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Jeu de piste

Importance du lieu dans l'Évangile selon Marc

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de juin 2009


Quand on lit l'évocation dynamique, détaillée, au rythme enlevé, des événements décrits dans l'Évangile selon Marc, il est aisé de négliger des expressions comme «dans le territoire de Tyr et de Sidon» (7:24) ou «vers la mer de Galilée, en traversant le pays de la Décapole» (7:31). Or, s'il s'arrête pour étudier cette géographie, le lecteur acquerra de nouvelles connaissances sur l'histoire des déplacements de Jésus. Il est possible que l'auteur de cet évangile ait placé ces points de repère dans un but précis. Des détails géographiques permettent souvent de vérifier un récit et donc d'en élargir le message.

J'ai examiné plusieurs de ces passages dans l'Évangile selon Marc en prenant un thème maintes fois étudié: la pression exercée sur Jésus et ses disciples, sur le plan physique et émotionnel, en opposition au pouvoir divin de sa mission.

Dans l'Évangile selon Marc, Jésus fait son apparition publique au moment où les remous provoqués par le ministère réformateur de son cousin Jean sont à leur paroxysme. Des foules entières de Juifs convergent vers le désert, au-delà des frontières d'Israël proprement dites, pour se faire baptiser «dans le Jourdain», comme s'ils se préparaient à entrer de nouveau sur la terre promise. Jésus commence sa mission peu après avoir été lui-même baptisé par Jean, et il attire bientôt d'autres foules comme un aimant.

Jésus s'efforce d'accomplir ses guérisons et d'enseigner discrètement, mais ses actes dégagent un pouvoir stupéfiant et attirent beaucoup d'attention. Par exemple, lorsqu'il guérit un lépreux (voir 1:40-45), Jésus prie instamment l'homme de n'en rien dire à personne, mais d'aller simplement se montrer aux prêtres qui sont autorisés à constater sa guérison. L'homme, éperdu de joie, fait tout le contraire. Il crie sur tous les toits qu'il a été guéri, exposant Jésus à la curiosité de foules si nombreuses qu'il doit s'enfuir de la ville. Partout où il va, Jésus est pressé par des malheureux, et chaque fois qu'il apporte de l'aide, il rencontre de l'opposition.

Néanmoins, avec une énergie à toute épreuve, Jésus persévère. Il guérit et enseigne, malgré ceux qui l'interrogent et malgré ses ennemis. Ses proches, ses amis et sa famille, pensent que Jésus devient fou et tentent de «se saisir de lui» (voir 3:21). Le mot grec krateo, traduit par «se saisir», évoque une poigne vigoureuse. Les amis de Jésus considèrent apparemment qu'il doit être maîtrisé pour son bien. Pourtant, Jésus poursuit son ministère, provoquant l'enthousiasme dans chaque lieu où il passe au point d'être souvent pressé par la foule. La mer de Galilée lui permet parfois de s'échapper (voir 3:9) et à d'autres moments, des régions désertiques lui procurent un refuge (voir 1:45 ou 6:45).

La suite de l'évangile nous apprend qu'il rencontre de plus en plus d'opposition et que les disciples aussi finissent par être critiqués (voir 7:1-5). Or, à présent, ce ne sont pas seulement les autorités locales qui sont inquiètes. Les pharisiens et les scribes viennent même de Jérusalem pour enquêter sur Jésus. Avec les autorités religieuses de plus en plus irritées contre lui, avec la menace d'un châtiment par Rome pour trouble de l'ordre public qui plane sans cesse au-dessus de lui et avec des disciples ne comprenant pas suffisamment sa mission pour lui apporter leur soutien, la pression qui pèse sur Jésus semble être à son comble.

Jésus s'en va seul pour se cacher dans «le territoire de Tyr et de Sidon». Ces deux villes étaient situées dans une province de Syrie, un territoire étranger où les Juifs étaient en minorité. Toutefois, ce lieu géographique rattache Jésus au passé glorieux des Juifs, car c'est là qu'Élie avait trouvé refuge, à une époque de grande persécution, des centaines d'années auparavant. C'est dans ce lieu que le prophète avait transformé une petite quantité de nourriture en une manne abondante pour une veuve et son fils (voir I Rois 17:8-16). Et sur le mont Carmel, juste à la frontière de ce territoire, Élie avait pu prouver combien Dieu est toujours proche, alors qu'il avait la conviction d'être le seul prophète encore vivant en Israël (voir I Rois 18:19-46). Les premiers lecteurs de Marc ont sans doute saisi ces allusions aux expériences vécues par leur prophète révéré.

Cette région de Tyr et de Sidon offrait donc un décor idéal pour un épisode marquant de la vie de Jésus. Une femme syro-phénicienne (c'est-à-dire une Grecque), originaire de ce territoire étranger, rompit la solitude de Jésus en exigeant qu'il guérisse sa fille à distance (voir Marc 7:24-30). Il est décontenancé. Dans la suite du récit, on voit que Jésus avait jusqu'ici limité son ministère à son peuple, les Juifs. Or, cette étrangère obstinée élargit le champ de sa vision au-delà des frontières d'Israël. Jésus répond favorablement à la requête de cette maman grecque et la renvoie en lui assurant que l'enfant est guérie. Un témoignage puissant est donné là aux lecteurs matérialistes de Marc: le christianisme s'adresse vraiment à tous!

La région de Tyr et de Sidon est le lieu géographique le plus éloigné où Jésus soit allé. Si l'on prenait une carte de la Terre Sainte à l'époque de Jésus, Tyr se trouverait presque tout en haut de la carte. En suivant Jésus, qui a été rejoint par ses disciples sur le chemin sinueux qui les ramène en Israël, nous avons un autre exemple montrant qu'une réflexion sur le lieu permet d'élargir la signification des récits sur Jésus.

Certains exégètes affirment que les récits dans lesquels Jésus donne à manger à 5000 personnes (voir 6:35-44) et à 4000 personnes (voir 8:1-9) relatent forcément un seul et même événement. Il ne nous sera peut-être jamais possible de vérifier si les faits se sont réellement passés tels qu'ils sont relatés. Néanmoins, plus on étudie attentivement les Évangiles, plus on se rend compte qu'ils sont extrêmement bien construits et que chaque détail a son importance. Dans le cas qui nous occupe, les indications géographiques montrent qu'il est bien possible qu'il y ait eu deux lieux distincts où une foule a été nourrie: l'un en Galilée et l'autre dans la Décapole.

Les différences sur le plan politique et ethnique qui existent entre la Galilée et la Décapole ajoutent de la profondeur aux récits, surtout parce que les deux événements surviennent, l'un peu avant le séjour marquant de Jésus dans le territoire syrien et l'autre peu après. En Galilée, il donne à manger à une foule juive. Dans la Décapole, après la rencontre de Jésus avec la Syro-phénicienne, la foule comprenait de nombreux étrangers, puisque ce territoire, appelé ainsi en raison des dix cités grecques qui le composent, se trouve à l'est d'Israël. Marc montre peut-être ainsi que Jésus choisit de répéter cette démonstration afin d'attirer l'attention des étrangers et de confirmer au monde entier l'expansion du ministère chrétien.

La quantité de pains qui restent lorsque les gens sont rassasiés donne encore plus de force à la signification de ces événements. Les douze paniers qui restent après avoir nourri une foule juive font peut-être allusion aux douze tribus d'Israël, autrement dit de la nourriture pour tous dans ce groupe traditionnel. Dans la Décapole, il reste sept paniers, un chiffre souvent utilisé dans la Bible pour marquer un état complet, ce qui indique peut-être dans ce cas de la nourriture de la part de Dieu pour le monde entier.

On considère généralement que le manuscrit original de l'Évangile selon Marc s'arrête au moment où les femmes apeurées se blottissent devant le tombeau vide de Jésus, après la résurrection (voir 16:8), laissant le lecteur en suspens. Les derniers versets (voir 16:9-20), qui décrivent une fin triomphante, ne figuraient pas dans les premiers manuscrits, et ont peut-être été ajoutés plus tard par des chrétiens, dès le IIe siècle. Ces chrétiens, forts du grand succès que rencontrait le christianisme dans ses actes, conclurent la version finale de l'évangile par ce passage: «Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel, et il s'assit à la droite de Dieu. Et ils s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l'accompagnaient.» (16:19, 20)

Le rôle du lecteur consiste à évaluer la fin plus abrupte de Marc en considérant l'ensemble de l'évangile, où il est abondamment question du prix à payer pour être un disciple. Et comment ce témoignage réaliste peut-il guider les chrétiens d'aujourd'hui? Marc nous a montré l'opposition et les succès que rencontrent le ministère chrétien et l'activité de disciple, ainsi que les dangers que l'un et l'autre impliquent. Or, Marc, avec le fort appui de ceux qui ont terminé son évangile, laisse un témoignage sur l'énergie bienfaisante du pouvoir divin et la capacité qu'ont des gens ordinaires, malgré tout ce qui pourrait les empêcher de comprendre et d'employer ce pouvoir spirituel, d'aller de l'avant et de connaître le succès dans leur propre ministère de guérison.

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