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Article de couverture

« ME VOICI »

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de juin 2006


Mes parents voulaient sans doute un peu de calme et de paix pendant quelques jours. Ou peut-être pensaient-ils qu'en envoyant leurs trois filles adolescentes faire une retraite épiscopalienne le temps d'un weekend, celles-ci apprendraient les vertus du silence. Toujours est-il que mes sœurs et moi nous sommes retrouvées dans une petite maison en bois où des religieuses nous ont expliqué qu'il ne fallait pas prononcer un seul mot — pas même émettre un son — entre huit heures du soir et le midi suivant.

Dans ma courte vie, j'avais toujours cru bon de faire connaître au monde entier la moindre de mes pensées. Observer un « grand silence » était donc un exploit que je n'allais pas pouvoir accomplir au premier essai. Je tourmentais ma sœur cadette en la chatouillant, et ma sœur aînée en lui posant des charades, pour leur faire rompre le silence, ne voyant aucun intérêt à se recueillir dans ses propres pensées. En fait de silence, j'étais même parvenue, le lendemain matin, à faire éclater de rire les religieuses par mes pitreries au petit déjeuner. Je me demandais ce que pouvaient bien faire ces femmes durant toutes ces heures sans discuter, sans regarder la télévision, ni écouter la radio, ni même parler au téléphone. Quel ennui !

Ce n'est que bien plus tard que j'ai fini par comprendre, grâce aux leçons de la vie, que ce qui était vraiment ennuyeux, c'était de s'écouter parler soi-même sans arrêt. À l'inverse, j'ai découvert combien il était stimulant et vivifiant d'écouter ce que la Bible appelle la « douce petite voix », cette voix intérieure de la sagesse éclairée et du réconfort qui parle à chacun de nous, à chaque instant. C'est la voix de Dieu.

J'admets qu'il peut sembler exagéré de dire que la voix de Dieu est vraiment présente et active dans sa propre conscience. Pourtant, quand je prends conscience du fait que Dieu est Esprit, et non une sorte d'entité spectrale, cela m'est plus facile à comprendre. On lit dans Science et Santé que l'Entendement divin est, comme l'Esprit, l'un des sept synonymes de Dieu (voir p. 589). Selon la Bible, je suis créée à l'image de l'Esprit (voir Genèse 1:27). Rapprochant ces concepts, savoir que Dieu est Esprit, qu'ill est Entendement et que je suis Son image, j'en déduis que je suis entièrement spirituelle: l'Esprit est la source de mon être. Et comme l'Entendement divin en est également l'origine, je peux dire que l'intuition, l'intelligence, la créativité et le discernement sont sans cesse présents dans ma conscience. Mais l'exploitation de cette source spirituelle d'intelligence et de sagesse infinies dépend de notre aptitude à entendre véritablement les messages que Dieu nous communique. En d'autres termes, pour entendre Dieu, il faut faire silence.

De toute évidence, les religieuses connaissaient la valeur de cette attitude. Depuis des millénaires, prophètes, maîtres et sages de toutes confessions ont cherché un refuge paisible pour méditer, prier et se ressourcer spirituellement. Ainsi, malgré un ministère exigeant, Jésus restait souvent des heures, des jours ou des semaines seul avec ses pensées, dans une véritable communion avec Dieu — il a même jeûné quarante jours dans le désert. Plusieurs passages de la Bible indiquent qu'il sortait renforcé de ces périodes de prière à l'écart du monde, prêt à faire face aux défis du mal avec une grande assurance, que ces défis prennent la forme de la maladie, de l'injustice ou même de la mort (voir Matthieu 4:1-11 et 17:1-21).

Mais comment trouver le calme dans un monde électronique et numérique ? C'est peu dire que nous vivons à une époque où tout s'accélère. Que se passerait-il, cependant, si l'on était persuadé que les moments de calme sont aussi indispensables que le temps que l'on consacre à s'alimenter ou à se laver ? En général, la question de rayer de la journée ces activités nécessaires ne se pose même pas.

Bien sûr, tout le monde n'a pas le temps ou l'envie de consacrer de longues périodes à faire une retraite dans un couvent ou en haut d'une montagne. Mais être mentalement disponible, à un moment de la journée, pour écouter cette « douce petite voix » peut faire la différence entre le succès et l'échec, les bonnes décisions et les mauvaises, la sagesse et l'imprudence. En réalité, qui n'a pas le temps de faire preuve de sagesse ? Tout le monde n'a-t-il pas le droit d'entendre les messages divins d'amour qui éclairent l'esprit ? Mais il est parfois nécessaire de revendiquer intérieurement et avec insistance ces moments de calme, même si un emploi du temps surchargé, des journées mouvementées ou des voisins bruyants vont à l'encontre de cet objectif.

Quand il parlait de la prière, Jésus recommandait bien un environnement paisible pour communier avec Dieu: « Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes... Mais quand tu pries, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.» (Matthieu 6:5, 6)

Depuis des siècles, les chrétiens suivent les directives de Jésus, qu'il s'agisse des moines et des sœurs qui ont fait vœu de silence total pour leur vie entière, ou des confessions qui incluent la prière silencieuse dans leurs services religieux (comme les services de la Christian Science), ou encore de tous ceux qui, individuellement, font de la communion avec Dieu une pratique quotidienne, tôt le matin, ou le soir avant de se coucher.

Mary Baker Eddy, qui a découvert la Christian Science, s'est fondée sur les paroles de Jésus pour être guidée dans sa vie de prière. Répondant à une personne qui mettait en doute ses prières, elle écrit: « J'espère que je n'ai pas tort de suivre à la lettre le commandement de Jésus [...]: Trois fois par jour, je me retire pour demander, le visage tourné vers la Jérusalem de l'Amour et de la Vérite, que la bénédiction divine repose sur les malades et les affligés, adressant une prière silencieuse au Père qui "voit dans le secret", et, avec la confiance de l'enfant, certaine qu'il récompensera "ouvertement". Au milieu des soucis et du labeur déprimants, je me tourne constamment vers l'Amour divin pour être guidée, et je trouve le repos. » (Écrits divers, p. 133)

J'ai finalement appris à trouver le repos et à me laisser guider, moi aussi, en me réservant un moment de calme chaque jour, parfois une journée entière, quand cela est possible. Il y a quelques années, par un bel après-midi d'automne, j'ai décidé d'aller trouver le calme en haut de la montagne. Je parle de la vraie montagne. J'habitais à une heure et demie du Lac Tahoe, dans la Sierra, en Californie du nord. Ces premiers jours d'automne offraient le moment idéal pour un nettoyage mental, ils allaient me permettre de me sentir proche de Dieu dans l'un des plus beaux paysages terrestres.

J'ai emporté ma Bible, Science et Santé, quelques périodiques de la Christian Science, mes chaussures de randonnée, un siège de plage, et j'ai pris la voiture pour me rendre à l'un de mes endroits favoris, sur la rive ouest du lac. Je me suis installée sur le rivage, appréciant l'air pur de la montagne, les couleurs somptueuses de ce début d'automne, la brise qui soufflait légèrement sur les eaux bleu foncé, la tranquillité d'un lieu sans touristes. J'étais seule avec Dieu et les éléments. Je venais d'ouvrir un de mes livres quand un riverain qui avait décidé de laver son camion, de l'autre côté de la route, a réglé le niveau de sa sono à un million de décibels. Une musique « heavy metal » a retenti à travers le lac, m'arrachant à rêverie. Étais-je contrariée ? Oh oui ! Ma paix intérieure m'a-t-elle quittée ? Ai-je eu envie d'aller dire à cet homme ses quatre vérités ? Certainement !

Mais j'ai repensé à la raison qui m'avait fait venir là. À quoi bon, me suis-je dit, étudier la Bible, prier pour me rapprocher de Dieu, si c'est pour oublier aussi facilement l'amour envers mon prochain en allant dire à cet homme d'aller au diable ? De plus, qu'en était-il de mon droit à la quiétude ? À l'époque, j'avais beaucoup réfléchi à l'idée du foyer, et mes prières s'inspiraient de la définition du ciel que donne Science et Santé. Je pensais que mon foyer devait être comme le ciel, parce que le foyer était ma propre conscience, l'endroit où je vivais réellement. Je me suis donc à nouveau reportée à cette définition du ciel: « Harmonie; le règne de l'Esprit; gouvernement par le Principe divin; spiritualité; félicité; l'atmosphère de l'Ame. » (p. 587)

J'ai compris cette définition ne s'appliquait pas seulement à ma maison, mais à tous les lieux où je pouvais me trouver. Parce qu'il s'agit de la conscience. Ici même, au bord du lac, ou bien au volant de ma voiture, en randonnée — partout. J'ai refermé mon livre et je me suis mise à prier pour mieux comprendre que l'harmonie était un état d'esprit, de conscience, et pour revendiquer mon droit, en tant qu'enfant bien-aimée de Dieu, de connaître l'harmonie, la félicité, l'atmosphère de l'Ame en toutes circonstances, parce que Dieu était toujours présent, qu'll était ma source et était entièrement bon.

Cette prière n'a guère duré plus de cinq minutes. Puis, une minute plus tard, la musique s'est brusquement arrêtée. J'ai entendu la porte du camion se refermer, et celle d'une maison également. Le vacarme avait cessé. Coïncidence ? Peut-être. Tout ce que je peux dire, c'est que, dans cette situation comme dans d'autres depuis lors, chaque fois que j'ai prié pour ne rien accepter d'inharmonieux, je me suis sentie réconfortée, et la situation extérieure s'est alignée sur mon état mental.

Ce n'est pas seulement par intérêt personnel que l'on prie pour ressentir et entendre la présence de Dieu. La prière silencieuse ne doit pas rèpondre uniquement à un besoin individuel de quiétude. Le monde a besoin de nos prières sincères. Pour venir à son aide, nous devons consacrer du temps à écouter les messages que Dieu nous communique, quelles que soient les circonstances. La planète traverse des crises qui réclament instamment des solutions. On peut parvenir à de vraies solutions, non pas en se contentant de parler, mais par une écoute attentive de l'Entendement qui inspire la sagesse, la compassion et l'intelligence.

Les plus grands prophètes bibliques n'avaient qu'une réponse lorsque Dieu leur parlait: « Me voici ! » Ils étaient toujours prêts à écouter, à obéir sur-lechamp aux ordres de Dieu. S'ils avaient laissé filer les heures machinalement dans de vains amusements et d'incessantes pu entendre l'appel de Dieu ? Cela ne veut pas dire qu'il faut être triste pour entendre Dieu, ou que l'on doit renoncer à aller cinéma, à regarder la télévision, à écouter de la musique et à tout ce qui enrichit l'existence. Mais de même que l'on prend le temps de se laver et de faire de bons repas, on a également besoin — je pense en effet qu'il s'agit là d'un besoin — de prendre le temps de méditer et de prier en silence. Un ancien gospel exprime magnifiquement le lien de cause à effet qui existe entre la prière silencieuse et cœur réceptif:

Douce heure, douce heure de la prière,
Qui m'appelle d'un monde de soucis
Et m'invite au trône de mon Père,
Révèle mes besoins et mes souhaits;
Au temps de la détresse et de l'affliction,
Mon âme a souvent trouvé la guérison
Et déjoué les pièges du tentateur
Quand revenait la douce heure de la prière. (William W. Walford, Worship and Service Hymnal, cantique n° 383)

Nous avons tous besoin de cette précieuse et « douce heure de la prière ». La prière ne dure pas forcément une heure, elle peut se prolonger toute une journée, se limiter à cinq minutes, ou bien, comme dans l'expérience de Jésus, se poursuivre pendant quarante jours dans la désert. Mais nous pouvons être certains d'une chose: que cette prière soit longue ou courte, Dieu est présent. Nous avons seulement besoin d'écouter. Alors nous serons prêts.

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