Comme de nombreux autres personnages de la Bible, Élisabeth est mentionnée dans le contexte d’un plus vaste récit. Elle apparaît seulement dans l’Évangile de Luc, en tant que descendante de la maison pieuse d’Aaron, femme de Zacharie, mère de Jean et parente de Marie, la mère de Jésus. Ces quelques détails amènent Patricia Kadick, « conteuse d’histoires des Écritures », à chercher à connaître la femme, à imaginer la grâce et le calme d’Élisabeth, à entendre son rire, et à explorer son amour inné du Divin. Ainsi, tandis que vous lisez ce qui suit, représentez-vous Élisabeth, sa longue chevelure flottante, parsemée de mèches grises argentées qui se mêlent aux fils chatoyants de sa robe tissée à la main. Et puis, imaginez-la entourée des enfants du village, qui la prient de leur « raconter l’histoire une fois encore ». Élisabeth commence donc ainsi...
Quelle journée ce fut là ! Mon cher Zacharie était allé dans le temple – vous savez qu’il était prêtre, de la tribu qui avait commencé avec Aaron, le frère de Moïse – et ce soir-là, il semblait tout illuminé de l’intérieur, comme s’il allait éclater. De joie. De fierté.
Mais il ne pouvait pas dire un mot.
Figurez-vous qu’il avait eu la surprise de voir l’ange Gabriel dans le temple, et je crois que cela lui avait fait un peu peur. Surtout lorsque Gabriel lui avait dit que nous allions avoir un fils. Zacharie et moi, vous savez, nous avions renoncé depuis longtemps à tout espoir d’avoir un enfant. Et l’idée que maintenant nous allions avoir un fils, était, je crois, un peu difficile à admettre pour Zacharie.
Après tout, l’ange Gabriel ne vient pas vous voir tous les jours, et certainement pas avec ce genre de message ! Mon cher Zacharie a demandé comment cela était possible, car nous n’étions plus jeunes, ni l’un ni l’autre. Alors Gabriel lui a dit que puisqu’il ne l’avait pas cru, lui, le messager de Dieu, il deviendrait muet. Et vous savez ce qui s’est passé ? Zacharie ne pouvait plus dire un mot !
Mais j’avais appris à connaître la Mère céleste, Dieu, Ses solutions joyeuses et sa façon parfois inattendue de prendre soin de nous. Sinon, j’aurais moi-même ri nerveusement à l’annonce de cette nouvelle... comme l’avait fait Sarah. Moi, j’étais loin d’avoir quatre-vingt-dix ans, comme Sarah, lorsque l’Éternel a annoncé à Abraham qu’elle aurait un fils, Isaac.
Tout le monde dans le village savait qu’il était maintenant trop tard pour que « cette pauvre Élisabeth » ait un fils. Mais Gabriel avait dit que cela allait arriver. Et que ce serait un fils très spécial. Il serait saint et plein de courage. Eh oui, notre fils n’aurait pas peur de dire aux gens qu’ils devaient cesser de mal agir et d’avoir de la haine, car le Messie que l’on nous avait promis arrivait. Que s’ils n’arrêtaient pas de mentir et de voler, ou de manquer de gentillesse d’une manière ou d’une autre, ils ne verraient pas ce Fils que Dieu avait envoyé spécialement pour nous, et ne le comprendraient pas.
Je me demande si je ne me sentais pas comme Anne jadis – tellement ma joie était grande – quand j’ai appris que j’allais avoir un fils, pour servir le seul Saint, tout comme Anne avec Samuel. Encore aujourd’hui, les mots me manquent pour dire comment je me sentais durant ces mois où j’aimais notre fils Jean, avant même sa naissance. Et j’aimais Dieu plus que jamais de nous envoyer un tel cadeau. Zacharie, lui aussi, était en paix. Bien sûr, il ne pouvait pas parler, mais il semblait encore plus attentif que d’habitude, comme s’il écoutait encore davantage les messages de Dieu. Et c’était pareil pour moi.
Et puis un jour, par un ciel sans nuage, je me tenais assise devant la fenêtre ouverte. Le parfum des fleurs printanières flottait dans la brise légère. Je chantais dans mon coeur vers notre Dieu, que je sentais prendre soin de moi comme le fait une mère. Oui, Il dorlotait la chère vieille Élisabeth. Comme je regardais au dehors les collines de la Galilée couvertes de fleurs, des rouges, des jaunes, des bleues, j’ai vu Marie, ma parente, qui grimpait la colline en toute hâte. Et c’était comme si, tout d’un coup, tous les anges se mettaient à chanter ensemble dans mon cœur. Je vous assure, j’ai senti que Marie arrivait bien avant de la voir. Et lorsqu’elle a parlé, mon bébé, lui que je portais dans mon sein depuis cinq mois, a fait un bond.
Marie. Une enfant, comparée à moi. Innocente, mais tellement intelligente. J’ai toujours pensé que Marie se connaissait déjà elle-même – plus que bien des gens ne se connaîtront jamais.
Elle avait de grandes nouvelles à m’apporter, et elle était tout émerveillée. Peut-être éprouvait-elle de la crainte, mais aussi beaucoup d’humilité. Car elle aussi avait eu la visite de Gabriel ! Il lui avait annoncé qu’elle allait avoir un fils, le Messie qui nous avait été promis, et le parent de mon propre bébé, Jean.
L’ange avait parlé à Abraham de l’enfant de Sarah, pas à Sarah. Et à Zacharie, pas à moi, de notre petit Jean. Mais Marie, ma Marie, était si exceptionnelle que l’ange était allé directement vers elle.
Marie n’était pas mariée, vous savez, et ainsi d’entendre l’ange Gabriel lui dire qu’elle aurait un enfant, de Dieu, l’a d’abord troublée, j’en suis certaine. Marie savait que, moi aussi, j’allais avoir un bébé. Rendez-vous compte: la vieille et stérile Élisabeth, et la jeune vierge Marie, allaient toutes deux avoir un bébé, « car aucune promesse de Dieu ne peut manquer de s’accomplir ».
Voilà pourquoi Marie courait vers moi. Nos relations avaient toujours été empreintes de douceur, mais maintenant notre tendresse avait un but, une nécessité urgente, et des questions. Nous étions conscientes que la tristesse viendrait pour nous tous, car nous savions que le fait de parler de l’amour de Dieu peut apporter bien des épreuves. Cependant, nous ne pouvions pas contenir notre joie. Gabriel avait même donné à Marie le nom de son fils: Jésus.
Marie et moi avons donc chanté à l’Éternel pour ses saints cadeaux. Nous n’avons pas joué du tambourin, comme Myriam lorsqu’elle guida les femmes en chantant, après la traversée de la Mer Rouge. Mais comme nous avons loué Dieu ! Et je n’ai pas pu m’empêcher de chanter à Marie, moi aussi, et d’une voix plutôt forte, j’en ai peur: « Bénie es-tu entre les femmes, et béni est ton enfant ! O, combien est heureuse la femme qui croit en Dieu ! » Et Marie a chanté: « Mon cœur et mon âme sont débordants de joie en Dieu, mon Sauveur; et saint est Son nom. »
Marie est restée avec moi pendant environ trois mois. Et puis mon bébé est arrivé. Tout le monde était heureux pour nous, et les gens espéraient que son nom serait Zacharie, comme celui de son père. Mais j’ai dit: « Oh non, on l’appellera Jean. » Aussitôt, ils se sont tous tournés vers Zacharie, car qui étais-je, moi sa mère, pour choisir son nom ? Mais Zacharie a écrit qu’on l’appellerait Jean. Et au moment même, Zacharie a pu parler à nouveau, et il chantait comme une fontaine qu’on débouche: « Toi, petit enfant, tu seras appelé le prophète du Très-Haut; car tu marcheras devant le Seigneur pour préparer sa venue. Ce sera à toi de donner à son peuple la connaissance du salut... »
Et quel garçon Jean est devenu ! Il nous faisait rire, et il était un fils fidèle, qui aimait à écouter Dieu.
Dans la nuit de Bethléhem où Jésus est né de Marie, le ciel était clair comme en plein jour. Je me suis demandé comment certains pouvaient ne pas l’avoir vu ni ressenti. Doucement, l’histoire de Jésus s’est répandue. Et plus tard, des années plus tard, Marie et moi avons reparlé de nos petits garçons, qui jouaient ensemble sur la colline, comme tous les petits garçons. Puis Marie m’a elle-même raconté cette nuit mémorable: comment, après un long voyage où ils avaient franchi des collines abruptes, seule une étable avait pu les accueillir. Mais Marie avait entendu les anges chanter: « Gloire à Dieu dans les lieux élevés et paix sur la terre. » Des bergers et leurs agneaux étaient venus voir l’enfant Jésus, né dans la lumière et avec un but, une nécessité urgente et une mission, dans une douceur si tangible que tous pouvaient la sentir.
Pendant cette nuit douce et sainte de la naissance de Jésus, notre Jean était encore un bébé. Le don de Dieu éclairait déjà notre foyer avec la joie et la promesse des grandes choses à venir. Et il allait grandir, se préparant à aller de ville en ville pour rassembler les disciples et pour que tous sachent que le Messie promis allait venir. Jean a grandi, solide, au grand air – ce n’était pas un citadin – vivant de miel, quand il le pouvait, mais gardant toujours son amour pour moi, Élisabeth, sa mère, comme moi aussi je l’aimerai toujours. Et, tout comme l’ange l’avait promis, Jean a baptisé Jésus et a largement répandu la nouvelle de la venue du Messie.
Femmes de la Bible Mentionnées par Élisabeth
Sarah:
Femme d’Abraham et mère d’Isaac, elle vécut 1 900 ans avant la naissance de Jésus (voir Genèse chapitres 17 à 21)
Myriam:
Sœur de Moïse, elle célébra par la danse et le chant le passage de la mer Rouge en 1275 av. J.-C. (voir Exode, chapitre 15)
Anne:
Stérile, elle pria pour avoir un fils. Samuel naquit en 1086 av. J.-C. (voir I Samuel chapitres 1 et 2)
Note: Les citations dans cette histoire d’Élisabeth sont adaptées du premier chapitre de l’Évangile selon Luc et proviennent de la traduction du Nouveau Testament en anglais moderne par J. B. Phillips (The New Testament in Modern English).