C'en était arrivé au point où je ne pouvais même plus prendre mes repas avec les autres étudiants. J'étais entrée à l'université en portant les cicatrices d'une enfance maltraitée, sur le plan émotionnel. La colère incontrôlée que mes parents manifestaient fréquemment à mon encontre et leurs constantes condamnations m'avaient laissée avec bien peu d'estime de moi-même. Ainsi, malgré la part d'intelligence et de charme que je possédais, je ne me sentais ni intelligente, ni séduisante. Peu de temps après mon arrivée à l'université, j'ai commencé à me replier sur moi-même et à éviter les contacts avec les autres: je me cantonnais dans ma chambre, prenant des repas achetés dans des distributeurs automatiques. Me sentant tout à fait déplacée et incapable de répondre aux exigences d'une école où régnait l'esprit de compétition, j'appelais souvent mes parents; en pleurs, tant je me sentais misérable.
Malgré ses tendances colériques, mon père pouvait aussi se montrer raisonnable et aimant, et durant l'une de nos conversations téléphoniques, il m'a donné le conseil le plus important que j'aie reçu de toute ma vie: « Pourquoi ne pas te tourner vers Dieu ? » Bien que Dieu n'ait pas joué un rôle très important dans notre vie de famille, mes parents nous avaient autorisés, mon frère et moi, à fréquenter dans notre enfance l'école du dimanche de notre choix. Donc, devenue étudiante, j'ai décidé de retourner à l'école du dimanche de la Christian Science pour en apprendre davantage au sujet de Dieu. Cette décision allait changer ma vie.
Á l'école du dimanche, j'ai commencé à découvrir ma véritable valeur d'enfant précieuse de Dieu, à comprendre de façon plus complète que Dieu est mon vrai Père-Mère, que Dieu m'aime toujours, et aime toujours chacun de nous. J'ai commencé à remettre en question le concept que j'avais de moi-même, lié à mon enfance, et j'ai compris que je n'étais pas obligée de rester enchaînée par la timidité, un état d'esprit craintif, et le dégoût de moi-même, limites imposées par une piètre estime de soi. Je pouvais vaincre tout cela grâce à la prière.
Après ma seconde année d'université, j'ai décidé de suivre le cours de Christian Science, un cours en douze sessions sur la guérison spirituelle, qui m'a appris encore davantage sur la façon de prier, pour moi et pour les autres. Entre autres idées, j'ai exploré cette affirmation contenue dans Science et Santé: « La compréhension, semblable à celle de Christ, de l'être scientifique et de la guérison divine renferme un Principe parfait et une idée parfaite – Dieu parfait et homme parfait – comme base de la pensée et de la démonstration. » (p. 259)
J'ai appris que chacun a été créé à l'image et à la ressemblance de ce Dieu parfait, qui est la Vie, la Vérité, l'Amour, l'Esprit, l'Âme, l'Entendement, le Principe; et cela signifie que nous reflétons tous Ses attributs. Au lieu d'être une mortelle anxieuse et imparfaite, j'étais en réalité telle que Dieu m'avait faite: l'expression des qualités spirituelles. Dieu était la source de mon identité, et Il me donnait constamment l'occasion d'exprimer la nature spirituelle unique qu'Il manifestait en moi à chaque instant.
Peu à peu, j'ai appris à faire la différence entre cette vraie identité spirituelle et mon faux ego matériel. J'ai entrepris de remettre en question cet ego, un faux concept de moi-même qui pensait devoir se battre pour asseoir sa position et qui était découragé par les échecs. Cet ego qui se battait pour réussir et pour que l'on pense du bien de lui. Qui sollicitait l'approbation du monde extérieur. J'ai vu que ma valeur venait réellement de Dieu, qu'elle venait du fait que j'étais Son enfant bienaimée. Cette valeur n'existait pas à un moment pour disparaître ensuite, en fonction des réalisations humaines que j'avais accomplies ou de l'opinion que les autres avaient de moi.
J'ai également découvert que, devant Dieu, nous sommes tous égaux. Dieu m'aime autant qu'Il aime une autre personne, et Il aime chaque personne dans le monde autant qu'Il m'aime, moi. La volonté toujours bonne de Dieu pour chacun de Ses enfants bien-aimés ne peut pas être autre chose que le bien, en abondance. Cela signifiait que j'étais bonne, et capable de faire le bien, parce que c'est ainsi que Dieu m'avait créée. J'ai pu tester cette estime de moi naissante peu de temps après avoir été diplômée de l'université, alors que j'habitais chez une amie en attendant de trouver du travail. Mes parents continuaient de me soutenir financièrement pendant cette période transitoire. Un jour, mon père m'a appelée, très en colère contre moi. Il m'a dit – autant par des mots que par le ton de sa voix – que j'étais stupide et irresponsable d'avoir mis mon compte en banque à découvert. Après avoir raccroché, j'ai commencé à prier, en affirmant que Dieu était là, avec moi, et qu'Il m'aimait.
Lorsque je me suis sentie assez calme, j'ai vérifié mon chéquier pour voir si j'avais fait une erreur. Je n'en ai pas trouvé, et j'ai continué à prier, jusqu'à ce que je ressente de façon tangible l'amour de Dieu, pour moi et pour mon père. Peu de temps après, mon père m'a rappelée pour s'excuser. Il avait pris contact avec sa banque, et on lui avait confirmé qu'un chèque qu'il avait déposé pour alimenter mon compte avait été en fait crédité sur le sien par erreur. Cet incident m'a montré que je faisais des progrès. Quatre ans plus tôt, j'aurais été complètement anéantie par la colère de mon père et j'aurais fondu en larmes. Mais, aujourd'hui, j'étais capable de penser clairement, et même de prier... pour nous deux.
Au fil des années, alors que je continuais à approfondir ma compréhension de mon identité spirituelle, je me suis rendu compte que j'étais capable de stopper le processus consistant à sortir mentalement de moi-même, pour m'observer et me juger, et que je m'attachais davantage à exprimer les qualités divines dans tous mes actes. J'ai appris à être gentille et tolérante envers moi-même, au lieu d'être dure et critique comme l'avaient été mes parents. En faisant cela, des tics nerveux, comme l'habitude de me ronger les ongles, ont disparu. Je me suis aperçue aussi qu'une autre mauvaise habitude – le fait de manger de façon compulsive – était une chose que je faisais pour trouver quelque réconfort lorsque je me sentais blessée, anxieuse, ou effrayée. Grâce à la prière, j'ai appris à trouver une satisfaction spirituelle dans l'amour que Dieu me donne, à moi et aux autres. Au fur et à mesure que je me suis sentie plus en sécurité dans l'amour de Dieu, j'ai constaté que je n'avais plus besoin de la nourriture pour m'apporter du réconfort.
Toutefois, je n'ai pas prié seulement pour moi-même. J'ai aussi prié pour pardonner à mes parents, et finalement j'ai ressenti de la compassion pour eux. J'ai compris qu'ils avaient fait de leur mieux pour vaincre les difficultés auxquelles ils étaient confrontés. Et, même si ma transformation spirituelle n'a pas pris place du jour au lendemain, elle s'est finalement manifestée.
J'ai réalisé récemment que je ne porte plus aucune trace des traumatismes de mon enfance. Je ne ressens aujourd'hui que de l'amour et de la gratitude pour tout le bien que Dieu m'a toujours donné. Je ressens un amour profond pour Dieu, pour mes parents, et pour moi-même.
