Ayant grandi dans un foyer où le père était alcoolique, j'étais confrontée tous les jours à la mauvaise humeur, aux cris et à la colère. J'étais également très en colère contre Dieu, car j'avais le sentiment qu'il m'avait mise dans cette situation. Alors que je correspondais tout à fait à l'image de l'enfant d'alcoolique qui essaie d'être hyper-responsable et d'obéir à l'autorité, je bouillais intérieurement et il m'arrivait d'exploser, surtout contre mes jeunes frères et sœurs et contre mon père. Il semblait bien que l'hérédité et l'environnement aient gravé la colère en moi.
Or, durant mon adolescence, quelqu'un m'a fait connaître Science et Santé avec la Clef des Écritures. J'ai essayé de comprendre l'idée d'un Dieu qui est Amour et qui m'a faite à Son image et à Sa ressemblance. Cette idée était très éloignée de mon expérience, mais l'auteur, Mary Baker Eddy, insistait sur le fait que les idées contenues dans cet ouvrage étaient une science, la Science divine. Je me suis dit que si elles faisaient partie d'une science, il devait être possible de les prouver.
L'une de ces idées fondamentales s'énonce ainsi: afin de comprendre réellement notre identité, nous devons commencer par le Créateur et par la nature divine de toute chose. Il m'est venu à la pensée que je me voyais bien comme l'image et la ressemblance de Dieu, mais à l'envers. En d'autres termes, j'avais supposé que Dieu devait être comme moi (et cette image n'était pas bien jolie!) Je me suis rendu compte que si Dieu était l'original, la cause, alors je ne pouvais qu'en être l'effet. Il m'etait nécessaire de connaître Dieu afin de voir réellement qui j'étais.
J'ai considéré la définition de Dieu telle qu'elle est donnée dans le Glossaire de Science et Santé (p. 587) et j'ai commencé à faire la liste des qualités qui pouvaient correspondre à chacun des synonymes qui y figuraient (Principle, Entendement, Âme, Esprit, Vie, Vérité, Amour). Sous le terme Principle, j'ai inscrit ordre, obéissance; pour l' Amour, la gentillesse, la compassion, la générosité; pour la Vérité, l'honnêteté, l'intégrité, etc. J'ai vu que ces qualités constituaient la véritable nature que je ne pouvais faire autrement que posséder car j'étais le reflet de Dieu. La colère et le mauvais caractère n'y tenaient aucune place. Le comprendre m'a permis de commencer à être plus calme. Lorsque j'étais tentée de me mettre en colère contre quelqu'un, je revenais vers ces synonymes et les qualités qui y sont associées, et j'affirmais qu'ils étaient notre véritable nature, la mienne, comme celle de l'autre personne.
Ce n'était pas toujours facile, mais je savais que je ne faisais pas cet effort toute seule. La Bible dit: « L'Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ. » (Romains 8:16, 17) Je considérais que cet « Esprit » était le Christ, la voix de la Vérité qui se faisait entendre dans ma conscience, affirmant de façon insistante mon innocence, ma pureté et mon calme inné. Je voyais que tout cela provenait de mon héritage divin, qui abrogeait les lois humaines d'hérédité et d'environnement. Les sarcasmes, les propos insultants, la dépréciation de soi, les réactions intempestives et les accès de colère ont alors diminué pour finalement disparaitre.
Mon sentiment de calme tout neuf a été mis à rude épreuve. En effet, pour pouvoir étudier à la faculté, je bénéficiais d'une bourse attribuée sur des critères sociaux; au bout de deux ans, je me suis mariée et, lorsque j'ai informé l'université de mon changement d'état civil, on m'a avertie que je n'avais plus droit à la bourse. Cette notification était terrible, car elle impliquait l'arrêt de mes études. Lorsque j'ai demandé la raison de ce refus, on m'a répondu que l'establissement ne pouvait pas se substituer au rôle d'un père dont la fille a choisi de se marier. Étant donné que mon père n'avait jamais pris en charge mes frais à l'université, cette réponse semblait injuste et punitive. On me suggéra de demander un financement à mon beau-père, qui faisait d'ailleurs partie de l'administration de l'université. J'étais furieuse, mais j'ai simplement quitté le service d'aide financière et sociale en pleurs.
Quand il semble que la colère est justifiée, nous avons souvent tendance à en ressasser la cause apparente et à vivre en boucle la souffrance, sans aucun espoir de trouver une solution. Mary Baker Eddy a appelé à juste titre ce phénomène « suggestion mentale agressive ». Tout agressive soit-elle, cependant, il n'en reste pas moins qu'il s'agit seulement d'une pensée négative cherchant à nous empêcher d'entendre les idées que Dieu nous envoie, idées qui vont nous amener à une solution harmonieuse.
J'ai pensé au récit biblique de Daniel jeté dans la fosse aux lions, et je me suis demandé si Daniel aurait été en sécurité, s'il avait été en colère contre ceux qui l'y avaient jeté. Sa sécurité, me semblait-il, avait tenu au fait qu'il savait que Dieu était le seul pouvoir, la seule intelligence le gouvernant, lui, aussi bien que les lions. La paix intérieure qu'il éprouvait a dû également être ressentie par les lions.
Je m'en suis remise à Dieu, l'Entendement divin, affirmant que Dieu était le seul pouvoir responsable de ma formation. Je ne pouvais me mettre en colère, à moins de cesser d'avoir confiance que Dieu, le Principe divin, S'occupe de mes besoins. Mon besoin en l'occurrence consistait en idées justes, qui m'aideraient à chercher et à trouver une solution à cette situation. Puisque Dieu est l'Entendement, il ne peut y avoir qu'un seul Entendement. Il n'y a pas une multitude d'entendements aux activités différentes, méme s'il semble assurément que ce soit le cas dans la vie de tous les jours.
Dans ma prière au sujet de cette situation, j'ai également refusé de critiquer le responsable des bourses ou l'université. Il m'est venu alors à la pensée de façon insistante que je devais retourner au service d'attribution des bourses, mais je résistais à cette idée parce que je ne voyais aucun intérêt à tenter de changer une décision que l'on m'avait notifiée comme définitive. Toutefois, l'idée d'y retourner persistait, et j'ai donc finalement appelé pour obtenir un autre rendez-vous. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais dire une fois là-bas, mais j'y suis allée confiante dans le fait que Dieu me guiderait avec sagesse, tout comme Il l'avait fait pour le prophète Jérémie: « Voici, je mets mes paroles dans ta bouche. » (Jér. 1:9) Lorsque je suis arrivée, la gestionnaire, excédée d'avoir à nouveau à faire à moi, s'est montrée très brusque. Cependant, je n'ai pas ressenti le besoin de réagir avec colère et de me justifier. Il m'est venu tout de suite à la pensée de lui poser calmement une question: Si c'était mon mari qui était venu solliciter une bourse d'études, lui auriez-vous suggéré de demander un soutien financier à sa belle-mère?
Elle est restée muette de surprise. Elle a réfléchi quelques instants, puis elle m'a demandé de m'asseoir pour attendre. Tandis que j'attendais, j'ai continué à prier pour savoir que Dieu seul maîtrisait la situation. Je me sentais très paisible. Lorsqu'elle est revenue un bon moment plus tard, elle m'a informée qu'elle avait pu mettre sur pied une allocation pour l'année en cours (ma bourse avait déjà été attribuée à quelqu'un d'autre). Le meilleur allait encore venir: elle m'annonça qu'à partir de cette après-midi la politique de l'université allait change et qu'en cas de mariage, les femmes n'auraient plus à renoncer à l'aide financière.
Si nous abandonnons colère et sentiment de frustration, et qu'à la place nous reconnaissons que Dieu, que a toute pouvoir, qui est tout amour, et toute sagesse, est le seul Créateur et la seule cause, alors nous nous débarrassons, pour le bien de tous, de traits de caractère négatifs, qu'ils soient censés être héréditaires ou provenir de l'influence de l'environnement. Jésus nous a montré la voie lorsque ses disciples ont réagi avec colère devant le refus d'une ville de l'accueillir. Les disciples en effet avaient demandé à Jésus s'ils devaient commander que le feu descende du ciel et consume la ville. Sa réponse a donné le ton pour faire face à cette croyance selon laquelle les réactions de colère seraient normales: « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. » (voir Luc 9:54 55)
La Science du Christ nous révèle ce que l'homme est réellement (être spirituel, homme et femme). La colère ne fait jamais partie de cette identité véritable.
