Combien de fois dois-je pardonner ? jusqu'à sept fois ? Lorsque Pierre, le disciple, posa cette question à Jésus, le Maître lui fit comprendre que sept fois, ce n'était pas assez. Et si tu allais jusqu'à 490: soixante-dix fois sept fois ? (voir Matthieu 18:21, 22) La réponse allait-elle beaucoup plus loin que ce grand nombre ne l'indiquait ? Une plus grande profondeur dans le pardon n'était-elle pas peut-être nécessaire ?
En ce qui me concerne, il m'a fallu apprendre que le pardon est bien plus que le « simple » acte de pardonner et d'oublier. Ce qui était difficile dans ma situation, c'était que quelqu'un d'autre que moi-même avait été blessé, quel-qu'un que j'aimais beaucoup. Par ailleurs, je savais qu'il n'était pas bon d'entretenir dans la pensée des souvenirs d'injustices, fût-ce de temps à autre ou brièvement.
La plupart d'entre nous avons besoin d'approfondir la question du pardon, et c'était assurément mon cas. Le raisonnement humain peut amener à pardonner et à oublier, ce qui est mieux que de fuir la question, mais ce n'est toutefois pas suffisant. Je savais que le véritable pardon ne consiste pas à blanchir un comportement injuste dont une personne s'est rendue coupable envers une autre. Pour qu'une véritable guérison se produise, pour que tout souvenir soit éliminé, il fallait une prière consciencieuse et profonde.
Je désirais de tout mon cœur apprendre ce que Jésus avait réellement enseigné à Pierre sur le pardon. Je savais que les paroles que Jésus adressa à Pierre concernant les 490 pardons étaient tout aussi essentielles pour moi qu'elles l'avaient été pour Pierre, il y a des siècles. Et j'ai commencé à me rendre compte à quel point il était inopportun de permettre à des souvenirs désagréables de s'insinuer dans ma pensée. Ils n'étaient certes pas les bienvenus. Cela m'a conduite à affirmer que j'étais libre de toute pensée dissemblable à la vision qu'avait Dieu de Sa création.
C'était cela ! C'était mon point de départ. Pour avoir la profondeur de pardon à laquelle j'aspirais tant, il me fallait voir l'homme (tout le monde) exactement de la façon dont Dieu connaissait Sa création. Ceci n'était pas difficile, et je suis partie de là pour avancer.
Un jour, ce fut comme si Dieu me posait une question au sujet de la personne à qui je m'efforçais tant de pardonner: « Et si un jour il venait te demander de l'aider par la prière ? » J'ai pensé: « Je l'aimerais pour cela, comme j'aimerais toute personne qui chercherait à être guérie par la Christian Science. »
Je me suis mise à réfléchir alors aux paroles de Mary Baker Eddy: « ... le progrès est la loi de Dieu, loi qui exige de nous seulement ce que nous pouvons certainement accomplir. » (Science et Santé, p. 233) « Nous » voulait dire tout un chacun: lui, moi, tout le monde.
Pourquoi jugerais-je cet homme sur la façon dont il s'était conduit il y a longtemps ?
Puis cette autre déclaration de Mary Baker Eddy m'est venue à l'esprit: « ... croître est le commandement éternel de l'Entendement. » (ibid. p. 520) Impressionnant ! Progresser est obligatoire, tout comme « pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » est obligatoire ! En pensant à mes propres progrès, je me suis demandé ce qu'on devait me pardonner à moi. En priant, j'ai vu qu'il n'était dans l'intérêt de personne que je garde à la pensée, ne serait-ce qu'une seconde, l'image d'un homme mortel qui ne pourrait jamais être pardonné pour sa conduite hostile envers quelqu'un d'autre.
J'ai poursuivi. Progresser signifiait acquérir un concept encore plus clair de ce qu'est l'homme, un concept plus élevé, et prendre conscience du fait que j'étais incluse dans « pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». J'ai compris que mon offense, c'était le refus de pardonner, qui impliquait, en un sens, un concept limité de l'homme et de ses possibilités de progrès. Comprendre cela m'a conduite à un concept plus vaste du progrès. J'ai vu qu'il était obligatoire pour cet homme de progresser, où qu'il soit, comme ce l'était pour moi, où que je sois.
Cependant, ce qui était encore plus important pour moi à présent, c'était que le refus de pardonner me limitait et entravait les progrès qu'il me fallait faire. Même si je n'avais ruminé le passé que de temps à autre, à bien y réfléchir en toute honnêteté, j'avais perdu mon temps.
Cette affirmation de Mary Baker Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Écritures prenait de plus en plus de sens lorsque je la lisais: « Nous devons... nous élever au-dessus du témoignage des sens matériels, au-dessus du mortel jusqu'à l'idée immortelle de Dieu. Ces vues plus claires et plus élevées donnent à l'homme à la ressemblance de Dieu l'inspiration pour atteindre le centre et la circonférence absolus de son être. » (p. 262)
Bien que j'eusse voulu être assurée que l'homme en question avait fait des progrès, où qu'il fût, cela ne me regardait pas. Je commençais à avoir un concept plus exact des fils et filles de Dieu et de leurs possibilités infinies. Cela signifiait que je m'élevais audessus du mortel pour atteindre l'idée immortelle de Dieu. Au fil du temps, ce concept me fit découvrir de nouveaux points de vue sur la bonté et l'amour. Il apporta la guérison à ma conscience, une guérison permanente.
Si nous pensons aux « merveilleux » ou aux « terribles » jours d'autrefois, nous nous empêchons de comprendre que ce jour même est celui que Dieu a fait, une journée infinie, sans nuit, sans ténèbres, sans passé. Par conséquent, cette journée doit être la meilleure que nous ayons jamais eue, si nous avons appris quelque chose des enseignements du Maître sur le pardon. Pourquoi? Parce que nous en savons plus qu'hier sur le pardon.
« Nous ne possédons ni passé ni avenir, nous ne possédons que le présent », écrivit Mary Baker Eddy (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 12). Alors, pourquoi devrions-nous ou pourrions-nous gaspiller ce présent que nous avons ? Notre présent ne sera pas défini par nos souvenirs du passé si nous acquérons « ... des vues nouvelles de bonté et d'amour divins » (voir Science et Santé, p. 66). À mesure que la pensée s'élève spirituellement, l'existence s'élève en conséquence.
Depuis cette guérison, survenue dans ma pensée, j'ai toujours chéri mon présent. Le seul Esprit dont j'aie pris conscience était et est parfait et bon, subvenant toujours aux besoins, protégeant toujours et présentant toujours tout bien, non seulement pour moi et les miens mais aussi pour toute personne, dans tout l'univers, maintenant même.
La question n'est jamais de savoir comment on peut pardonner. Pardonner est un ordre. Pourquoi ? Parce que Jésus a dit: « Vous ne pardonnerez pas sept fois, mais soixante-dix fois sept fois. » La meilleure partie, c'est cette spontanéité qui accompagne les progrès. Tout cela mène à une joie indescriptible et à un soulagement inimaginable dans notre cœur. Ce progrès imprègne tous les aspects de notre existence.
