Pendant l'une des périodes les plus confuses de ma vie, j'ai vu s'appliquer la vérité énoncée dans ce titre.
En 1972, une guerre éclata dans mon pays d'origine, le Burundi. Je fus obligé de fuir en République démocratique du Congo voisine. Âgé alors de quinze ans, sans aucun document et sans famille, j'ai entrepris une série d'actions douteuses en croyant pouvoir ainsi faciliter mon intégration. À l'époque, je n'étais pas chrétien et j'avais tendance à compter sur ma volonté personnelle pour arranger ma situation, plutôt que de m'en remettre au gouvernement divin.
Entre autres subterfuges, j'ai changé de nom, pour pouvoir me prévaloir de la nationalité du pays et ainsi éviter d'avoir à payer un permis de travail très onéreux. Au début, cela a semblé marcher car j'ai pu continuer mes études, travailler, me marier, etc. Mais en 1996, la guerre éclata au Congo et mon pays d'origine fut cité sur la liste des agresseurs. Nous fûmes alors indistinctement soumis aux violences et aux tracasseries qui accompagnent toutes les guerres et dont sont victimes ceux qu'on soupçonne d'être ennemis ou collaborateurs.
Beaucoup de mes amis fuirent vers d'autres pays, mais moi, marié à une Congolaise et ayant des enfants très jeunes, je décidai d'abord de rester dans le pays. Avec ma double identité, dans un pays en guerre, les choses devinrent de plus en plus dures. Soupçonné partout, sans emploi, ayant perdu mes biens, vivant en clandestinité pendant des années, je me vis finalement contraint de quitter le pays, laissant derrière moi ma femme et mes deux fillettes.
C'est ainsi que je me retrouvai à Johannesburg, en Afrique du Sud. Là, fatigué de porter une double identité, je repris, sans bien y réfléchir, mon nom et mon prénom d'origine, tout en essayant une fois de plus d'« arranger » les faits pour ma demande d'un staut légal. Mais cela compliqua encore ma situation. En effet, mon diplôme obtenu au Congo portait un autre nom et une autre nationalité. Malgré ma qualification, je ne pouvais donc pas l'exhiber pour chercher un emploi ni poursuivre une formation. Enfin, les conditions d'intégration étaient trés dures, et comme je n'arrivais pas à obtenir le statut de réfugié, j'étais en permanence menacé d'étre déporté vers le Burundi que je ne connaissais plus, l'ayant quitté depuis plus de trente ans. Vivant de petits boulots, souspayé, j'avais peine à envoyer à ma famille de quoi survivre.
Face à toutes ces difficultés, ma femme restée au Congo, orpheline elle-même avec deux fillettes à charge et sans moyen de les nourrir, passait par des crises de dépression quasi régulières. Je ne savais plus quoi faire et je commençai à boire pour trouver le sommeil.
Un jour, je me retrouvai dans un cybercafé et je repensai à la Science Chrétienne, que j'avais un peu connue en R.D.C. En surfant sur Internet, je tombai sur cette phrase: « Dieu, l'Amour, défait tous les nœuds. » Je me dis que le terme « nœuds » semblait bien représenter ma situation! Cette phrase se trouvait affichée sous l'adresse d'une scientiste chrétienne qui guérissait par la prière. Je lui écrivis et lui parlai du labyrinthe que constituait ma vie. La crainte que mon épouse finisse par se trouver à la rue avec mes enfants me hantait, et mon désir le plus profond était de voir notre famille réunie, mais comment?
Pendant de long mois, cette dame m'a parlé sur Internet de l'amour de Dieu, du fait que Dieu est à l'œuvre dans ma vie, qu'il me protège, me garde et me guide harmonieusement. Tandis qu'elle me soutenait par la prière, mes craintes se sont apaisées. J'ai appris que les événements qui se présentaient à moi, tous les détails—les nœuds—de ma situation, étaient fondés sur les apparences matérielles, sur une perception de l'homme comme pécheur mortel, non sur la réalité divine, qui est toujours bonne. Dieu, le seul créateur de l'homme, ne produit que la perfection et prend tendrement soin de tous Ses enfants. J'ai été encouragé à m'attacher à cette vérité, plutôt qu'aux apparences difficiles.
Dieu, le seul créateur de l'homme, ne produit que la perfection et prend tendrement soin de tous Ses enfants.
Au début, j'avais sérieusement pensé que cela était trop beau pour être vrai, et que cette dame voulait aider psychologiquement ce malheureux désespéré que j'étais pour m'éviter la dépression et le suicide. Mais une chose m'a marqué, c'est l'amour que cette personne manifestait envers cet inconnu que j'étais, sa persévérance, malgré mes faiblesses, à percevoir la vérité à mon sujet. Cette compassion a attiré mon attention et nourri ma compréhension, tandis que je lisais et étudiais la Bible, et Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy afin d'élever ma pensée. Le passage suivant, par exemple, m'a aidé à persévérer: « Même si notre prière est sincère, Dieu sait ce dont nous avons besoin avant que Lui-même ou nos semblables n'en soient informés. » ( Science et Santé, p. 13) Gràce à cet encouragement, j'ai cessé de me poser de multiples questions: Pourquoi? Comment? Quand? etc.
J'ai alors accepté de ne plus laisser ni la distance qui me séparait de ma famille, ni l'argent que je ne pouvais réunir, ni mon statut juridique, etc., limiter le pouvoir de Dieu dans ma pensée. Plusieurs mois se sont passés pendant lesquels espoir et désespoir, confiance et doute alternaient en moi, mais cette amie ne me laissait jamais sombrer, me rappelant que Dieu m'aimait et était à l'œuvre.
Au fur et à mesure que je priais, que je comprenais davantage que j'appartenais à Dieu et que je ne pouvais donc être dépendant d'une substance matérielle, j'ai commencé à éprouver un profond sentiment de honte et de culpabilité chaque fois que j'essayais de boire. La pensée me venait que je ne devais plus altérer (par une croyance au pouvoir de l'alcool) la raison que Dieu m'avait donnée. Cette raison était un outil indispensable pour comprendre ma relation à Dieu et diriger correctement ma vie. Je ne saurais dire exactement quand j'ai cessé de boire, mais à un certain point j'ai constaté que je n'étais plus intéressé par l'alcool.
Puis, un jour, une religieuse chez qui je faisais de petits travaux et qui avait appris ma situation me dit: « Anselme, tu nous as rendu beaucoup de services. En retour, nous avons décidé de t'aider à amener ta famille ici. Vas et calcule ce que cela va coûter. » Je rentrai chez moi en larmes, mais avec la ferme conviction que seul Dieu pouvait faire cela pour moi. Je contactai une personne qui pouvait amener ma famille contre rétribution et indiquai la somme à la religieuse, qui paya l'acompte demandé, puis le solde. Ma gratitude était immense!
Certes, dans la suite, les choses ne se sont pas passées aussi facilement. La promesse qui m'avait été faite que ma famille me serait amenée au bout de dix jours s'est transformée en six mois de longue attente, pendant lesquels doute et espoir s'alternaient encore. Les conditions de voyage se sont révélées plus risquées, ma famille est venue séparément, et j'ai enregistré plusieurs faux espoirs. Mais à chaque étape, j'ai appris que Dieu ne pouvait me laisser à mi-chemin et que je devais vraiment tout laisser entre Ses mains. J'ai appris à avoir confiance en Lui, à éviter de juger, de condamner, à être patient, à pardonner, etc. À une certaine période, la succession d'obstacles que je rencontrais m'a fait croire que je ne pouvais mériter l'aide et la grâce de Dieu, étant donné ma vie passée et même présente. Je me sentais coupable en permanence et je m'en voulais de ne pas être en mesure de plaire suffisamment à Dieu. Mais, toujours avec l'aide de cette amie, j'ai compris (et cela s'est démontré dans ma vie), que Dieu ne nous considère pas pécheurs, déchus de sa grâce, car Il nous aime et nous voit tels qu'Il nous a créés, c'est-à-dire spirituels, purs, intègres et bénis. Un passage de la Bible m'a beaucoup soutenu et m'a apporté la paix: « Ainsi parle maintenant l'Éternel, qui t'a créé ...: Ne crains rien, car je te rachète, je t'appelle par ton nom: tu es à moi ! Si tu traverses les eaux, je serai avec toi; et les fleuves, ils ne te submergeront point ... Parce que tu as du prix à mes yeux, parce que tu es honoré et que je t'aime ... (Ésaïe 43:1-4)
Aujourd'hui, dans des conditions inattendues et à la surprise de tous, notre petite famille est réunie à Johannesburg. Certes, il nous reste encore du chemin à faire, mais nous sommes convaincus que l'Amour de Dieu continuera de se manifester dans notre vie. Je fréquente une église de la Science Chrétienne ici à Johannesburg et je m'efforce de toujours mieux comprendre que tous, moi-même y compris, nous reflétons en réalité dès maintenant les qualités divines de droiture, de santé et de sainteté.
Et cette compréhension s'est traduite dans les faits ayant été autorisé à réintroduire ma demande de statut juridique, j'ai pu corriger toutes les erreurs que j'avais volontairement introduites dans mon premier dossier. Aujourd'hui, j'ai un travail qui correspond à mes qualifications, et un permis temporaire légal renouvelable, ainsi que mon épouse et mes enfants.
Ma joie est grande de pouvoir constater les progrès déjà accomplis, tous les « nœuds dénoués, mais surtout d'avoir été amené à établir sur le roc de la Vérité la compréhension de ma relation individuelle avec Dieu.