Lors du trentième anniversaire de la sortie des Dents de la mer, le thriller de Steven Spielberg, les journaux ont parlé d'attaques de requins contre des nageurs et des pêcheurs. Coïncidence ?
Un soir, il y a quelque temps, je regardais à la télévision l'interview d'un océanographe biologiste auquel on demandait de commenter une série d'attaques de requins, survenues au large des côtes de Floride. Il affirmait que les requins n'ont pas envie de manger les hommes. Il est possible qu'un requin prenne un nageur pour un phoque, animal dont il est le prédateur, mais il est plus probable que les requins attaquent les gens pour les avertir. C'est une question de territoire, a expliqué le scientifique, les requins veulent simplement interdire aux humains d'entrer sur leur propriété!
Quel sentiment familier, et bien compréhensible, en termes de comportement humain ! Il semble que le monde de la nature reflète le climat mental des gens qui y habitent, parce que c'est la lentille par laquelle ils perçoivent ce qui les entoure. Certains ont une vision anthropocentrique (centrée sur l'humain) de la vie en général et croient que le monde tourne autour d'eux. Il n'est pas surprenant qu'ils voient leurs idées et leurs valeurs se répéter dans le comportement des animaux, dans les tempêtes, dans la manière dont les éléments du monde, dans leur ensemble, paraissent coopérer. Or, il existe une autre vision des choses, clairement exprimée dans la tradition biblique, la vision théocentrique (centrée sur Dieu) de tout l'univers. « À l'Éternel la terre, déclara le Psalmiste, et ce qu'elle renferme, le monde et ceux qui l'habitent ! » (Psaume 24:1) Y compris les requins.
Les anciens Hébreux n'étaient pas des gens de la mer, et les requins ne sont jamais mentionnés dans les Écritures. Cependant, les créatures marines fascinaient les poètes antiques d'Israël et aussi ceux des cultures avoisinantes. Voyez le léviathan, monstre mythique qui apparaît dans Job (3:8) et dans Ésaïe (27:1). Les spécialistes pensent que le léviathan est la version hébraïque du lotan des Cananéens, symbole des forces marines rebelles, conquises et retenues dans des canaux appropriés par le dieu créateur.
D'un point de vue spirituel théocentrique, les membres du règne animal, y compris les humains, ne se délimitent pas un territoire dont ils peuvent prétendre être propriétaires; ils occupent, au contraire, les domaines et les fonctions que le Créateur leur assigne. Sous le gouvernement divin, tout dans l'univers a une place qui lui est propre, et lorsque tous ces éléments le résultat mérite l'éloge divin: « trés bon » (voir Genése 1:31).
Mary Baker Eddy faisait souvent référence aux animaux et à d'autres éléments de la nature dans Science et Santé. Voici ce qu'elle écrit: « Toute la nature enseigne l'amour de Dieu pour l'homme, mais l'homme ne peut aimer Dieu par-dessus tout et vouer toute son affection aux choses spirituelles, tant qu'il aime les matériel qu'en ce qui est spirituel. » (p. 326) Créatures marines vengeresses, plantes vénéneuses et reptiles venimeux, conflits entre les espèces, il est certain que ces choses ne donnent pas une leçon d'amour ! Ces phénomènes appartiennent à une vision anthropocentrique du monde, fondée sur la matière plutôt que sur l'Esprit, Dieu. C'est une image déformée, inexacte de ce qui est réellement. De ce point de vue, le fait que la sortie d'un film, célèbre pour son histoire de requins, coïncide avec de vraies attaques de requins n'est pas du tout surprenant.
La fascination pour les détails « gore » peut tenter de captiver la pensée et la garder otage du sensationnel, mais l'emprise hypnotique de cette fascination est brisée par le fait que Dieu est présent et qu'Il gouverne chaque élément de la création. La violence et la peur aveugles ne sont naturelles ni aux animaux ni aux gens. Un point de vue égoïste et morcelé ne correspond pas au monde que Dieu a créé. Le monde qu'Il a créé, le seul monde véritable, exprime Sa bonté et fonctionne selon le dessein divin. Il est totalement spirituel. « Toutes les créatures de Dieu, écrit Mary Baker Eddy, se mouvant dans l'harmonie de la Science, sont inoffensives, utiles, indestructibles. » (ibid, p. 514) Oui, cela s'applique aux requins.
Les animaux ne sont pas des ennemis, mais nos prochains. Il est vrai que Dieu a donné à l'homme la domination sur les animaux, mais de nombreux théologiens interprètent à présent le texte hébreu de la Genèse (1:26) comme voulant dire « intendance » et non exploitation. Dieu a confié les animaux aux soins de l'homme, et Il s'attend à ce que leur soit accordé le respect fondé sur une vision correcte, théocentrique de leur nature spirituelle essentielle. Nous n'avons pas à entretenir de clichés au sujet des animaux, pas plus que nous ne devrions le faire au sujet de personnes qui appartiennent à d'autres ethnies que la nôtre. Plus nous prendrons conscience de la souveraineté que Dieu exerce sur notre vie et sur l'univers, plus nous verrons Son harmonie et Sa bonté se manifester ici.
Je ne nage pas beaucoup dans l'océan en ce moment, parce que j'habite à plus de mille cinq cents kilomètres de la côte. Mais je suis passionnée de jardinage et je me retrouve quelquefois en conflit avec des plantes grimpantes considérées vénéneuses, avec des insectes qui se régalent aux dépens de mes précieuses roses et avec des daims qui font leurs délices de tout ce qu'ils trouvent, même des fleurs artificielles que j'avais « plantées » comme leurres ! Lorsque je suis tentée de me fâcher contre ces animaux, ou de ne voir en eux que des créatures nuisibles, dangereuses ou agaçantes, je reviens, en priant, au fait fondamental: nous sommes tous des idées de Dieu, créées pour coopérer et se compléter les unes les autres.
Avant chacune de mes incursions dans une zone où vivent des animaux, j'affirme que Dieu gouverne mes activités et les leurs. Les gens qui ont le bonheur d'aller à la plage peuvent faire de même. Les requins et les gens, guidés par Dieu, peuvent profiter d'une journée ensoleillée, au bord de la mer !
Que nous nagions ou pêchions dans les océans, que nous soyons jardiniers ou que nous escaladions des montagnes pour atteindre les étoiles, nous nous mouvons tous « dans l'harmonie de la Science ». Les éléments de la nature autour de nous reflètent la tendre sollicitude de Dieu et partagent cette sollicitude avec nous, dans l'harmonie et la paix. Eh oui, y compris les requins !
