« L'heure des penseurs a sonné. »
Cette affirmation saisissante apparaît à la première page de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy. Une telle déclaration interpelle la pensée: Sommes-nous ouverts à de nouvelles idées ? Sommes-nous prêts à réexaminer nos opinions, ou bien avons-nous peur de voir les choses sous une perspective différente ?
Je dois reconnaître que l'on ressent un certain confort à s'en tenir à des idées éprouvées. Les habitudes de pensée sont rassurantes: tout au long de notre existence nous avons «mûri» nos opinions, nos points de vue ainsi que nos sympathies et antipathies, alors pourquoi donc les remettre en question, y repenser, les réexaminer ?
Et pourtant, dès la première page, Science et Santé annonce son intention de secouer la pensée en exposant ses vues révolutionnaires au sujet de Dieu et de l'homme. Cet ouvrage ne s'en tient pas là, car il présente une nouvelle façon de vivre la relation entre Dieu et Sa création. Science et Santé est la révélation d'idées divines conçues pour déclencher une révolution dans la pensée et dans le comportement. Il est important à cet égard de rappeler que les termes révélation et révolution ne sont pas synonymes: révélation se réfère à une vision nouvelle et inspirée, révolution implique un changement radical. D'ordinaire, les gens adoptent avec ardeur la première, mais bon nombre d'entre eux ont beaucoup à lutter lorsque la seconde est demandée.
Il devient vite clair pour le lecteur qui explore Science et Santé que les penseurs spirituels sont également des révolutionnaires spirituels. En effet, le mode de pensée spirituel remet inévitablement en question notre ancienne vision des choses, et nous force à voir ces dernières sous un autre angle. Les fondements de la pensée en sont littéralement transformés. Il ne s'agit pas d'un simple exercice intellectuel, car ces nouveaux points de vue finissent par changer notre façon même de vivre. Mary Baker Eddy a expliqué que le penseur spirituel honnête qui traduit ses pensées dans ses actes devient tout naturellement un guérisseur spirituel et fait ainsi du bien à l'humanité.
Cette nouvelle orientation est plus exigeante que ce que nous aurions pu croire. L'apôtre Paul a écrit qu'il faut amener toute pensée « à l'obéssance de Christ » (II Corinthiens 10:5) et Mary Baker Eddy a remarqué que les enseignements de Jésus exigent que l'on « mette de côté les croyances et les pratiques même les plus chères et [que l'on] renonce à tout pour le Christ. » (Science et Santé, p. 141) Q'implique le fait d'adopter un point de vue, une démarche mentale et des objectifs conformes à l'esprit du Christ ? Au fond, il s'agit de vivre selon le conseil biblique de reconnaître Dieu dans toutes Ses voies, c'est-à-dire de reconnaître consciemment la présence de Dieu et Son contrôle sur toutes choses, en tous temps. De reconnaître que l'homme et la femme sont vraiment l'œuvre de Dieu, soumis à Dieu seul. Il s'agit de s'en tenir de façon persistante au fait qu'il n'existe pas de pouvoir, d'influence, d'activité ni de présence autres que ceux de Dieu, conformes à Sa volonté. L'amour et la fidélité envers Dieu doivent être suffisamment grands, disciplinés et déterminés pour que le cap soit maintenu, quelles que soient les circonstances.
Pour beaucoup d'entre nous, il est plus facile de réfléchir à ces choses dans l'abstrait que de les vivre réellement dans la vie quotidienne. Malgré le désir de spiritualiser leur pensée, beaucoup se surprennent à réagir bien trop rapidement aux événements: ils sont déçus ou excédés par ce qu'ils voient et entendent; ils prennent les apparences pour argent comptant, et très vite, ils vivent comme si Dieu n'avait aucune place, importance, ni rôle à jouer dans leur vie, ou comme si Dieu ne comptait pas. Nous ne le disons pas tout haut, mais le proverbe est vrai: les actes en disent plus long que les mots. Notre vie, nos actes rendent compte de notre façon de penser, que celle-ci soit véritablement dans l'esprit du Christ ou fondamentalement contraire à la spiritualité.
Nous sommes tentés de réagir, d'être en colère, amers, craintifs, attristés ou consternés. Le penseur spirituel surmonte cette tentation en remettant en question les éléments qui sont à l'origine de ces sentiments: « Est-ce là une preuve que Dieu est à l'œuvre ? » Si tel n'est pas le cas, il se demandera s'il doit agir ou réagir comme si Dieu était absent. Sa réponse sera négative, bien sûr, et il protestera contre ce qui est apparu à ses yeux ou contre ce qui lui a été rapporté. Il insistera sur son droit divin d'avoir conscience que Dieu et le Christ sont présents dans la vie, et manifestes dans les actes des hommes et des femmes. Réagir ainsi est la clé de la vie et de la guérison spirituelles.
Testez-vous: Quelle place occupent vos opinions politiques ? Vous identifiez-vous comme étant de droite, de gauche ou du centre ? Priez-vous quotidiennement pour l'efficacité du travail de votre chef d'état ? Êtesvous tolérants à l'égard d'opinions qui diffèrent des vôtres ? Est-ce dans vos habitudes de penser que le gouvernement est entre les mains d'un groupe d'individus - que ce soit pour un bien ou un mal - ou bien que « la domination reposera sur son épaule [de Dieu] » ? (Ésaïe 9:5 )
Une personne qui se consacre à la guérison spirituelle se gardera bien de s'impliquer dans les préoccupations de ses patients concernant la politique, que ce soit dans la famille, au bureau, dans les associations locales ou au niveau national. Le fait d'adopter des positions personnelles tranchées à ce propos pourrait contribuer à miner les fondements de la démonstration spirituelle où tout est gouverné par un divin Principe toujours actif.
Si jamais il voit ou entend des choses qui affirment le contraire de ce Principe, le praticien a pour première réaction de protester, d'affirmer que Dieu, à ce moment même, est toujours présent, éternellement actif, contrôlant tout. Si nécessaire, un praticien chrétien maintient sa position contre vents et marées jusqu'à ce qu'émerge finalement la preuve évidente de cette vérité.
On peut ne pas être d'accord avec les actions du gouvernement ou avec l'opposition au gouvernement. Il suffit de regarder la télévision, d'écouter la radio ou encore de suivre des discussions sur Internet pour se rendre compte qu'un grand nombre de personnes réagissent en invectivant ceux qu'elles désapprouvent et parlent de ces derniers en des termes intolérants. Peut-être avez-vous déjà reçu un courriel intolérant, de la part de quelqu'un qui ne partage pas vos opinions. En agissant ainsi, les gens s'engagent dans une vive critique des autres sans se douter que cette démarche mentale est une forme de mauvaise pratique malveillante. C'est un état d'esprit corrosif qui nuit à la personne qui l'entretient, et qui cultive des modes de pensée pleins de haine ou d'intolérance, d'où un affaiblissement conséquent des capacités d'apporter la guérison dans toute situation.
Par ailleurs, le praticien chrétien s'efforce constamment de voir l'homme ou la femme comme l'œuvre de Dieu: inspirés et animés, conduits et gouvernés par Dieu. Cela lui permet de nier que la prétendue influence exercée par la corruption, l'ignorance, la volonté opiniâtre, les passions politiques et la malhonnêteté puisse gouverner l'homme, l'œuvre de Dieu. La guérison reçoit un soutien lorsque le penseur chrétien détruit les mauvais sentiments en adhérant de façon persistante au fait spirituellement scientifique que Dieu, l'Entendement divin, tient les rênes du pouvoir dans le cœur et la pensée de chacun. Il (ou elle) laisse alors l'issue des évènements entre les mains de Dieu, en sachant qu'Il fera en sorte que le bien s'accomplisse.
Cela vaut vraiment la peine de surmonter la tendance à coller à quiconque – à soimême comme à d'autres – une étiquette de gauche ou de droite, et d'affirmer que nous ne sommes ni l'un ni l'autre: « Je suis un praticien spirituel; je suis déterminé à voir la main de Dieu agir dans le gouvernement et chez mes dirigeants. » Cela bénira notre monde plus que tous les activismes politiques du monde. La politique a un rôle utile à jouer, et les citoyens doivent exercer leurs droits, mais le monde a besoin de plus de passion spirituelle et de moins de passion politique.
En 1908, Mary Baker Eddy a donné ce conseil qui a été publié dans le Boston Post: « Il m'est demandé: "Quelles sont vos opinions politiques ?" Je n'en ai en fait pas d'autres que de contribuer à soutenir un bon gouvernement, d'aimer Dieu par-dessus tout et mon prochain comme moi-même. » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 276)
S'efforcer d'appliquer cette norme n'est pas une tâche impossible, même si elle exige que nous soyons des penseurs spirituels plutôt que des partisans politiques. Si l'on adopte cet objectif, on va s'apercevoir que l'on se libère d'habitudes de pensée non chrétiennes, et la capacité de guérir de façon efficace ce monde grandira de façon notable.
