Lors d'un repas réunissant des personnes de diverses confessions, j'étais assise à côté d'une dame que je n'avais jamais rencontrée et qui m'a demandé de lui expliquer ce qu'était ma religion, la Science Chrétienne. Elle ne la connaissait pas et désirait en comprendre les idées fondamentales. Après environ dix minutes, elle m'a demandé avec candeur si j'avais souvent l'occasion de voir Tom Cruise. Oh là là ! Je me suis rendu compte que, comme beaucoup, en entendant les mots « Science Chrétienne », elle avait compris Scientologie. Je pense qu'il sera utile aux scientistes chrétiens, aux scientologues et à tous ceux qui ne connaissent pas bien le sujet, d'expliquer plus clairement ce qui les distingue.
En essayant de présenter la religion d'une autre personne, je m'inspire de la Règle d'or: je m'efforce de traiter les autres comme je voudrais qu'ils me traitent. N'étant pas scientologue, je ne peux prétendre présenter tous les aspects de cette foi, mais j'espère être objective en proposant une information documentée. Nous bénéficierons ainsi tous d'une meilleure compréhension de nos similitudes et de nos différences.
Commençons par les différences les plus évidentes: La Science Chrétienne a été fondée en 1879 par une femme, Mary Baker Eddy, en tant que religion chrétienne. La Scientologie a été fondée en 1953 par un homme, L. Ron Hubbard, en tant que religion indépendante. La Science Chrétienne est une réponse à la mission confiée par Jésus aux disciples des temps modernes d'apporter les bienfaits du royaume de Dieu sur la terre. La Scientologie est une réponse religieuse à l'appel humain qui aspire à une aide thérapeutique. James R. Lewis, éd. Scientology (Oxford: Oxford University Press, 2009), p. 5.
Ces deux perspectives montrent la différence qui existe entre les bases de ces deux religions. La théologie et la pratique de la Science Chrétienne se basent sur le fait que Dieu est au centre de tout. La réalisation du potentiel humain est par contre à la base du raisonnement et de la structure religieuse de la Scientologie. Mary Bednarowski, New Religions and the Theological Imagination in America (Indianapolis: Indiana University Press, 1989), p. 63.
La Science Chrétienne considère Dieu comme le seul créateur, tandis que dans la Scientologie, le « Thétan », c'est-à-dire la personne totalement libérée des habitudes qui l'emprisonnent, est le créateur. Alors que Dieu, ou un être suprême, existe en Scientologie, lorsqu'on considère le système de cette religion dans son ensemble, la doctrine concernant Dieu a une importance minime.ibid., p. 28. Ces deux conceptions opposées permettent de comprendre pourquoi il existe des différences radicales dans la théologie, les Pratiques, l'éthique, la terminologie et les objectifs de ces deux religions. À bien des égards, elles se préoccupent de problèmes similaires auxquels est confrontée l'humanité, mais leur base de départ différente fait qu'il est difficile de comparer leurs pratiques.
Par exemple, toutes deux ont des Églises, mais ...
Une Église de la Science Chrétienne tient un service public le dimanche qui dure une heure et qui, sous certains aspects, se déroule selon la tradition chrétienne. Elle offre aussi des réunions de témoignages le mercredi soir. Une Église de la Scientologie est ouverte tous les jours de la semaine et a du personnel présent du matin jusque tard dans la soirée, pour deux raisons principales: l'audition et la formation. Dans le système d'audition, l'auditeur, personne formée aux méthodes de la Scientologie (connues sous le nom de technologie), écoute le paroissien, ou étudiant, en vue de l'aider à restaurer ses propres aptitudes et à réaliser son plein potentiel.
Toutes deux offrent une voie vers le salut, mais ...
En ce qui concerne la voie à suivre pour atteindre le salut et la terminologie qui s'y applique, les différences entre la Scientologie et la Science Chrétienne compliquent la comparaison. Les personnes familières avec le mouvement de la Dianétique, fondée par Hubbard et populaire dans les années 1950, reconnaîtront le vocabulaire spécifique à ce mouvement, qu'Hubbard a repris par la suite en créant la Scientologie. Afin de comprendre le sens du salut, il faut disposer de certains termes de base. En Scientologie, les débutants sont appelés « préclairs », et doivent franchir deux étapes essentielles le long du « Pont vers la liberté totale ». Lewis, p. 92.
La première de ces étapes est l'accession à « l'état de Clair », qui signifie que l'on est désinhibé et autodéterminé. Parvenir à l'état de Clair revient à se libérer de toute douleur physique et de toute émotion douloureuse. Bednarowski. Bednarowski cite L. Ron Hubbard dans Basic Dictionary of Dianetics and Scientology. (Los Angeles: Bridge Publications, Inc., 1983.), p. 61 La seconde étape a été rendue possible lors de la progression de la Dianétique vers la Scientologie, dans laquelle un individu peut devenir un « thétan opérant » (OT). Un OT opère de manière totalement indépendante de son corps et de l'univers qui l'entoure. Il croit avoir retrouvé l'état naturel original de son être Lewis, p. 92. et fait l'expérience de son identité essentielle, y compris le fait d'être une source créatrice.ibid., p. 91.
En Science Chrétienne, le salut implique que la personne désire s'éveiller à la grâce de Dieu, à l'injonction du Christ qui lui demande d'être parfaite (voir l'Évangile selon Matthieu 5:48). Le péché, la maladie et la mort sont détruits grâce à une compréhension spirituelle de la Vie divine, ou Dieu. Mais c'est le Christ, la Parole de Dieu, à l'œuvre dans la conscience humaine, qui donne la force et la sagesse nécessaires. Le charme terrestre qui nous fait croire aux douleurs et aux faux plaisirs matériels doit être brisé ici sur la terre, car la mort n'est pas une échappatoire vers le ciel. Christ Jésus, par son crucifiement et sa résurrection, nous donne le sens de la Vie éternelle. Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Écritures (Boston, États-Unis, La Première Église du Christ, Scientiste), p. 497. C'est grâce à cet éveil et à cette compréhension spirituelle que nous pouvons discerner et prouver l'impuissance de la mortalité.
Toutes deux recherchent la guérison par des moyens mentaux, mais. . .
En Science Chrétienne, Dieu, l'Amour divin, est au centre de la guérison. On reconnaît que Dieu, aussi compris comme l'Entendement divin, est la seule cause et le seul créateur de l'univers, et qu'il gouverne avec amour tout ce qui existe. Sur cette base, l'Entendement révèle la continuité du bien et le sens humain de souffrance se dissipe sous l'action du Christ, le message aimant de Dieu à l'humanité. Les deux points cardinaux de la guérison-Entendement en Science Chrétienne sont « le néant de la vie et de l'intelligence matérielles, et la puissante réalité de Dieu, le bien, qui renferme tout en Lui ».ibid., p. 52.
En Scientologie, l'individu est libéré d'engrammes, qui sont des douleurs oubliées d'anciens traumatismes, mais l'accent mis sur le pouvoir de guérison vient de la nature déifique de la personne humaine. L'auditeur utilise un électro-psychomètre, ou électromètre, pour déterminer ce qui doit être éliminé du « mental réactif » de la personne qui a demandé l'audition. Cette personne, le préclair, continue d'apprendre à se connaître correctement.What is Scientology ?, rédigé par le personnel de l'Église de Scientologie Internationale (Los Angeles: Bridge Publications, Inc., 1992), p. 156–161. Dieu est trop loin pour être compris, particulièrement aux premiers stades de l'entraînement en Scientologie. Mais la distance par rapport à Dieu n'est pas un problème en Scientologie, puisque la compréhension de Dieu n'est pas un élément nécessaire au processus de guérison. Les scientologues n'ont pas besoin de connaître Dieu et ils ne prétendent pas Le connaître. La compréhension suprême vient lors de la huitième dynamique, le plus éloigné des cercles concentriques de l'existence, Bednarowski, p. 33. et les thérapies curatives sont accomplies par la technologie d'Hubbard (application des principes de la Scientologie).What is Scientology ? pp. 142–146, 155.
Toutes deux s'opposent au « péché » ou à la « personnalité antisociale », mais ...
Mary Baker Eddy considère que le péché est un état illusoire de la pensée humaine. Nous devons commencer par prendre correctement conscience du mal, ce qui entraîne la repentance, qui à son tour doit être suffisante pour amener la réforme. Seul le Christ peut nous affranchir du péché, parce que c'est la Parole de Dieu qui nous communique notre perfection spirituelle originelle et nous guide loin des tentations et des illusions des croyances pécheresses.
La Scientologie, pour sa part, estime que, même si « tous les hommes sont naturellement bons », « environ deux pour cent et demi de la population ont des caractéristiques et un état d'esprit »Qu'est-ce que la Scientologie ?, rédigé par le personnel de l'Église de Scientologie Internationale (New Era Publications International Aps, Copenhague, 1993), p. 244. violents ou qui s'opposent au bien des autres. Le système de justice de la Scientologie est administré par des scientologues dûment autorisés et juge les crimes et les délits, quelle qu'en soit la gravité.What is Scientology ? p. 245 (même page pour la version française citée dans la note précédente). Finalement, c'est l'application de la technologie de la Scientologie qui libère la personne des engrammes inhibants et de la tyrannie de la matière, et les individus doivent revendiquer l'état de « Clair » pour eux-mêmes. Bednarowski, p. 63.
Toutes deux sont sceptiques quant à l'emploi des drogues ou des médicaments, mais ...
C'est dans les années 1960 qu'Hubbard a commencé d'être très inquiet au sujet de la consommation grandissante de drogues de tous genres, dont certaines étaient considérées comme des médicaments. Il estimait que les drogues affectent l'état mental et font de ce fait obstacle au travail de l'audition, qui consiste à clarifier l'état mental. Pour répondre à cette préoccupation, il a mis au point un Programme de purification et a utilisé des « procédés d'audition... pour libérer une personne des dommages mentaux et spirituels causés par les drogues ».What is Scientology ? p. 190–193 (p. 193 pour la version française). Les scientologues considèrent que leur effort pour éradiquer les drogues est un service rendu à l'humanité. L'attitude de Mary Baker Eddy envers les médicaments est plutôt fondée sur la tendance qu'ils ont à se substituer au pouvoir de Dieu.Science et Santé, p. 146. La Science Chrétienne nie tout pouvoir provenant d'une source autre que l'Entendement, Dieu. Les médicaments n'ont donc, selon elle, aucun réel pouvoir de guérir ou de nuire. Il en découle que toute libération de l'utilisation des drogues et des médicaments est basée sur la confiance dans l'amour abondant de Dieu, Sa volonté et Son pouvoir de nous libérer. Malgré l'éclairage négatif que la théologie de la Science Chrétienne projette sur l'usage des médicaments, l'Église respecte le droit de chacun, y compris de ses membres, de faire leurs propres choix quant à cet usage.
Ces approches différentes au sujet des drogues et des médicaments sont un exemple supplémentaire du caractère superficiel des similarités entre la Science Chrétienne et la Scientologie, et soulignent leurs différences fondamentales, en rendant leur comparaison pratiquement impossible. La théologie et la pratique de la Science Chrétienne prennent Dieu comme point de départ. La Scientologie part de la libération de l'état mental humain. Il y a de nombreuses autres facettes de la pratique religieuse qui renforcent ce contraste entre une ressemblance apparente et des différences fondamentales. Citons par exemple leur compréhension du terme « science », la forme prise par leur dévouement au service de l'humanité et les sacrifices personnels que cela implique. La différence principale tient toutefois du fait que la Science Chrétienne met l'accent sur le lien étroit entre l'homme et Dieu, alors que la Scientologie souligne le potentiel humain.
Article paru dans le Christian Science journal De Février 2012.
