Il y a quelque temps, j'ai lu une nouvelle qui m'a tant touchée que je l'ai transmise à toutes mes connaissances. Il s'agissait d'un bébé hippopotame, devenu orphelin après le tsunami de décembre 2004, au Kenya.
Ce petit hippopotame s'est attaché à une vieille tortue centenaire qu'il considère comme sa mère. La tortue semble avoir accepté la situation, et ce couple inattendu est absolument délicieux.
Ce récit ne m'a pas seulement fait vibrer le cœur, il m'a fait aussi penser à Dieu et à l'immensité de l'amour qu'll porte à chacun de nous.
Les paroles suivantes de Jésus m'ont donné une idée de l'amour avec lequel Dieu veille sur nous: « Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. » (Matthieu 10:30) Je trouve merveilleux de recevoir cette assurance que chaque détail, jusqu'à un simple cheveu, est pris en considération. C'est une preuve de la grandeur de Dieu, de Son amour et de Sa sollicitude.
Au beau milieu de mes études universitaires, j'ai changé d'établissement. L'année s'est avérée épouvantable. Le niveau des études me dépassait, je n'avais pas d'amis, j'étais loin de chez moi et j'avais entrepris de faire partie d'une équipe d'aviron, ce qui exigeait des efforts physiques auxquels je n'étais pas accoutumée. Pour couronner le tout, mes parents m'ont appelée un jour pour m'annoncer qu'ils divorçaient.
Je ne savais plus vers quoi me tourner. Je me sentais perdue et seule. Je ne voyais pas comment prier Dieu, qui, me semblait-il, m'avait oubliée.
Cette période d'apitoiement sur soi, de crainte et de tristesse a duré plusieurs semaines, jusqu'au moment où je n'ai plus pu le supporter.
J'ai alors appelé une scientiste chrétienne expérimentée pour lui demander des idées. Elle m'a recommandé de trouver chaque jour un sujet de reconnaissance, ne seraitce que de remercier pour le beau vert de l'herbe. J'avais de grands doutes sur cette méthode, et je la contestais intérieurement, car j'étais certaine qu'il n'y avait rien de bon dans ma vie.
Le lendemain, en revenant dans ma chambre après les cours du matin, je me suis souvenue de la recommandation d'être reconnaissante. Regardant autour de moi, je n'ai rien trouvé qui puisse susciter ce sentiment, aussi me suis-je résolue, après tout, à être heureuse que l'herbe soit verte.
Le soir suivant, après l'entraînement, j'ai vu le soleil se coucher et les nuages s'enflammer de couleurs vives. C'était un spectacle qui invitait à la reconnaissance. J'ai continué ainsi à trouver chaque jour une bonne chose, si petite soit-elle, et ma gratitude s'est mise à grandir et à faire boule de neige.
Cette gratitude quotidienne et la reconnaissance du bien m'ont montré que Dieu veillait effectivement sur moi chaque jour, que j'en sois consciente ou pas.
J'ai fini par éprouver de la reconnaissance pour des choses plus importantes, comme l'occasion que j'avais de vivre dans un nouvel État, d'essayer un nouveau sport et de me mesurer à des études plus difficiles. Tout cela m'a bénie, m'a procuré de la joie, a enrichi mon expérience, et finalement tout ce qui me tracassait s'est résolu.
A la fin de l'année, j'étais si satisfaite que je ne pouvais plus me figurer ce qui m'avait tant bouleversée. Depuis, je n'oublie pas cette leçon du pouvoir de la gratitude et elle ne manque jamais de me rappeler que Dieu est présent pour m'aider, même si je n'en suis pas bien consciente ce jour-là.
Pour en revenir aux hippopotames, ce sont des créatures sociables qui restent souvent avec leur mère pendant plusieurs années. Pour ce bébé, la perte de sa mère aurait pu être catastrophique.
Cependant, il s'est attaché à cette tortue et un lien inattendu s'est établi entre eux. Quand je lui ai parlé de cette histoire, un ami m'a fait remarquer: « Il n'est pas dit que Dieu donne une famille seulement aux humains qui sont abandonnés. » Il faisait là allusion au verset biblique: « Dieu donne une famille à ceux qui étaient abandonnés. » (Ps. 68:7).
Dieu nous donne une famille. Il veille sur nous et nous procure ce dont nous avons besoin, où que nous soyons, et quelle que soit la situation. C'est à ce point qu'Il nous aime, et cela me remplit de gratitude.
Article paru dans le Christian Science Monitor, édition internationale, du 17-23 septembre 2005
