Je repense souvent en souriant à cette vieille bande dessinée de Charlie Brown, dans laquelle Charlie dit: « Parfois la nuit je reste éveillé dans mon lit et je me demande: "Pourquoi moi ?" Et alors une voix me répond: "Tu n'es pas visé en particulier; ton nom est simplement sorti par hasard." » Charlie semble être aux prises avec un être suprême dont les décisions sont arbitraires; il vit dans un monde d'incertitudes. Pour moi, cette bande dessinée est un appel à se réveiller, un pense-bête pour se rappeler de nier constamment la suggestion qui prétend que notre vie est déterminée par le hasard.
Lorsque ce type de suggestion tente de s'infiltrer dans notre existence, il est primordial de réaliser que notre ne sommes pas sujets à un monde d'incertitudes, ni aux limites de la pensée matérielle. Le dilemme auquel Charlie Brown est confronté me rappelle souvent la période que j'ai traversée il y a quelques années, alors que notre famille faisait face à des difficultés financières. Mon mari avait été promu à un poste de direction; du coup, tant nos revenus que son emploi dépendaient entièrement de la qualité et de la quantité de travail que fournissaient les vendeurs qu'il dirigeait. Mon mari a découvert trop tard que plusieurs de ces vendeurs avaient fait preuve de malhonnêteté en utilisant l'argent de la société, et qu'il allait devoir procéder à leur licenciement. Cela signifiait évidemment que nos revenus allaient fortement diminuer. Le mois suivant, sa société lui a lancé un ultimatum: il devait engager quatre nouveaux vendeurs, et ceuxci avaient intérêt à avoir une rentabilité au-dessus de la moyenne pendant leurs six premiers mois dans l'entreprise, ou c'était mon mari qui perdrait son emploi. En tant que tout nouveau directeur, l'ampleur de la tâche paraissait immense.
Ce soir-là, il est rentré à la maison avec une tête de six pieds de long. Je voyais bien que la crainte et le doute tentaient de s'emparer de lui. Les « Pourquoi moi ?» et « que se passerait-il si... ? » auraient pu être accablants; ce nouveau poste, qui avait semblé être une si bonne opportunité, commençait à ressembler à un fiasco total. Nous avions cinq enfants à charge et à cette époque, nous venions juste de finir la construction d'une grande maison pour loger toute notre famille.
Ce soir-là, nous avons donc dû affronter par la prière la croyance insidieuse aux incertitudes. Lorsque j'enseignais à des adolescents quelques années auparavant, j'avais regardé avec mes élèves les prédictions de l'horoscope, autre domaine où le hasard semble aux commandes. Lorsque nous avions étudié ces prévisions, nous avions trouvé une grande quantité de mots comme: pourrait, peut-être, devrait, quelquefois, et bien entendu, si. Tous ces mots parlent d'événements incertains et recouvrent des notions hypothétiques qui peuvent inspirer beaucoup de pensées négatives. C'est le genre d'attitude qui, à un moment ou à un autre, fait qu'on se pose des questions du style: Que se passeraitil s'il arrivait ceci, ou s'il devait intervenir cela dans notre avenir ?
Ainsi, pendant que nous faisions une longue promenade dans le voisinage, mon mari et moi avons exprimé de la gratitude pour nos réussites passées dans la vente et les affaires. Nous avons raisonné sur le fait qu'il ne pouvait exister dans notre avenir ni incertitudes ni hasard. Nous avons parlé de la capacité qu'avait mon mari de refléter l'honnêteté et l'intégrité dans chaque aspect de sa carrière, incluant le fait de choisir et de former de nouveaux vendeurs. Cette capacité lui venait de Dieu. Nous avons également réfléchi à ses motivations en acceptant ce poste de direction: aider les autres à réussir, à soutenir leur famille et à contribuer au bien de la société. Nous savions qu'il s'agissait là de motivations honnêtes et bonnes, et que mon mari ne pouvait pas être puni pour vivre en accord avec son sens le plus élevé de ce qui est juste. Pendant les quatre mois qui ont suivi, mon mari a continué à prier de cette manière et n'a pas dévié de la direction dans laquelle Dieu le guidait. Il a fini par engager six bons vendeurs. Il a connu tellement de succès que trois ans plus tard, sa société lui a proposé d'aller restructurer un de ses secteurs de vente dans une autre région, en utilisant son expertise dans la matière.
Cette expérience m'a montré qu'en Science divine il n'existe pas de Dieu arbitraire, et que l'on ne reste pas à attendre son sort, plein d'angoisse, dans un monde de hasard. Pourquoi ? Parce que la Science est la vérité absolue au sujet de Dieu et de l'homme. Cette vérité n'est pas limitée par les conditions matérielles et elle n'y est pas assujettie. Je crois que Ralph Waldo Emerson, contemporain de Mary Baker Eddy, a compris cela lorsqu'il a écrit: « Si la vérité vient à notre esprit, tout à coup nous croissons jusqu'à atteindre ses dimensions. » Mary Baker Eddy identifiait et expliquait la Vérité comme étant un synonyme de Dieu. Dans ses écrits, elle déclare que la vérité est basée sur le Principe divin, en harmonie avec le bien, où il n'existe aucune place pour les si, pour les et, ni pour les mais. Elle utilise à la fois les mots Vérité et Principe comme synonymes de Dieu, et grâce à l'emploi des majuscules, elle indique leur signification.
Chaque jour, le choix s'offre à nous, soit de vivre dans le monde arbitraire de Charlie Brown, nous débattant avec des hypothèses qui sont hors de notre contrôle et un dieu qui ne connaît rien à notre situation, soit de reconnaître et d'adorer un Dieu qui est la Vérité, et de nous laisser gouverner par les règles de Son Principe. Nous lisons dans les Psaumes: « Si je prends les ailes de l'aurore, et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. » (139:9,10) On nous encourage ainsi à dépasser les conditions matérielles et à proclamer la Vérité et le Principe qui sont toujours à notre portée. Lorsqu'on se trouve confronté à un problème, quel que soit l'endroit ou l'époque, chacun de nous peut savoir que son nom n'est pas « apparu » tout d'un coup sur un quelconque registre de la malchance. Nous pouvons être sûrs que Dieu, qui est la Vérité et le Principe, est notre Père; et, si nous mettons notre main dans celle de Dieu, nous pouvons nous souvenir que, dans Son royaume, il n'existe aucun élément régi par le hasard.
Article paru dans le Christian Science Sentinel du 12 décembre 2011