Créer une société fondée sur la confiance, non sur la peur et la colère qui semblent prévaloir dans le monde actuel, peut paraître un but inaccessible, un peu comme une utopie. À une époque où des personnes innocentes peuvent être accusées de harcèlement sexuel, où des gens qui n'ont fait aucun mal sont pris en otages, où l'on n'accorde pas grand crédit aux leaders politiques ni aux chefs d'entreprises, il est sans doute compréhensible que nous ayons pour première réaction de nous méfier, de supposer le pire. Pourtant, il existe une solution à la suspicion et au pessimisme, une solution basée sur un modèle spirituel, plutôt que politique ou économique. En effet, derrière ce cynisme se cache une aspiration à la stabilité que seul Dieu, l'Âme ou l'Esprit infinis, peut satisfaire, une aspiration à un monde meilleur où l'humanité ne met plus de côté la tendance naturelle à obéir à ce commandement de Jésus: « Aimez-vous les uns les autres. » (voir Jean 13:34) Face au cynisme, au danger et à la haine, le maître chrétien aimait, tout simplement, et il encourageait vivement chacun à trouver, au fond de son cœur, le royaume des cieux, le règne de l'amour (voir Luc 17:21). Jésus enseignait que lorsque l'amour de Dieu prend possession du cœur humain, la suspicion se dissipe, laissant place à la confiance dans le bien.
La plupart des grandes religions enseignent que l'amour est leur but ultime. Elles recommandent vivement de pratiquer la bonté et la compassion qui sont chose essentielle, et non un luxe, pour la survie de la race humaine. L'amour pur a pour effet d'entretenir la confiance, naturelle à chacun de nous, en notre qualité d'enfants de Dieu. Il est possible de bâtir une société où l'amour règne. Et c'est notre devoir individuel et collectif de la créer, à chaque instant.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy fait ressortir la nécessité de vivre avec amour. Au-delà de l'amour familial, compatissant ou romantique, elle parle de l'Amour divin qui est Dieu Lui-même. Lorsque nous puisons à cet Amour et que nous l'exprimons, nos actes sont exempts d'égoïsme et se trouvent renforcés par un pouvoir qui dépasse le nôtre.
Dans Science et Santé, il est dit avec beaucoup de fermeté, mais aussi de simplicité: « Jésus enseigna à ses disciples que l'application du pouvoir guérisseur de la Vérité et de l'Amour est le premier des devoirs chrétiens. » (p. 31) Et nous y lisons aussi que le dessein de Dieu est « de créer la confiance dans le bien » (p. 579). D'ailleurs, Mary Baker Eddy prouva, ainsi qu'un nombre incalculable d'adeptes de ses enseignements, que lorsque nous aimons, nous nous engageons dans une prière active qui consiste à éliminer la peur, la haine et la méfiance. Vivre l'amour les uns pour les autres dans les détails de la vie doit être à la fois une grande joie et un besoin.
L'expérience apprit également à celle qui découvrit la Christian Science qu'il existe des tendances de pensée dangereuses qui entament la confiance et qui ne doivent donc pas être négligées. Mary Baker Eddy fait allusion à ces tendances dangereuses dans Science et Santé en les appelant « magnétisme animal », un terme qui englobe tout le mal (voir p. 484). Dans un article intitulé « De vaines méthodes », elle avertit ses lecteurs de la façon dont ce magnétisme animal « engendre la méfiance là où l'honneur est dû, la peur là où le courage devrait être le plus fort, la confiance là où il faudrait s'abstenir, un sentiment de sécurité là où le danger est le plus sérieux » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 211).
La décision individuelle d'aider à l'épanouissement d'un monde où une compassion non inhibée par la crainte et la suspicion puisse davantage se manifester peut nous amener à trouver un bien-être inconnu jusqu'alors. La décision de faire taire les prétentions du mal et d'en prévenir l'activité est essentielle à la création d'une société fondée sur la confiance. Cette décision peut commencer par une prière fervente reconnaissant que Dieu gouverne nos instants et nos journées, et admettant sans réserve que Sa direction pleine de tendresse s'applique à tous Ses enfants.
Cet avertissement au sujet de la nature du magnétisme animal peut aussi amener à prier pour bien voir la nécessité de l'honneur et du courage. Nous honorons la grandeur divine en appréciant la moindre parcelle de bien en nous-mêmes, Son expression. De même, il nous est possible de reconnaître les actes motivés par l'intégrité et la bonté chez les leaders politiques et chez autrui. Il faut du courage pour aimer ceux qui ont été accusés de méfaits, aimer assez pour voir qu'ils sont exempts de tout mal et de la suspicion, en leur qualité d'expressions de Dieu. Et nous pouvons absolument refuser de croire qu'un tort quelconque puisse blesser, puisqu'il ne vient pas de Dieu. Il faudra un jour percevoir que la spiritualité, l'intelligence et la bonté innées existent bien, tant chez la victime que chez le malfaiteur. Si, à un moment donné, notre résolution d'apporter ainsi notre contribution par la prière faiblit, les idées du poème suivant de Mary Baker Eddy, intitulé « Amour », peuvent apporter du réconfort et nous affermir dans notre désir de persévérer:
Frère, dont la main sans merci
Brise un roseau froissé, Cherche à mieux partager l'esprit
Du Maître bien-aimé:
Demande cet amour au ciel
Qui rend les hommes fraternels.
( Écrits divers, p. 387)