J’ai été invité, avec trois autres musiciens professionnels, à venir jouer en concert une pièce de musique de chambre du XXe siècle très difficile, le « Quatuor pour la fin du temps » d’Olivier Messiaen, que j’avais déjà jouée plusieurs fois au cours de ma carrière de musicien et d’enseignant. Cela faisait deux ans que j’avais pris ma retraite.
Je souhaitais fortement retravailler cette œuvre même si mes activités musicales s’étaient nettement réduites ; pour être honnête, je doutais encore beaucoup de mes capacités à ce moment-là. Je m’en suis remis à Dieu pour être guidé et au bout de plusieurs jours, je me suis réveillé un matin avec une réponse claire.
Je ne voulais pas passer à côté de cette occasion simplement par crainte d’avoir perdu certaines facultés, parce que je croyais que le talent était affecté par l’âge, ou que je ne posséderais apparemment plus l’agilité nécessaire pour bien jouer. J’étais bien conscient que ces arguments n’avaient pas leur source en Dieu, et par conséquent, ils ne pouvaient être ni réels ni valables. Je me suis dit également que si j’avais été aussi clairement inspiré ce matin-là pour « aller de l’avant », je pouvais faire confiance à Dieu, le seul Entendement et la seule origine de mon inspiration, de ma force et de mes capacités, qui me procurerait tout ce dont j’aurais besoin.
Je répétais très consciencieusement afin de jouer ma partie avec assurance et à un niveau que je jugerais convenable. Deux des musiciens avaient joué le quatuor en concert plusieurs fois récemment, ce qui semblait être un avantage, mais je sentais qu’il me serait possible de bien jouer.
Le quatuor contenait des mouvements et de nombreux très beaux moments qui sont profondément émouvants. J’ai prié avec l’idée que, si l’Entendement est la source d’inspiration permettant de créer de magnifiques compositions musicales comme celle-ci, alors il est évident que cet Entendement me procure les qualités nécessaires pour faire preuve d’inspiration pendant le concert. Je savais que je pouvais m’appuyer sur ces qualités et qu’elles étaient à la disposition de tous les interprètes qui se préparaient pour ce concert. Je savais qu’en réalité l’homme (y compris nous tous) est l’expression de l’Entendement.
Nous avions relativement peu répété pour une œuvre aussi difficile, mais comme j’avais prié pendant tout ce temps-là, cela ne m’a pas manqué. L’un des six mouvements du quatuor était écrit comme un solo sans accompagnement pour mon instrument. C’est un mouvement qui alterne entre de très longues lignes musicales, sur un rythme lent avec des notes qui se prolongent et des sections comprenant des passages très rapides et articulés.
Le jour du concert, j’ai eu largement l’occasion de faire taire les suggestions d’incompétence en déclarant « Non, je ne t’écoute pas » et autres variations sur le même thème. En conséquence, l’affirmation « Dieu, le bien, est le seul Entendement » prédominait dans ma pensée quand nous avons commencé.
Je me suis senti sûr de moi pendant le concert, notamment pendant le solo. J’étais reconnaissant de la présence divine. Je savais que Dieu était à l’origine de la justesse et du naturel avec lesquels je jouais, et j’ai vu ces qualités s’exprimer sans crainte ni fardeau. Cette expérience m’a profité lors de concerts ultérieurs en m’aidant à débarrasser ma pensée de suggestions limitées que, de toute évidence, je m’imposais à moi-même et qui s’opposaient à Dieu, la seule vraie source d’expression. C’est libérateur.
« A mesure que les mortels se débarrassent de leurs langes mentaux, la pensée s'épanouit en expression », écrit Mary Baker Eddy (Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 255). A mes yeux, la musique est bien interprétée quand on remplace un concept fini des capacités de l’homme par la présence et les directives de l’Entendement divin.
Paul Garritson
Manchester, Missouri, Etats-Unis
