« Tu es l'enfant de qui ? » Dans une région de mon pays, cette question est posée à quiconque sollicite l'attention des « vieux », des aînés, pour contribuer à une discussion ou un projet communautaire. Et l'attention que l'on portera à votre propos dépendra de la réponse.
Pour beaucoup en effet, la lignée ancestrale détermine la valeur d'une personne. En fait, ne se sentirait-on pas davantage « quelqu'un » si son arbre généalogique remontait à une famille royale, présidentielle ou à une figure de grand renom, tel un héros national, un général d'armée ou un grand homme riche ? Peut-être ! Mais la Bible dit: « vanité des vanités, tout est vanité ». (Ecclésiaste 1:2) Après avoir donné aux lecteurs de son ouvrage autobiographique, Rétrospection et Introspection, un récit impressionnant de sa lignée, Mary Baker Eddy, la fondatrice de ce périodique, conclut en ces termes: « ... notre histoire matérielle et mortelle n'est que le récit de rêves, et non de l'existence réelle de l'homme, et le rêve n'a pas de place dans la Science de l'être. "Nos années disparaissent comme un souffle" et comme "l'ombre du soir". » (p. 21)
La recherche de l'identité qui nous vient de Dieu est une nécessité pour chacun de nous. Cette recherche consiste à voir au-delà de tous les parents humains, tous les ancêtres, riches ou pauvres, puissants ou non, jusqu'à notre divin Père, le seul Créateur. Lorsque nous Le trouvons et faisons connaissance avec Lui, notre nature et notre identité véritables se révèlent: nous sommes Ses enfants. Dans son livre Science et Santé, Mary Baker Eddy jette davantage de lumière sur ce Père que Jésus a révélé à toute l'humanité. Elle décrit Dieu comme
« Entendement, Esprit, Ame, Principe, Vie, Vérité, Amour, incorporels, divins, suprêmes, infinis ». (p. 465)
Lorsque nous comprenons notre identité d'enfants de Dieu, enfants de l'Esprit, nos perspectives de vie changent de manière radicale. Une telle compréhension aiderait par exemple à éliminer les conflits raciaux ou ethniques, et prouverait qu'aucune race ou ethnie « n'est héritière du Royaume de Dieu » à l'exclusion des autres. Elle aiderait également à rétablir l'égalité innée entre les hommes et les femmes. Dieu étant connu comme « omnipotent », « le Très-Haut », « le Tout-Puissant », quelle fierté n'aurait-on pas à se présenter comme fils de Dieu, ou fille du « Tout-Puissant » ? L'estime de soi est sans conteste un sentiment ou un désir légitime. Cependant, elle ne nous est pas garantie par l'historie matérielle. Dans certaines cultures, l'importance de votre compte bancaire, le nombre de portes de votre garage ou le nom de votre famille déterminent votre rang social. Dans d'autres, cela peut être le nombre d'enfants que vous avez. Comprendre notre vraie identité d'enfants de l'Esprit - en d'autres mots, comprendre notre nature comme étant spirituelle, non matérielle - permet d'échapper au piège d'une identité matérielle limitée.
Durant mes années de jeunesse, j'ai été hanté par cette question identitaire. Étant pauvre, ma famille ne pouvait pas m'offrir ce que je désirais: de beaux habits, assez d'argent de poche, et ainsi de suite. À l'école primaire, mes amis, dont la plupart étaient fils de propriétaires de boutiques, étaient mieux habillés que moi et, avec leur argent de poche, pouvaient s'acheter des bonbons et autres petites gâteries, ce qui produisait chez moi un sentiment d'infériorité, alors que j'étais un très bon élève. Lorsque j'abordai les études secondaires, le même sentiment me poursuivit. L'école que je fréquentais - située à 20 km de notre village - avait un internat, et lorsqu'il fallait s'y rendre au début de chaque trimestre, ou rentrer à la maison à la fin du trimestre, je n'avais que mes pieds pour marcher, alors que mes camarades, plus fortunés, pouvaient se payer une place à bord d'un camion.
Après les humanités, vint le moment d'entrer dans les études supérieures. Les instituts supérieurs et universités étaient très limités en nombre. Motivé par le souci de sortir de la pauvreté, je désirais suivre des études d'économie ou de droit à l'université, étant donné que les diplômés de ces facultés jouissaient d'un statut social enviable. Malheureusement, s'inscrire dans une faculté de son choix relevait d'un parcours du combattant, et malgré tous mes efforts, je me retrouvai sur une liste d'attente. Finalement, faute de mieux, je me contentai d'une place dans un institut supérieur pédagogique, préparant à la carrière d'enseignant. Il faut dire que les enseignants ne représentaient pas grand-chose dans le pays, car leur employeur, le gouvernement, était un mauvais payeur. La perspective de devenir enseignant ne suscitait donc aucun enthousiasme, bien au contraire ! Avant la fin de ces études, la situation économique du pays se détériora davantage encore, et celle des enseignants et de tous les fonctionnaires de l'État suivit cette chute. J'étais inconsolable. Je me disais que j'avais fait cinq années d'études supérieures pour devenir un « rien » dans la société. Alors que j'étais en dernière année de licence, je suis tombé sur un exemplaire du Héraut de la Christian Science. Comme je le feuilletais rapidement, mes yeux se fixèrent sur un article intitulé « Être quelqu'un ». Dans l'état de désespoir dans lequel je me trouvais à cette époque, il est facile de comprendre pourquoi un tel titre m'a accroché. Je le dévorai donc, espérant y trouver des techniques pour devenir « quelqu'un » dans le sens populaire du terme. Mais cet article présentait une ligne de pensée que je n'avais rencontrée nulle part ailleurs. Il mettait au jour le fait que les possessions matérielles et les titres humains n'avaient rien à voir avec notre valeur innée, valeur due au fait que nous sommes des enfants de Dieu. L'auteur alignait des arguments difficiles à disputer, tout en renvoyant le lecteur à la source de ces idées, un livre intitulé Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy. Ma curiosité étant attisée, je me lançai à la recherche de ce livre. Lorsque je le lus quelques mois plus tard, mes perspectives de vie changèrent du tout au tout. Je commençai à saisir et à vivre mon identité réelle, « l'expression de l'être de Dieu ». (voir Science et Santé, p. 470)
À la page 552 de ce livre, je trouvai cette déclaration: « Dans la vie mortelle, qui a son origine dans un œuf, l'expérience humaine correspond à celle de Job lorsqu'il dit: "L'homme né de la femme a la vie courte, et il est abreuvé d'angoisses." Les mortels doivent émerger de cette notion de la vie matérielle comme étant tout en tout. Ils doivent briser leurs coquilles à l'aide de la Science Chrétienne, et avoir des vues plus étendues et plus élevées. » Ainsi, « brisant ma coquille », je refusai de m'associer à une vie en proie à la confusion, et revendiquai plutôt mes droits inhérents à ma qualité de fils de Dieu - de l'Esprit, la Vérité, et l'Amour. Petit à petit, je perdis mon complexe d'infériorité et ma timidité, et me sentis plus en sécurité dans mon estime personnelle et mon travail.
À partir de ce moment-là, ma vie prit une nouvelle tournure, plus heureuse. Lorsque j'ai trouvé un emploi dans une école comme professeur d'anglais à la fin du cycle de licence, et bien que les conditions salariales soient très peu enviables, je me mis à la tâche avec joie, heureux d'être utile à mes élèves. Mon étude quotidienne de la Christian Science me soutenait en me révélant que j'étais à ma juste place, mon vrai travail étant d'être le digne fils de mon Père, Dieu, de refléter Ses qualités (sérieux, intégrité, etc.). Ainsi, je résistai aux pratiques courantes à l'époque dans les écoles, de compléter son salaire en se faisant payer directement par les élèves moyennant la distribution de points immérités. Une année plus tard, sans effort particulier de ma part, un poste vacant dans une grande organisation internationale fut porté à mon attention. Ce poste exigeait les qualifications et les compétences que j'avais. Je posai ma candidature et je fus retenu.
Aujourd'hui, je comprends combien il serait ridicule de penser que mon voisin qui a une voiture luxueuse est plus important que moi, ou que je suis plus important que le jeune homme qui aide mon épouse et moi-même dans certaines tâches domestiques. Et si j'étais présenté à un arrière-petit-fils de Chaka Zulu, le grand guerrier africain, je ne me sentirais pas intimidé du tout. Après tout, n'avons-nous pas tous un seul Père, aux yeux de qui nous avons la même valeur ?
