Les randonneurs parvenus au sommet du Mont San Jacinto, à 3200 m d'altitude en Californie du Sud, ont parfois l'occasion d'observer de près le vol majestueux d'un aigle royal, dont nul ne conteste la suprématie dans le ciel. Il est porté par un courant d'air frais venant des cimes, un souffle qui revigore les grimpeurs après leur longue course vers le sommet.
Le vol de l'aigle dans le vent suggère quelque chose de sublime qui dépasse la splendeur de la nature, les ailes d'un grand oiseau et les notions de courants et d'élévation. Je veux parler du souffle irrésistible du Christ, le message d'amour de Dieu à l'humanité. Ce souffle du Christ est suprême et régénérant. Mais alors que l'aigle et la brise balayent uniquement l'espace, le Christ traverse l'espace et le temps.
Le Christ traverse l'espace pour nous atteindre non seulement où nous nous trouvons, mais au moment même où nous faisons face à un problème. Le Christ est l'idée immortelle de Dieu, la vérité intemporelle incarnée par Jésus et brillamment démontrée tout au long de son ministère de guérison. Cette idée de Dieu n'était cependant pas le seul privilège de Jésus. Il ne pourrait l'être puisque le Christ est toujours présent et qu'il s'emploie sans cesse à guérir, sauver et racheter l'humanité.
Des siècles avant le ministère de Jésus, le prophète Élie fut appelé auprès d'un enfant qui venait de mourir. Refusant d'admettre la réalité de ce tragique événement, il pria et eut conscience, dans une certaine mesure, de l'idée immortelle de Dieu. Il vit l'enfant régénéré, rétabli, et le rendit à sa mère. Le Christ était présent. Peu après l'ascension de Jésus, l'apôtre Paul fut selon toute apparence mordu par un serpent au venin mortel. Il repoussa la crainte, se débarrassa de la vipère et dans le même temps tranquillisa les personnes effrayées qui l'observaient en s'attendant au pire. Sain et sauf, nul doute qu'il poursuivit sa tâche avec une confiance en Dieu renouvelée. Le Christ était présent. Aujourd'hui, des hommes et des femmes qui habitent aux quatre coins du monde racontent dans chaque numéro de ce périodique de la Christian Science comment ils ont surmonté une situation extrêmement difficile grâce à la présence suprême de Dieu. L'aube de la régénération et de la guérison s'est levée sur eux. Le Christ était là, toujours là.
Du fait de sa nature, le Christ est toujours présent, partout. L'idée immortelle, qui dérive de Dieu et vient à la conscience humaine n'est pas plus retardée ni détournée que le lever du soleil n'est interrompu. Le souffle irrésistible du Christ signifie que partout où il semble y avoir un vide – et il peut aussi bien s'agir d'un cœur qui souffre du manque d'amour que d'un estomac affamé – la présence de l'idée de Dieu comble ce vide et répond concrètement au besoin spécifique. Chaque fois qu'il y a interruption ou rupture, que cela concerne, par exemple, le fonctionnement d'un organe ou des négociations visant à réduire l'émission de gaz à effet de serre, la vraie idée de la présence et du pouvoir de Dieu est à notre portée, prête à restaurer le bon fonctionnement de l'organe ou à rétablir des échanges productifs. Au moment même où cela s'avère nécessaire, là où il le faut, le problème peut être résolu.
Considérons ces deux déclarations de Jésus: « Avant qu'Abraham fût, je suis » (Jean 8:58) et «Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Matthieu 28:20). Elles expriment la présence intemporelle du Christ, l'idée immortelle de Dieu dont Jésus reconnaissait la présence au temps d'Abraham comme en son temps et dans le nôtre. Ce fait absolu et éternel de la présence du Christ se retrouve en tous points dans l'œuvre de guérison accomplie par Jésus et relatée dans la Bible. Cette œuvre montre ce qu'il faut attendre aujourd'hui de la présence du Christ, notamment lorsque cette présence se révèle dans la prière. En d'autres termes, le souffle du Christ ne peut jamais être mis « sur la touche » ni marginalisé comme s'il s'agissait d'une théorie purement abstraite. Il ne cesse d'agir concrètement en remplaçant les notions erronées par l'idée véritable. Comme l'expérience humaine est façonnée par la pensée, c'est cette présence de l'idée véritable et l'élimination des croyances erronées qui guérissent les gens de leurs maladies, les sauvent du péché et les délivrent du chagrin, selon l'exemple de Jésus, qui en a apporté la preuve tout au long de son ministère. L'action curative du Christ se poursuit inévitablement.
Le Christ et nous
La réponse effective du Christ à chaque besoin humain n'est pas sans contrepartie. Nous avons un rôle à jouer, qui est indispensable pour favoriser le résultat harmonieux. Dieu nous appelle, Il requiert notre participation. Si faible soit notre compréhension de la présence et du pouvoir du Christ, elle mérite d'être cultivée. Elle doit se consolider et étendre ses racines. Pourquoi ? Parce que, si l'idée de la présence et du pouvoir de Dieu se révèle toujours quand il le faut, là où il le faut, une compréhension approfondie confère une préparation mentale qui permet de saisir le message du Christ. Nous sommes alors en éveil et à l'écoute de la venue du Christ. En d'autres termes, notre rôle consiste à nous tourner face au « vent », de façon à recevoir directement le souffle du Christ. Ainsi, nous l'accueillons « de plein fouet ». Mais il est particulièrement rassurant de se rappeler que même ce mouvement pour accueillir le Christ est inspiré par le Christ. Nous n'avons pas à le faire seuls. Nous n'avons pas à « forger » cette compréhension plus profonde.
La Christian Science élargit la compréhension spirituelle et révèle davantage la nature de Dieu et l'action de Son Christ. Dans la mesure où notre attention est rivée à cet idéal, nous en ressentons de plus en plus les bienfaits. Science et Santé avec la Clef des Écritures, l'ouvrage fondamental sur la Christian Science, observe de façon pénétrante: « L'idée immortelle de la Vérité dans son vol rapide traverse tous les siècles, rassemblant sous ses ailes les malades et les pécheurs. [...] Le temps de la réapparition de la guérison divine est de tous les âges; et quiconque met son tout terrestre sur l'autel de la Science divine, boit dès à présent de la coupe du Christ, et est doué de l'esprit et du pouvoir de la guérison chrétienne. » (p. 55)
Lorsqu'un randonneur surprend le vol rapide d'un aigle royal dans le ciel, il pense sans doutes à sa majestueuse souveraineté. S'il observe le même aigle dans son nid en train de rassembler ses oisillons sous ses ailes, il est plutôt frappé par sa tendresse. Les deux aspects sont vrais, et tous deux nécessaires.
Le Christ souverain est aussi le Christ plein de tendresse qui nous assure que la guérison spirituelle – celle des maux physiques, des problèmes financiers, des blessures affectives et de toute faiblesse morale – est à notre portée, même si nous nous sentons au plus bas. Le Christ remplit tout l'espace à travers les siècles. Il est dans notre conscience en ce moment même. L'aiglon à l'abri dans son nid voit un père ou une mère qui pourvoit au bien-être de sa couvée. En nous tournant vers notre Père-Mère Dieu céleste, nous constatons que Son amour pur et Sa tendre sollicitude nous ont communiqué la vraie idée de Dieu, qui élimine toute idée fausse, toute crainte, toute incertitude. C'est pourquoi tout aperçu du Christ enrichit et régénère !
Le Christ élimine la contrefaçon
La venue du Christ ne concerne pas seulement des personnes isolées, ici et là. Ce n'est pas un événement strictement personnel. Tous ceux qui lèvent les yeux au moment du passage d'un aigle dans le ciel peuvent se réjouir du spectacle offert.
Au cours de ce XXIe siècle, les défis auxquels l'humanité fait face continueront d'influer directement sur la vie personnelle des individus. Mais ces défis pourront s'accompagner de plus en plus d'implications planétaires. Prenons trois sujets préoccupants concernant l'avenir, dont les médias se font l'écho: une épidémie de grippe aviaire qui ne balayerait pas seulement une région ou un continent, mais la planète entière; une apocalypse nucléaire qui balayerait tout un pan de la civilisation; des changements climatiques dus, par exemple, au comportement des hommes, qui balayeraient le « village global », multipliant des ravages, prévisibles ou non. Le souffle du Christ peut-il parer à des inquiétudes d'une telle ampleur ? Absolument ! Dieu, l'unique Entendement infini, est l'origine véritable de l'idée véritable, Son expression infinie et intemporelle. Rien ne s'oppose à l'Entendement, et il n'existe aucune autre source que l'Entendement divin. De même, il n'y a aucune action véritable, aucun vrai souffle en dehors du Christ, « la manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l'erreur incarnée », selon la définition de Mary Baker Eddy. (Science et Santé, p. 583) Le Christ est l'action véritable provenant de la vraie source de toute chose. La santé, la paix et un environnement sain témoignent de cet état de fait.
Mais si c'est la vérité incontestable, on observe pourtant une contrefaçon flagrante, mauvaise en tout point. Une mentalité matérielle supposée, que les Écritures qualifient d'« affection de la chair » ou entendement charnel, voudrait s'imposer comme une fausse source, diamétralement opposée à l'Entendement divin. Cette mentalité semblerait produire une activité illusoire, appelée, dans la Christian Science, « magnétisme animal » — terme diamétralement opposé au Christ. Le magnétisme animal paraît exercer une attraction hypnotique et destructrice. Les faux effets qui découlent de ce processus illusoire ont pour nom contagion, inharmonie, cataclysmes, etc.
La solution ne consiste jamais à améliorer la contrefaçon, mais à la renverser complètement, à l'éliminer en la remplaçant par ce qui est spirituellement vrai. Reprenons, par exemple, l'une des trois peurs citées plus haut: une épidémie balayant la planète. Fondamentalement, il ne s'agit pas d'un phénomène essentiellement physique, mais d'une phase du magnétisme animal – la prétendue activité de l'entendement mortel – qui essaye d'envahir la conscience humaine, de la paralyser par la peur et de noyer tout désir de combattre cette peur.
Mais fort heureusement, tout cela n'est du début à la fin qu'une contrefaçon illégitime qui demande à être rejetée. Il faut cependant le reconnaître. Dieu, l'Entendement divin, est le seul qui sait, l'unique cause, l'unique source de toute chose. Le Christ est la seule activité véritable. Là même où une situation alarmante semble balayer le globe, le souffle incontesté du Christ apparaît. Le Christ balaye la peur, le doute, tout ce qui se rattache à la croyance à un pouvoir en dehors du Divin. Le Christ rejette dans l'oubli l'attraction hypnotique du magnétisme animal. Une fois cette fausse activité éliminée, la conscience humaine retrouve son dynamisme. Comme on peut s'y attendre, la manifestation d'un Dieu bon et de Son Christ toujours actif prend le dessus. L'emprise d'une mentalité supposée, avec sa prétention erronée à l'activité, ou magnétisme animal, se desserre et diminue. La menace d'une épidémie s'éloigne. Le pouvoir et la présence irrésistibles de Dieu s'avèrent, comme toujours, incontestables.
« Dieu a tant aimé le monde »
À mesure que l'humanité progressera en cherchant partout des solutions à ses préoccupations les plus importantes, elle finira par adopter l'amour comme moteur essentiel de cette recherche. L'amour, sous une forme désintéressée, est indispensable pour répondre à nos principales préoccupations. Il est indispensable car c'est seulement grâce à l'amour que, par des efforts individuels, on recherche l'intérêt de la collectivité. Multipliés des milliards de fois, ces efforts individuels (qui peuvent être ceux d'une personne modifiant sa façon de conduire, ses choix en matière de voiture ou d'énergie domestique) permettront de diminuer considérablement notre action négative sur l'environnement. Ceux qui accompliront ces efforts en recevront souvent les bienfaits indirectement. L'amour est le moteur qui nous pousse à agir.
On le constate déjà en bien des endroits: même si les résultats sont inégaux, ils sont extrêmement encourageants. Un très grand nombre d'individus s'éveillent et agissent. Il ne s'agit pas tant d'un sursaut de bienveillance humaine que de l'universalité du Christ. Le Christ vient à la conscience humaine dans sa globalité. Il apparaît de façon répétée, constante, perpétuelle. Peu importe que la personne se considère ou non comme chrétienne. Le Christ parle. Pourquoi ? Pourquoi le Christ parle-t-il et même existe-t-il ? La réponse est on ne peut plus simple et tient en un mot: Amour.
« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique... », dit la Bible (Jean 3:16). L'amour de Dieu pour le monde explique la présence du Christ. L'amour pour Ses enfants explique pourquoi le Christ est là, élevant la conscience humaine grâce à l'amour de l'Amour divin, poussant les individus et toute l'humanité à prendre des mesures désintéressées, basées sur des prévisions à long terme, des mesures pleines d'amour qui aboutissent à des solutions. La terreur, l'atmosphère dévastée, la contagion endémique et autres menaces ne font pas le poids face à l'amour de Dieu manifesté par le souffle de Son Christ, qui vient nous secourir à l'heure du besoin, là où ce besoin se fait sentir. Dans le dernier chapitre de l'Ancien Testament, le prophète Malachie, parlant au nom de Dieu, emploie des mots pleins de poésie pour décrire le Christ. Dieu dit: « Pour vous qui craignez mon nom se lèvera le soleil de la justice, et la guérison sera sous ses ailes.» (Malachie 4:2) Cela se produit déjà, cela s'est toujours produit et se produira toujours. C'est une promesse intemporelle.
