètres pour nous dire qu’il a rencontré « la femme de ses rêves » — ce sont ses propres termes — et qu’il souhaiterait l’amener à la maison pour Noël. Trois jours plus tard, il retéléphone, cette fois pour demander si en même temps que la fête de Noël, nous pourrions aussi préparer un mariage.
Il faut que je vous dise que pendant plus de vingt-cinq ans, je m’étais préparée à répondre avec grâce à une telle question venant de l’un ou l’autre de nos enfants. Je m’en tirai assez bien, je crois, ce jour-là. Et les préparatifs commencèrent.
Moins d’un mois plus tard, le jeune couple descendait de l’avion. Nous étions terriblement impatients de voir arriver « la femme des rêves » de notre fils. Elle était absolument splendide. Ses cheveux blonds défiaient le bon sens. Ils arrivaient à quelques centimètres de ses hauts talons. Pour autant que nous puissions en juger, elle ne mangeait que du chocolat, et la mécanique n’avait pas de secret pour elle.
Ce ne fut qu’après une longue journée et soirée que mon mari et moi nous sommes retrouvés seuls dans notre chambre. « Alors, que penses-tu d’elle ? » lui demandai-je, toute prête, en réalité, à lui faire part de ma propre opinion. La réponse de mon mari donna le ton pour les années à venir, plaçant le mariage et la famille de notre fils à l’abri de la critique mesquine.
« Nous n’allons rien penser d’elle, répondit le futur beau-père, nous allons simplement l’aimer. »
Je reconnus la loi de l’Amour quand je l’entendis. Jésus a dit: « Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » Jean 13:34. Je savais que le Guide n’avait pas voulu dire: « Parlez d’abord une bonne fois les uns des autres. » Mais trouverais-je l’humilité, l’abnégation de soi nécessaires pour obéir ?
On frappa à la porte. C’était notre fille, et elle se glissa dans la chambre. « Alors ? » fit-elle.
Je répétai l’injonction de son père. Son visage marqua la surprise et la satisfaction. C’était aussi ce que j’avais ressenti. Comme l'entendement humain aime juger ! Mais quand on lui montre une meilleure voie, il peut céder.
On frappa de nouveau à la porte et un autre membre de la famille entra. Avant que son jeune frère ait même pu ouvrir la bouche, notre fille secoua la tête et déclara: « Papa dit que nous ne pouvons pas parler d’elle. Nous pouvons seulement l’aimer. »
Je n’oublierai jamais cette soirée dans notre chambre pleine. C’était la famille, dans le sens où Christ Jésus l’a enseignée: « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère. » Marc 3:35.
Il nous était demandé de faire la volonté de Dieu en obéissant à une autre exigence du Christ. Jésus a dit: « Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice. » Jean 7:24.
Réprimer la simple opinion humaine et aimer, c’est certainement juger selon la justice. Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: « L’unique Entendement, Dieu, ne renferme pas d’opinions mortelles. Tout ce qui est réel est compris dans cet Entendement immortel. » Science et Santé, p. 399.
Les opinions sont choses éphémères. Elles vont et viennent. L’amour qui émane de Dieu, de l’Amour divin lui-même, n’est pas fondé sur une opinion. Il n’augmente ni ne diminue. Il est ancré dans le bien immuable. Exprimer cet amour, c’est s’aimer les uns les autres comme Jésus l’a enseigné, et non pas réagir aux vues mortelles que l’on a d’un autre, à des vues partiales et erronées.
C’est cela l’amour du Christ qui guérit. Il fournit la dimension et la lumière dans lesquelles l’innocence et la plénitude spirituelle de chacun de nous peuvent être comprises. Cette nature spirituelle de l’homme, notre moi véritable, est toujours présente. Ce n’est pas une adjonction. C’est ainsi que Dieu a créé l’homme, et c’est ainsi que Dieu le maintient. L’amour est la lumière qui révèle la mesure parfaite, infinie de l’homme.
Ces enseignements de la Science Chrétienne nous ont été indispensables pour élever nos enfants. Ils ont été un levain spirituel, une influence qui guérit et transforme. J’ai cité ces passages de la Bible et de Science et Santé afin d’expliquer pourquoi le fait que leur père leur ordonne d’aimer leur belle-sœur avait paru naturel à nos enfants.
L’autre jour (presque quatre ans plus tard), notre belle-fille très aimée a demandé: « Qu’avez-vous pensé de moi quand je suis descendue de l’avion le premier jour ? » Nous nous sommes regardés, puis nos regards se sont portés sur la jeune mère, son bébé dans les bras. Et nous avons souri quand l’un de nous a dit: « Oh, nous n’avons rien pensé du tout. Nous t’avons simplement aimée. »