pratique et enseigne la Christian Science.
À Kansas City, dans le Missouri. Ancien membre du Conseil des directeurs de
la Christian Science, elle a occupé de nombreuses fonctions dans son Église.
un collaborateur de la rédaction, s’est récemment entretenu
avec elle sur la façon dont on peut se protéger d’influences mentales
négatives grâce à la prière.
Vous m’avez dit que si l’on se croit agressé ou influencé par les pensées de quelqu’un, c’est en réalité le contenu de ses propres pensées qu’il faut surveiller.
Exactement. C’est dans sa conscience que se traite toute influence mentale négative. Mary Baker Eddy résume cela très bien en une phrase, dans le livre d’étude de la Christian Science: « En réalité il n’y a pas d’entendement mortel, et par conséquent pas de transmission de la pensée mortelle ni de la force de la volonté. » (Science et Santé, p. 103) Ce que telle personne pense, c’est ce qui détermine son vécu, et ce que je pense détermine le mien. Si je crois que les pensées de tel ou tel exercent une influence sur moi, c’est que j’accepte de voir les choses ainsi. On ne peut être touché que par ses propres pensées. C’est pourquoi chacun est responsable de ce qu’il pense.
Pourriez-vous nous décrire certaines formes d’agression mentale?
La principale forme de suggestion mentale est la croyance que l’homme est né dans la matière, et qu’il existe une cause en dehors de Dieu, ce qui tend à enfreindre le Premier Commandement. La manière de traiter toute erreur est expliquée dans le livre d’étude: « Ne pas croire à l’erreur détruit l’erreur et mène au discernement de la Vérité. » (Ibid., p. 346) J’aime l’emploi, ici, du mot « détruit ». C’est définitif. Tout « travail » en Christian Science toute forme de prière – devrait se faire en ayant à la pensée son caractère définitif. Au lieu de penser, par exemple: « J’ai bien travaillé, mais il faut que je poursuive encore », on devrait affirmer: « C’est la vérité, et la vérité détruit l’erreur. » Mary Baker Eddy déclare à ce sujet: « La Science Chrétienne efface de l’entendement des malades la croyance erronée qu’ils vivent dans la matière ou à cause d’elle, ou qu’un prétendu organisme matériel régit la santé ou l’existence du genre humain; elle nous engage à nous reposer en Dieu, l’Amour divin, qui veille sur toutes les conditions nécessaires au bien-être de l’homme. » (Rudiments de la Science divine, p. 12) La toute première suggestion agressive prétend donc que l’on est né dans la matière, que l’on vit dans la matière où grâce à elle, et que la matière produit des états physiques.
Comment traiteriez-vous cette forme particulière d’agression mentale qu’est l’envie? C’est un mal bénin, semble-t-il, mais l’est-il réellement?
Il est intéressant de noter que les occasions de se montrer envieux ou jaloux ne se présentent plus une fois que l’on a compris la Christian Science. En effet, je ne peux voir le mal chez un autre que si je l’inclus dans ma propre conscience. C’est à considérer comme un avertissement: on a tout intérêt à ne pas voir le mal chez autrui si l’on ne veut pas l’entretenir soi-même en pensée. L’envie dénigre l’infinitude de Dieu et de Son expression, alors que l’homme créé à Son image et à Sa ressemblance reflète la nature divine à l’exclusion de toute autre chose. Ce que je crois va donc déterminer ce que je vis. Lorsque je vois le bien ou le mal chez un autre, je reconnais ce bien ou ce mal comme mien.
L’homme a tout ce que possède le Père. Ce fait spirituel est à opposer au faux concept selon lequel je pourrais manquer d’une chose que vous auriez, ou à la croyance que le hasard joue un rôle dans ce qui nous arrive. On peut lire dans Science et Santé: « Les accidents sont inconnus à Dieu, l’Entendement immortel, et nous devons abandonner la base mortelle de la croyance et nous unir à l’unique Entendement, afin de remplacer la notion de hasard par le vrai sens de la direction infaillible de Dieu et faire ainsi paraître l’harmonie. » (p. 424) Je ne peux croire au hasard, à une bonne étoile que vous auriez et que je n’aurais pas. Vous avez raison de dire que l’envie qui loge dans notre pensée n’est pas un hôte de passage innocent, car elle empêche de reconnaître l’infinitude du bien qui s’exprime dans chaque idée individuelle de Dieu, chaque idée qui ne manque de rien.
Nous arrive-t-il d’agir, sans le savoir, contre notre intérêt, en ayant des pensées nuisibles à notre bien-être?
Tous les problèmes proviennent du fait que l’on a accepté la suggestion insistante qu’il existe une cause en dehors de Dieu. Le Premier Commandement est sans équivoque à ce sujet: « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. » (Exode 20:3) Nous ne devons pas avoir d’autre Dieu. Ce que la Christian Science appelle « magnétisme animal » est soit la croyance que le mal est réel, soit la croyance que Dieu n’est pas Tout. L’erreur affirme d’abord son existence, puis elle affirme qu’elle agit.
Le « mesmérisme » est une pensée erronée. Toute pensée qui reconnaît la réalité du mal, toute croyance que Dieu n’est pas tout-puissant est du mesmérisme. C’est un concept erroné qui tente d’envahir la conscience humaine. Or, tout ce qui demeure dans la pensée ne tarde pas à se transformer en vécu. « Gardez la porte de la pensée » conseille Mary Baker Eddy. « N’admettez que les conclusions dont vous voudriez voir les effets se réaliser sur le corps, et vous vous gouvernerez harmonieusement. » (Science et Santé, p. 392) La meilleure défense contre les concepts erronés réside donc dans une prise de position mentale: il n’y a qu’un Entendement, un Dieu, une Cause, un Créateur, et Sa manifestation est entièrement bonne.
Des auteurs qui s’intéressent à la spiritualité, tels que Larry Dossey aux États-Unis, parlent de «prière négative ». Ce concept recouvre différentes choses: cela va de la personne qui espère que son collègue va démissionner afin de pouvoir prendre sa place, par exemple, jusqu’à celui qui prie pour qu’un autre tombe malade.
On ne peut nier que ce genre de pensée négative existe. Ceux qui croient prier ainsi se fourvoient. En énonçant les paroles de la Prière du Seigneur, Jésus a déclaré: « Voici donc comment vous devez prier. » (Matthieu 6:9) Cette prière affirme la totalité de Dieu. J’aime beaucoup cet autre verset biblique: « Que méditez-vous contre l’Éternel? C’est lui qui détruit. La détresse ne paraîtra pas deux fois. » (Nahum 1:9) Qu’est-ce qui agit ? La Vérité ! « C’est [Dieu] qui détruit » l’erreur pour toujours. Elle ne reviendra pas une deuxième fois. Cette prétendue forme de prière négative est ainsi rejetée dans le royaume de la suggestion, de l’imaginaire, de l’illusion, de la supposition, où elle ne correspond à rien de réel.
Il existe un autre terme pour désigner la prière négative, c’est la « mauvaise pratique mentale ». En général, on considère qu’il s’agit d’une personne qui pense du mal d’une autre, mais on peut aussi faire de la mauvaise pratique contre soi. La mauvaise pratique mentale englobe tout ce que l’on ne devrait jamais pratiquer. Je me suis trouvée un jour sur un bateau en compagnie de plusieurs personnes de ma ville. Aucune d’entre elles n’était scientiste chrétienne. L’un des hommes à bord était médecin. Il adorait la pêche. Ce que j’avais du mal à comprendre, c’est qu’il pêchait pendant un quart d’heure, s’interrompait pendant le quart d’heure suivant, à cause du mal de mer, puis se remettait à pêcher. Sachant que j’étais scientiste chrétienne, tous les autres passagers s’attendaient à ce que je sois malade et que je perturbe la croisière, car je n’avais pris aucun médicament à titre préventif. Ce n’était pas de leur part de la mauvaise pratique intentionnelle à mon égard, mais c’était malgré tout de la mauvaise pratique, puisqu’ils entretenaient un concept erroné à mon sujet.
Tout alla bien au début, et puis j’ai fini par me sentir mal. Mon visage a changé de couleur, et tout le monde a commencé à s’inquiéter pour moi. J’ai quitté mes amis en m’excusant et je suis descendue dans la cabine. En regardant les vagues et la mer, j’ai pensé que j’étais bien loin de chez moi et de tous ceux qui connaissaient la Christian Science. Et puis je me suis souvenue de Jésus qui marchait sur les eaux. « Il a prouvé pour l’éternité l’impuissance, l’irréalité de la matière, du fait de la totalité de l’Esprit », ai-je pensé. Cette lueur de compréhension spirituelle m’a guérie instantanément. Je suis restée en bas encore un moment pour remercier Dieu de cette guérison et affirmer que tout ce qu’Il fait dure éternellement. Quand je suis remontée sur le pont, j’ai demandé à manger, ce qui a surpris tout le monde. La personne qui m’avait invitée m’a dit: « Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais je ne doute pas que c’est grâce à la Christian Science. Je sais que vous avez des réunions de témoignages le mercredi. Si vous voulez, je vous y accompagnerai un soir. Vous raconterez cette guérison et je me lèverai pour la confirmer. »
Dans tout traitement par la Christian Science, on considère que la mauvaise pratique relève d’une mentalité erronée et qu’elle est par conséquent impuissante. La prière permet de déjouer les apparences et de discerner la réalité de l’être.
Avez-vous eu affaire, sur le bateau, à de la mauvaise pratique ignorante?
Absolument. Toute maladie est, bien sûr, de l’ignorance. Si l’on était mieux éclairé, on ne serait pas malade. En l’occurrence, ce n’était pas de la malveillance intentionnelle, mais la croyance de mes amis à la vie dans la matière.
Est-il plus difficile de faire face à des pensées malveillantes?
Pas du tout. Traiter la mauvaise pratique intentionnelle et malveillante n’est pas différent, car quelle que soit leur nature, ces pensées sont, en fin de compte, synonymes de néant, ni plus ni moins. La mauvaise pratique mentale n’est forcément rien du fait de la totalité de l’Entendement divin... du fait que Dieu possède le seul pouvoir qui soit. La mauvaise pratique ignorante correspond à toute forme de pensée qui n’est pas spirituelle, tout ce qu’il n’est pas juste de pratiquer. La mauvaise pratique malveillante est la mauvaise pensée de celui qui est conscient de faire le mal. Le terme « intentionnel » est explicite. Mais on peut aussi bien se défendre contre l’une ou l’autre forme de mauvaise pratique, car toutes deux sont basées sur une irréalité. On se débarrasse des fantômes en sachant qu’ils sont irréels. De même, on triomphe de la maladie en sachant qu’elle est irréelle du fait de la totalité de Dieu. C’est ainsi que l’on prouve qu’il n’y a rien en dehors de la santé.
Une prière injuste n’a aucun effet. Mais il faut manier la croyance qu’il existe un pouvoir opposé à Dieu. « Manier » ne signifie pas, ici, manipuler, mais ne pas croire. C’est ce refus de croire qui détruit l’erreur. Démasquer le magnétisme animal, c’est tout simplement vivre la Christian Science, voir que le mal n’est absolument rien, et le traiter en étant prêt spirituellement.
La pratique fidèle constitue donc la réponse à la mauvaise pratique.
Exactement. La pratique fidèle, constante, c’est être prêt spirituellement, c’est vivre la Christian Science au quotidien. Il faut cependant à mon avis être bien clair: on ne tourne pas simplement le dos à l’erreur. On ne la déplore pas. On la détruit en la niant, en ne croyant pas en sa réalité. On la nie en se fondant sur la totalité de Dieu. La totalité de l’Esprit implique forcément le néant de la matière. Il est indispensable de comprendre le néant de la matière, car la matière a de multiples prétentions. Ne pas être insensible est une chose, réagir par l’affectivité en est une autre.
Jésus n’était jamais insensible à l’erreur, qu’elle prenne ou non la forme d’une maladie. Il ne l’ignorait pas et ne la déplorait pas non plus. Il l’éliminait. Il ne réagissait jamais à l’erreur, il ne l’acceptait pas. Il était sensible à l’erreur en ce sens qu’il se préoccupait de ceux qui souffraient. Mais il n’acceptait pas leur souffrance... Le magnétisme animal n’est jamais un véritable état d’être, mais seulement un témoignage inexact au sujet de l’être.
Par l’intelligence spirituelle on découvre donc qu’il n’y a en réalité que le néant derrière le masque de l’erreur...
Parfois, certaines personnes disent qu’elles vont dévoiler l’erreur. Or que trouvent-elles? Rien. Il n’y a pas de réalité dans le mal ni dans le masque qu’il prend. Ce qui est toujours présent, c’est Dieu et Son expression. Il ne s’agit donc pas de personnes mauvaises, mais d’une prétention à la vie dans la matière, là où la Vie n’est pas. Le néant est toujours le néant, quel que soit l’aspect sous lequel il se présente.
Et si on a le sentiment d’être l’objet d’une haine...?
Croire que quelqu’un peut vous haïr, c’est oublier que Dieu est bon et Touten-tout. Je connais une femme qui avait eu des rapports très désagréables avec une personne demeurant dans une autre ville. Elle avait le sentiment qu’elle devait lui écrire pour mettre les choses au point, mais elle hésitait. Finalement elle l’a fait. Le jour où la lettre était censée arriver à destination, elle s’est sentie mal. Elle a alors pensé: « C’est de la mauvaise pratique mentale ! »
En réalité, la personne n’était pas chez elle et n’avait donc pas pris connaissance de la lettre. Mon amie était malade à cause de sa propre croyance à la mauvaise pratique. On a toujours affaire à ses propres pensées. La suggestion prétend que la mauvaise pratique provient soit de l’extérieur soit de l’intérieur, mais il faut comprendre que, si la pensée est en accord avec Dieu, la mauvaise pratique n’a pas le pouvoir d’influencer l’homme. Connaître la vérité est un épanouissement, non une tâche ardue: c’est la satisfaction de savoir que « Dieu est mon Entendement », et que ce qui n’est pas en Dieu ne peut m’atteindre. Manier le magnétisme animal devient alors une tâche facile.
Est-il important de se protéger mentalement de façon régulière?
Non seulement c’est important, mais c’est essentiel. On devrait être conscient de la totalité de Dieu au point d’être capable de détecter immédiatement la suggestion mentale agressive ou magnétisme animal, quel que soit le nom qu’on lui donne, et de la rejeter en comprenant qu’elle n’a ni pouvoir ni présence du fait de la totalité de Dieu. Mary Baker Eddy pose la question suivante: « Quel est le point capital qui différencie mon système métaphysique des autres systèmes? Voici: C’est qu’en reconnaissant l’irréalité de la maladie, du péché et de la mort, vous démontrez la totalité de Dieu. » Et elle ajoute: « Cette différence sépare entièrement mon système de tous les autres. » (Unité du Bien, p. 9-10)
On doit reconnaître l’irréalité du mal non seulement pour soi, mais pour le salut du monde. C’est possible d’y parvenir. La pratique de cette Science reflète l’Amour divin, et cet Amour est infini et sa manifestation est infinie.
« Prenez courage, écrit Mary Baker Eddy, la lutte contre soi-même est sublime; elle vous occupe pleinement, et le Principe divin travaille avec vous — et l’obéissance couronne d’une victoire éternelle l’effort persistant. » (Écrits divers, p. 118) Je reconnais que, certains jours, cette lutte ne semble pas si sublime ! Mais l’ensemble de ce passage est magnifique car il nous dit comment faire face à tout ce qui se présente à nous. Cette tâche n’est pas difficile, il ne s’agit pas de remuer la boue. Il s’agit de comprendre avec joie que, là même où l’entendement mortel affirme la présence du mal, se trouvent en réalité « toutes les splendeurs de la terre et des cieux et de l’homme ». (Science et Santé, p. 264)
