Ma vie a changé un jour ensoleillé de l'été 98. J'avais quatorze ans, je faisais ma première randonnée à travers les Appalaches. Je ne m'étais jamais retrouvée si loin de la civilisation, ni immergée à ce point dans la beauté de la nature. Comme les seuls signes de présence humaine alentour provenaient de mes compagnons de randonnée et de ce sentier très fréquenté, il m'était facile de m'émerveiller devant la pure splendeur de Dame Nature.
Au cours de notre progression vers l'un des sommets de cette région montagneuse, j'ai eu l'impression que quelque chose clochait. La lumière était plus éclatante qu'elle n'aurait dû l'être dans cette zone forestière. J'ai regardé autour de moi, et mon émerveillement s'est transformé en cauchemar: tous les arbres étaient morts.
J'étais abasourdie. (J'ai appris par la suite que cela était dû aux pluies acides.) La forêt préservée que j'avais cru découvrir n'était que pure illusion. L'activité industrielle, à des centaines de kilomètres de là, lui avait été fatale. Dépouillés de écorce protectrice, les arbres décharnés et vulnérables me dominaient de leur sinistre silhouette sur le ciel d'un bleu éclatant. Submergée par une vague de désespoir, je me suis demandé si la forêt entière n'allait pas être happée par cette spirale dévastatrice. M'imaginant un monde sans nature, j'ai soudain été prise de panique. Je ne savais pas quoi faire, mais jamais je n'avais été aussi sûre qu'il me fallait agir.
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