« Que chacun de vous emploie au service des autres le don qu'il a reçu, comme doivent le faire de bons administrateurs des diverses grâces de Dieu, » lisons-nous dans la première Épître de Pierre. Et dans le livre de texte de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 17), Mary Baker Eddy nous donne pour la cinquième phrase de l'oraison dominicale —« Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien »— cette interprétation spirituelle: « Donne-nous Ta grâce pour aujourd'hui; rassasie les affections affamées. »
Quelle activité sans souci et sans crainte régnerait dans le monde entier si chacun savait que son travail consiste à être administrateur « des diverses grâces de Dieu» ! Le trésor de Dieu offre sans cesse à profusion tous les fruits de l'Esprit —« l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. » Chaque jour nous devrions jouir abondamment de ces fruits et en faire bénéficier notre prochain.
Quelle que puisse être notre tâche, que nous soyons ménagère, mère de famille, commerçant, employé, ouvrier, étudiant ou cultivateur, comme membres de L'Église Mère et d'une église filiale nous sommes des « administrateurs des diverses grâces de Dieu. » S'il est bien compris, ce travail exclut tout sens purement personnel de responsabilité, de crainte concernant les ressources, d'amour-propre, d'orgueil ou de partialité; il remplace ces erreurs par la liberté spirituelle, la magnanimité, un amour universel et l'humilité qui sait que l'homme ne peut rien faire de lui-même, mais reflète spirituellement les qualités du Père dont il est l'image.
La Sunamite mentionnée au second livre des Rois nous offre l'exemple d'une bonne administratrice. C'était, nous dit la Bible, « une femme de distinction. » Mais ses multiples devoirs ne lui faisaient pas oublier les choses de Dieu. Elle offrait un repas au prophète Élisée chaque fois qu'il passait vers sa maison; et ceci prouve assurément qu'elle appréciait la nourriture spirituelle reçue par l'intermédiaire du prophète. Elle fit davantage encore, car elle et son mari construisirent à l'usage du prophète une chambre haute convenablement meublée, où il pouvait se reposer et travailler lorsqu'il s'arrêtait chez eux.
Plus tard, quand le fils qui lui était né en vertu d'une promesse tomba malade et mourut, elle ne s'abandonna point aux larmes ni aux plaintes. Fermant la porte sur ce qu'elle avait reconnu comme une fausse image, elle alla chercher du secours auprès d'Élisée le prophète. Lorsque son mari la questionna, elle répondit brièvement: « Tout va bien! » Dans sa détresse, elle eut recours au trésor de Dieu où elle puisa en abondance la paix, la patience et la foi qui aboutirent à la résurrection de son fils par le prophète Élisée.
On peut admettre que la foi puissante dont témoignait le mot « Bien! » donné en réponse au serviteur d'Élisée, avait élevé la pensée de la Sunamite plus haut que les préoccupations domestiques et prouvé qu'elle cherchait humblement la sagesse divine. Ceci l'aida au cours des sept années de famine qui ravagèrent plus tard le pays. En effet, le prophète Élisée, avec lequel elle était restée en rapport, l'avertit du danger et lui conseilla de partir avec sa famille pour une autre contrée. Elle obéit aux directions divines, et pendant les sept ans que dura la famine, elle séjourna dans le pays des Philistins. Puis elle revint dans son pays et s'adressa au roi pour recouvrer son domaine. A ce moment Géhazi, serviteur d'Élisée, racontait justement au roi l'histoire de cette femme; et le roi commanda qu'on rendît à la Sunamite tout ce qui lui appartenait, et même ce que ses terres avaient produit pendant son absence.
Lorsqu'une période de famine, avec les croyances de limitations et de souffrances qu'elle entraîne, semble se présenter pour nous, il faut nous rappeler que nous sommes les « bons administrateurs des diverses grâces de Dieu. » Il nous faut savoir que la grâce de Dieu est le remède infaillible contre toutes les suggestions de pénurie, et nous attacher fermement à cette pensée. Si nous persistons à ressentir et à exprimer l'amour et la joie, quelles que soient les difficultés de la lutte, le gain sera grand.
Ceci s'applique spécialement aux membres des églises Scientistes Chrétiennes; car ne doivent-ils pas accueillir ceux qui fatiqués et chargés, viennent aux cultes de la Science Chrétienne pour y trouver un refuge et des encouragements? Si les membres de l'église gardent dans leur conscience la foi puissante qu'impliquait la réponse de la Sunamite, ils se montreront généreux, pleins de grâce; ils offriront à leurs hôtes les fruits de l'Esprit — l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la douceur; et la reconnaissance de ceux qui auront été guéris sera pour l'église une bénédiction.
Ces croyances de pénurie sont particulièrement dangereuses lorsqu'elles prétendent restreindre ou même rendre impossible l'acquittement ponctuel de nos obligations envers l'église; car ceci entraînerait des suggestions de stagnation ou même de recul. Malgré le témoignage contraire des sens matériels, les fruits de l'Esprit — la grâce de Dieu — ne peuvent aboutir qu'à l'expansion. Il n'y a point de disette dans le royaume de Dieu; donc il n'y en a point pour nous, puisque c'est dans ce royaume-là que nous avons notre vraie demeure spirituelle. Lorsque accompagnée de sa famille, la Sunamite fut forcée de quitter sa maison, elle en franchit sans doute le seuil sans baisser la tête et avec ces paroles: « Tout va bien. » A la fin des sept années de famine, nous pouvons être sûrs qu'elle se rendit avec confiance chez le roi pour demander la restitution de son domaine. Cette persévérance et cette foi en la justice lui permirent de regagner toutes ses possessions d'autrefois jointes à leur revenu accumulé.
Le travail fait pour l'église offre abondamment l'occasion de compter toujours sur le bien; les membres qui résolvent de la sorte leurs problèmes individuels ne resteront pas en arrière lorsqu'il s'agira de l'église: ils avanceront avec joie vers le but de la foi, favorisant ainsi leurs propres progrès et ceux de leur organisation. La foi courageuse, l'espoir, la confiance, l'affirmation joyeuse du bien, élèvent les cœurs et produisent de bons résultats. Ces éléments procèdent de la Vérité; et comme le dit avec sagesse notre bien-aimée Leader (Science et Santé, p. 418): « La Vérité est affirmative et confère l'harmonie. » Se tenir à l'écart ou ce qui pis est, adopter une attitude négative lorsqu'une motion progressive est dûment présentée aux membres, ce n'est point agir comme « de bons administrateurs des diverses grâces de Dieu. » Chaque membre peut donner avec abondance et d'une manière continue s'il puise dans le trésor divin dont il est l'administrateur; car la grâce de Dieu ne saurait faire défaut.
Nous ne devrions jamais avoir honte de lutter: le bon combat nous fait croître en amour, en humilité, en compassion. La souffrance et l'expérience individuelles nous permettent de mieux comprendre les luttes que notre prochain doit soutenir et de connaître la vérité qui guérit. Lutter pour obtenir une meilleure compréhension de la vérité, c'est aboutir à la victoire qui donne de l'espérance et du courage à ceux auxquels nous en faisons part.
Si nous employons avec gratitude et en conscience les dons de la grâce divine, les fruits de l'Esprit, nous serons de bons administrateurs; et nous verrons s'accomplir ce que Paul annonce dans sa deuxième Épître aux Corinthiens: « Ayant toujours, en toute chose, tout ce qui vous est nécessaire, vous [aurez] encore largement de quoi faire toutes sortes de bonnes œuvres. »
