Il y a quelques années, lors de vacances en famille, mon frère Ed et moi avons emmené son petit garçon de deux ans, Peter, faire une promenade en barque sur un lac. Peter se tenait entre les jambes de son père, qui ramait, et il avait posé ses mains sur les rames. Au bout d'un moment, l'enfant lancé sur un ton impérieux: « Moi tout seul, papa ! » Ed lui a laissé les rames, avec lesquelles l'enfant s'est mis à battre l'eau de façon désordonnée. Tandis que nous naviguions sans aller nulle part, Peter s'est exclamé tout réjoui: « Moi conduis tout seul ! »
Je souris au souvenir de cette scène, lorsque je pense à la raison d'être de la prière. En effet, nous nous imaginons peut-être parfois que nous dirigeons nous-mêmes le bateau de la vie, mais à mesure que nous prenons conscience que nous sommes en train d'aller nulle part à toute vitesse, la prière devient une amie précieuse. La prière quotidienne est une façon pour nous de laisser notre main dans celle de Dieu.
Je pense que c'est en priant de manière à reconnaître notre unité avec Dieu que nous prenons le mieux soin de notre santé et de la paix de notre âme. Ma prière quotidienne consiste à reconnaître Dieu comme l'unique Vie et l'unique Entendement, ma propre Vie et mon Entendement. Je prie pour savoir que je ne suis pas un être séparé de Dieu, mais une identité individuelle issue de la Vie divine comme un courant jaillissant sans fin d'une fontaine inépuisable. Je prie pour connaître Dieu comme la nature pure, bonne et éternelle, de moi-même et de chacun de nous.
Les prières que je fais, textes spirituels que je me récite ou bien prières spontanées, ont représenté pour moi au fil des ans comme une nourriture, un repos, un exercice et un renouveau d'inspiration spirituels. Je cherche encore cependant des manières d'améliorer ma pratique de la prière, en particulier pour combattre une certaine résistance mentale à prier pour mon propre bien-être. Voici trois formes spécifiques de résistance auxquelles j'ai souvent dû faire face, ainsi que quelques idées inspirées par la Christian Science qui m'ont aidée à les vaincre:
1. Le fait de croire que la prière doit corriger de mauvais états ou les empêcher de se produire. Penser ainsi engendre de la tension et on a envie, par conséquent, de fuir la prière ou d'arrêter de prier. C'est pourquoi je me rappelle très souvent à moi-même que si je prie, c'est pour voir le bien qui est déjà vrai et présent. Dans la Science divine, ou réalité spirituelle, Dieu est l'Esprit infini qui se manifeste dans un univers d'identités bonnes et spirituelles. La vie matérielle n'est pas une autre réalité, déchue, mais seulement une conception erronée de la seule réalité spirituelle. La prière élève la pensée au-dessus des perceptions physiques, vers la vérité de l'être parfait.
Un psaume de la Bible, dans une traduction moderne, décrit l'objectif de la prière en termes simples: « Tout ce que je veux, c'est Te voir [Dieu] tel que Tu es. » (Ps.17:15, après Contemporary English Version) Poursuivant fidèlement cet objectif, on pourrait également prier ainsi: « Tout ce que je veux, c'est Dieu comme l'Amour infini qui contrôle tout. Je veux me voir moi-même, et la création tout entière, comme l'être que l'Amour exprime, complet et satisfait. Je veux savoir que cette Cause entièrement bonne donne la vie et le bonheur à chacun de façon continue, et qu'il n'existe aucun autre pouvoir qui puisse s'opposer au bon dessein de Dieu.»
Une prière de cette nature ne vise pas à contrôler des états matériels mais au contraire à prendre conscience des spirituels. Jésus a enseigné qu'on ne peut rendre un seul cheveu blanc ou noir par l'effet d'une volonté humaine. (voir Matthieu 5:36) Par la grâce divine, cependant, nous pouvons connaître la vérité qui nous libère des illusions matérielles de manière à faire apparaître l'harmonie que est réelle et normale. Pour décrire les effets d'une prière de ce genre, Mary Baker Eddy, qui a fondé la Christian Science, s'est exprimée ainsi: « La prière ne saurait changer la Science de l'être, mais elle tend à nous mettre en harmonie avec cette Science. (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 2)
2. Croire que seules des solutions purement humaines peuvent régler mes difficultés ou celles des autres. Il est souvent utile de réfléchir à des solutions susceptibles d'améliorer sa vie, mais je me suis aperçue que cela peut parfois me détourner d'une prière qui concentre le pouvoir de Dieu sur une situation pour la guérir. Si, par exemple, j'ai une décision à prendre au sujet de mes finances, j'essaie de reconnaître tout de suite que mon intelligence me vient de Dieu, l'Entendement divin. De cette manière, je contribue à briser cette habitude qui consiste à se fier à une pensée humaine très limitée pour trouver des solutions. Je renforce aussi ma confiance dans le fait que même les grands problèmes économiques mondiaux ont leur réponse en Dieu.
En fin de compte, les difficultés humaines persisteront tant que nous accepterons l'existence mortelle et matérielle comme réelle. Seule la prière fondée sur la Science de l'être éveillera la conscience humaine à voir Dieu comme la source infinie du bien.
Autre exemple d'un dépassement des solutions purement humaines pour aller vers le règne de la prière qui transforme: lorsque je fais un don à une cause humanitaire, j'ai sans doute l'impression d'avoir fait ce que je pouvais, car les dons constituent effectivement une forme d'aide très utile, mais si je continue à garder dans ma pensée une image mentale de tragédie et de danger, je n'ai pas offert ce que j'avais de meilleur.
Jésus a signalé qui'il existait une forme plus élevée de don lorsqu'il a répondu à des protestations au sujet de l'argent dépensé par une femme pour l'huile qu'elle répandait sur la tête de cet homme de bien, argent qui aurait pu être donné aux pauvres. Voici ce qu'il a dit: « Car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours. » (Matthieu 26:11) Jésus ne décourageait pas, bien sûr, les dons charitables, comme en cette autre occasion où il avait cité en exemple le Bon Samaritain qui avait pris en charge les besoins de l'étranger. Mais pour en revenir à l'onction d'huile, peut-être encourageait-il la plus haute forme de charité: l'amour qui guérit en profondeur et complètement en honorant le Christ, l'idée spirituelle de Dieu, la véritable identité de chacun.
Une personne que comprend que sa vie, et toute vie, est spirituelle et soutenue par Dieu, contribue à elle seule à mettre fin à cette conception répandue dans le monde entier, dont nous sommes les esclaves, et selon laquelle nous sommes des êtres matériels éternellement vulnérables à la pénurie et aux désastres. Comme contribution à l'aide humanitaire, la prière scientifique est sans égale.
3. Croire que mes prières ne sont pas assez bonnes pour me guérir ou pour guérir les autres. Reconnaître que Dieu, la Vérité même, est ce qui guérit toujours, permet d'affronter cette peur et de la surmonter. Jésus a déclaré que, si nous demeurions dans sa parole, nous connaîtrions la vérité, et que cette vérité nous libérerait. (Jean 8:31,32) À mon point de vue, une des façons de demeurer dans sa parole consiste à être prêt à déclarer la vérité en toutes circonstances. Le fait de déclarer une seule vérité spirituelle est un type de prière. Je peux à tout moment déclarer que Dieu est suprême et que toute la création, dont je fais partie, est parfaite et spirituelle dès maintenant. Je peux affirmer qu'il n'existe aucun pouvoir qui puisse empêcher l'apparition de cette perfection. Même lorsque des pensées accusatrices ou l'évidence des sens matériels me suggèrent que ne suis pas convaincue de cette vérité, et que la souffrance ou le danger sont bien réels, alors même, je peux être sûre que je serai élevée vers la connaissance de la vérité si je persiste à la déclarer. C'est la Vérité qui élève et elle ne s'effraie pas ni ne se fatigue.
La prière en action permet également de demeurer dans la parole de Jésus: elle inclut l'expression consciente de qualités comme la gratitude, la patience et la persévérance. Lorsque j'ai eu l'impression d'être dans un état de faiblesse d'un point de vue spirituel, le simple effort d'aimer ou d'encourager quelqu'un, ou encore d'exprimer davantage de patience, m'a apporté l'inspiration nécessaire à de nombreuses reprises.
La Bible donne ce magnifique encouragement à toute personne qui prie: « De même aussi l'Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu'il nous convient de demander dans nos prières. Mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs [aspirations] inexprimables. (Romains 8:26)
Cette phrase me semble indiquer que la prière est une entreprise en commun, un peu comme une équipe parent-enfant dans la même barque. La résistance à la prière se dissipe lorsque nous voyons que Dieu prie avec nous et en nous. Davantage qu'une action destinée à nous rapprocher de Dieu, la prière est la preuve de notre unité avec la Vérité. La prière quotidienne nous permet de laisser notre main dans celle de Dieu et de permettre à divin de nous donner l'énergie pour aller de l'avant.
