Maladies guéries. Sécurité trouvée lors d'une catastrophe. Rétablissement d'une situation financière difficile. Relations renouées. En lisant les pages de ce périodique, vous constatez peutêtre qu'il semble exister une équation dans la Christian Science, du genre: problème + prière = solution.
Oui, la guérison est le résultat naturel d'une prière sincère. Cependant, examinez l'un de ces récits de guérison et il en ressortira un schéma intéressant. Le voici: ce qui est important dans la guérison par la Christian Science, ce n'est pas le résultat, c'est une nouvelle compréhension et une nouvelle façon de voir. La personne guérie devient plus encline à faire confiance à Dieu et elle est moins portée à s'appuyer sur les méthodes et moyens matériels. En d'autres termes, la Christian Science n'est pas un « pansement » qu'on applique à la matière. D'ailleurs, il n'est pas question de guérir la matière. Cela ne saurait être le cas, puisque, au mieux, la matière est illusoire. Toutefois, la Christian Science a bien un aspect pratique dans le sens où elle nous ouvre les yeux sur ce qui existe déjà: la réalité d'un Dieu parfait et de Sa création spirituelle parfaite.
Mary Baker Eddy explique qu'il n'y a ni substance ni réalité dans la matière. Donc, la matière, irréelle et sans substance, ne peut être traitée. Mary Baker Eddy affirme ce point avec fermeté: « Mon premier énoncé dans la doctrine de la Science Chrétienne est le suivant », puis elle poursuit en rappelant au lecteur l'« exposé scientifique de l'être » qu'on trouve dans Science et Santé et qui, avec logique, énonce la totalité de Dieu, l'Esprit, et par conséquent, la nature spirituelle, non matérielle, de Sa création (voir Ecrits divers, p. 21).
Donc, puisque la matière est irréelle, pourrait-on jamais utiliser la Christian Science pour la guérir ? Non. Rien ne peut guérir ce qui n'existe pas. Et pourtant, ainsi que je l'ai découvert de façon assez spectaculaire, il y a de nombreuses années, la Christian Science est tout à fait à la hauteur, dans une situation d'urgence, en raison de ce qu'elle révèle constamment sur la nature ininterrompue de la bonté divine, de l'harmonie.
Ce jour-là, je lisais la Leçon biblique hebdomadaire, indiquée dans le Livret trimestriel de la Christian Science. Je me sentais rempli d'inspiration et j'ai décidé d'aller me promener sur la plage. J'ai appelé un ami pour lui demander de m'accompagner, puis je suis sorti en courant, dévalant quatre à quatre le long escalier aux marches irrégulières. Parvenu au milieu de l'escalier, j'ai manqué des marches, fait un vol plané jusqu'en bas (maintenant je sais pourquoi on parle d'une « volée » d'escalier !) et atterri sans beaucoup d'élégance. J'ai entendu un craquement sonore dans le pied sur lequel je suis tombé et, presque immédiatement, j'ai ressenti une douleur intense.
Ce qui est intéressant à propos de cet incident, c'est que le vol plané a paru durer plusieurs minutes. Bien entendu, ce n'était pas vraiment le cas, mais cette impression de durée donne une idée de la façon dont j'ai réagi. J'ai eu l'impression d'entrer dans un lieu tranquille, en dehors de tout ce qui se passait. Alors même que je volais dans les airs, j'étais profondément conscient de l'agencement bien ordonné de l'univers, du gouvernement absolument harmonieux que Dieu exerce sur toutes choses. J'ai pensé au fait que toutes les planètes et toutes les étoiles se déplaçaient en suivant exactement le chemin tracé: d'immenses idées se déplaçant sans effort, dans l'harmonie, parce qu'elles sont maintenues par Dieu, le Principe divin, dans un ordre qui ne peut être interrompu. J'ai vu que, pas plus que ces planètes, je ne pouvais quitter l'harmonie, le mouvement parfait. Et par conséquent, malgré la douleur vive que j'éprouvais au pied, j'étais transporté par ce sentiment d'ordre de l'univers au point que la douleur paraissait s'être détachée de moi.
Je suis resté avec ce sentiment d'ordre, de doux gouvernement du Principe, pendant encore quelques minutes. Ce fut ma prière. Puis, soudain, j'ai entendu les mots suivants: « Dieu [...] fait les hommes droits. » (Ecclésiaste 7:29) Ce message était si fort que j'avais presque l'impression que quelqu'un l'avait dit à voix haute. Je me suis rendu compte plus tard qu'il s'agissait d'un passage de la Bible, mais je ne peux pas dire que je l'avais consciemment engrangé dans ma mémoire, à un moment donné. Les mots cependant m'ont parlé. Et je me suis demandé: si Dieu t'a fait droit, que fais-tu à terre ?
En effet, qu'est-ce que je faisais à terre ? Je me suis relevé et, en boitant, je suis parti rejoindre mon ami pour notre promenade. En chemin, alors que je pensais toujours au gouvernement divin de l'univers, la douleur a diminué. Le lendemain soir, je marchais normalement et il n'y avait ni enflure ni contusions. Juste la liberté.
Cette expérience demeure un moment marquant pour moi, parce qu'elle illustre en quoi consiste la guérison par la Christian Science, et aussi parce qu'elle s'est produite au début de mon étude de cette Science. Ma prière n'avait pas même comporté de traitement spécifique pour mon pied. Or, mon pied avait rapidement retrouvé son fonctionnement normal lorsque j'avais pris conscience de ce qui était déjà vrai: étant le reflet de Dieu, j'étais maintenu dans un état de perfection constante. Ma tâche ne consistait pas à rendre cette perfection réelle, ou encore moins à transformer une matière endommagée en matière intacte. Il s'agissait plutôt, pour commencer, de voir l'irréalité de la matière, puis la réalité, ininterrompue, de ce que Dieu était en train de faire: S'exprimer en l'homme, y compris en moi.
Rendez-vous compte ! nous sommes, chacun, ce que Dieu est, maintenant même. Nous sommes l'objet conscient de la compréhension divine. Donc, pour être vraiment efficaces, nos prières devraient inclure l'exploration active de ce qu'est Dieu. Le connaître dans Son infinitude, c'est nous connaître nousmêmes: non pas en tant qu'humains limités soumis à l'histoire et au hasard, mais en tant que Son expression illimitée, qui n'est affectée en aucune façon par la matière et ses soi-disant lois et circonstances.
La Bible donne d'innombrables exemples d'hommes et de femmes à l'esprit éminemment concret, que la majorité du genre humain considérait pourtant comme dépourvus de sens pratique. Imaginez ce que les contemporains de ont pu dire quand il a commencé à construire ce qui allait être finalement un zoo flottant. Je pense que ce petit verset donne la clé du sens pratique de Noé: Noé trouva grâce aux yeux de l'Éternel. » (Genèse 6:8) Cela ne veut pas dire que Noé était le chouchou de Dieu, Son élu. C'est Noé qui a trouvé la grâce, en voyant la création telle que Dieu la voyait, « aux yeux de l'Éternel ». Noé ne s'est pas laissé entraîner par la violence de l'époque. Il avait pour priorité de voir comme Dieu voit. Je soupçonne que Noé vit et comprit que Dieu est Amour et qu'Il lui était impossible de voir quelque chose de dissemblable à Lui-même, où qu'Il pose le regard dans Sa bonté infinie. Comment expliquer autrement que ait accepté d'entreprendre une tâche si étrange ?
Je pense que Noé a construit son arche mentale, ou lieu sûr, bien avant qu'il soit appelé à affronter les flots en furie. La sûreté de l'arche démontrait sa compréhension pratique. Autrement dit, ce qu'il comprenait de son unité avec Dieu s'avéra utile, bien que rien ne suggère que le désir de Noé de se rapprocher de Dieu ait jamais eu quelque chose à voir avec un résultat quelconque.
Et qu'en est-il de ces moments où il est difficile de se détourner de la matière ? Ce sont les moments où nous pouvons nous souvenir de la présence de l'Amour divin. Scrutant l'obscurité de la tombe après la crucifixion, Marie ne vit pas immédiatement son Sauveur ressuscité. Cependant, lorsque Jésus l'appela par son nom, elle leva les yeux. Pour voir le Christ ressuscité, qui l'attendait patiemment, elle devait lever les yeux, les détourner du raisonnement conventionnel selon lequel la vie dépend de la matière et peut être détruite. Marie n'eut pas à soigner, à guérir ni à ressusciter Jésus, qui savait déjà que la vie est éternelle, mais elle dut cesser de le chercher dans la tombe de la matière pour accepter la présence du Christ.
Finalement, c'est cette présence du Christ, cette étreinte tangible de l'Amour divin, qui nous délivre de la croyance que nous avons jamais connu la matière comme réalité, ou que nous avons souhaité travailler dans ses limites. Au lieu de cela, nous trouvons », en nous voyant nous-mêmes et notre univers tels que nous sommes réellement: Sa création. Que peut-il y avoir de plus pratique que cela ?
