Martyn Auret a dix ans lorsque son père est guéri de maux d'estomac persistants grâce à la lecture de Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy. On inscrit l'enfant à l'école du dimanche de la Christian Science, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Ce qu'il y apprend chaque semaine va s'imprimer en lui. A chaque étape importante d'une carrière couronnée de succès dans l'industrie de l'électrotechnique, M. Auret s'est attaché à une prière simple: «Mon Dieu, utilise-moi comme Tu le juges bon». Son humilité et sa fidélité à Dieu l'éclairent, le guident et le motivent dans l'existence, tout en lui permettant de subvenir aux besoins de sa famille.
En 1968, il devient praticien de la Christian Science à plein temps. Huit ans plus tard, M. Auret est nommé professeur de la Christian Science. Depuis cette date, il donne chaque année un cours en 12 leçons sur la guérison spirituelle. Membre du Conseil des conférences de la Christian Science, il a également donné un grand nombre de conférences et de causeries publiques en Afrique du Sud, en Angleterre, en Australie, aux États-Unis, en Inde, en Nouvelle-Zélande et à Singapour.
M. Auret travaille à partir de chez lui, dans la banlieue nord de Johannesburg, qui s'étend sur un plateau situé au bord de la savane, à 2000 m au-dessus de l'océan Indien. Je me suis récemment entretenu avec lui par téléphone.
«Père-Mère, utilise-moi selon Ta volonté.» Cette prière toute simple semble être le fil conducteur de votre vie.
C'est exact ! Cette prière m'a enseigné de grandes leçons sur l'amour désintéressé, elle m'a appris à mettre le sens personnel de côté, et Dieu au centre de ma vie.
Qu'entendez-vous par sens personnel ?
Eh bien, par exemple, lorsque j'ai eu une promotion, au cours de ma carrière d'ingénieur électricien, on m'a demandé quelles étaient mes prétentions en matière de salaire. Le chiffre que j'avais en tête représentait 50 % d'augmentation par rapport à mon salaire de l'époque. Le sens personnel limité que j'avais de la situation — ce que l'on pourrait appeler mes sentiments personnels ou mes appréhensions — m'inclinait à penser: «Si tu vises trop haut, Martyn, tu vas tout perdre. Demande moins et tu auras des chances d'avoir le poste.» Pourtant, pour avoir prié à ce sujet, je pensais sincèrement que le montant que j'avais en tête était justifié. J'étais donc prêt à m'effacer pour laisser agir le Principe divin — un synonyme de Dieu. Il a effectivement agi, et même au-delà de mes espérances.
« Ayez en vous cet entendement qui était aussi en Christ Jésus. »
Cela me rappelle un autocollant que j'ai vu un jour à l'arrière d'une voiture: «Si Dieu est votre copilote, échangez vos places.» Vous avez donc tout remis entre les mains de Dieu en Lui disant: «C'est à Toi de décider, de résoudre le problème. Dis-moi ce que je dois faire. Je t'obéirai.»
C'est tout à fait cela. L'étude de la Christian Science m'a appris à prier en m'inspirant de versets bibliques, comme celui-ci: «Ayez en vous cet entendement qui était aussi en Christ Jésus.» (Philippiens 2:5, version King James) Autrement dit, «écoutez ce que Dieu (l'intelligence divine ou Entendement) déclare, et faites-lui confiance pour guider votre vie et lui donner un sens.
Cette attitude permet d'acquérir un point de vue plus élevé sur la vie. Elle vous met en phase avec votre sens spirituel inné. Vous pouvez faire confiance à ce sens spirituel ! Il est absolument naturel. Il vient directement de Dieu, de l'Esprit divin invisible, qui vous donne toujours les idées, la sagesse, le courage et la force dont vous avez besoin.
Le sens spirituel nous révèle le plan que Dieu a conçu pour nous. Il nous met en contact avec le pouvoir infini qui est à l'origine de l'existence, avec la source fondamentale des possibilités, des capacités, de la plénitude et de la santé illimitées.
Absolument. D'autre part, ce sens spirituel met en lumière l'individualité que Dieu nous a donnée.
Je trouve utile de penser à Dieu en tant qu'Ame, autre synonyme de Dieu, comme le sont Entendement et Esprit. L'Ame nous donne notre individualité. Elle est semblable au soleil. Chaque rayon de lumière émane du soleil et tire de cet astre tout ce dont il a besoin: la chaleur, la lumière, toutes choses. Mais chaque rayon est une expression individuelle du soleil. De plus, aucun rayon ne peut influer sur un autre. C'est pourquoi chacun de nous exprime une individualité dont l'origine est en l'Ame — et c'est ce qui est merveilleux ! Chacun exprime toutes les qualités de Dieu. Chacun est comblé pareillement, tout en demeurant une expression individuelle. La compréhension de cette sublime réalité apporte des bienfaits concrets dans la vie quotidienne de tout individu. Cela s'est vérifié dans ma vie, et je sais que cela s'est également vérifié dans celle de nombreuses personnes.
Nous parlons en fait ici d'une conception étendue de la guérison spirituelle, une conception holistique: qui considère l'homme comme un tout indivisible.
En effet. Qu'il s'agisse d'un problème physique ou non, le praticien de la guérison spirituelle aide celui qui le sollicite à prendre conscience de la véritable individualité que Dieu lui a donnée. C'est cela la guérison par la prière.
Quand on compare les deux premiers chapitres de la Genèse, on s'aperçoit que le premier décrit une création spirituelle, dans laquelle «Dieu créa l'homme à son image» (Genèse 1:27), alors que le deuxième est une allégorie qui met en scène Adam et Ève. Dieu fait d'abord tomber un profond sommeil sur Adam pour créer une femme à partir d'une de ses côtes. Puis Adam et Ève se laissent séduire par le concept erroné qu'il existe à la fois le bien et le mal, deux dieux différents ou croyance à la dualité. Résultat: ils perdent de vue leur Dieu. Mais la Bible ne dit pas qu'Adam s'est réveillé. C'est pourquoi la guérison spirituelle consiste à se réveiller du rêve adamique, le sommeil qui ignore tout de la réalité spirituelle. En nous réveillant, nous constatons que nous sommes complets, intacts, conformes à notre nature qui est l'image et la ressemblance de Dieu, comme elle est décrite dans le premier chapitre de la Genèse.
Parlons, si vous le voulez bien, de la nature et du pouvoir de la prière. La Bible dit que «la prière de la foi sauvera le malade» (Jacques 5:15). Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy revient sur ce verset pour demander: «Quelle est cette prière qui guérit ?» Et elle poursuit avec assurance: «Simplement demander à Dieu de bien vouloir guérir les malades ne peut nous donner plus de la présence divine que ce qui est toujours là.» (p. 12) Il est donc parfaitement légitime de se demander comment prier de façon efficace pour obtenir la guérison.
Il y a bien des façons de prier. L'une d'entre elles consiste à supplier Dieu, à Lui demander quelque chose. C'est une pratique très courante dans toutes les religions. Mais pour que ce genre de prière soit efficace, il ne s'agit pas de demander à Dieu de nous aimer, car nous savons qu'Il est Amour et nous aime donc déjà ! Implorer, c'est vraiment faire appel à Dieu, s'en remettre à Lui. Lorsqu'un petit enfant tend la main vers son père pour qu'il lui fasse traverser la rue, il ne doute pas un seul instant que son papa va effectivement lui tenir la main pour l'amener sur le trottoir d'en face. De la même façon, demander à Dieu qu'Il nous guide, nous secoure ou nous soutienne, c'est une façon de faire appel à Lui, de chercher à être en communion avec Lui.
Vous avez dit qu'il y a plusieurs façons de prier.
Il y a aussi l'affirmation. Comme la supplication, cette prière implique que l'on reconnaisse l'omnipotence de Dieu. Je vais vous donner un exemple. J'ai connu une jeune maman qui venait de se lancer dans l'étude de la Christian Science. Un jour, son petit garçon a grimpé dans un arbre du jardin. Il est tombé de l'arbre et s'est retrouvé le visage contre le sol, avec de la terre plein la bouche. Très inquiète, sa mère l'a porté jusqu'à sa voiture pour l'emmener chez le dentiste. Elle voulait que celui-ci examine les dents de l'enfant et regarde s'il n'avait rein d'anormal.
Après avoir examiné le garçon, le dentiste a déclaré: «Les dents et la bouche n'ont rien, mais le nez est cassé.» Il a aussitôt fait le nécessaire pour qu'une radiographie soit effectuée. Pendant que le dentiste prenait ces dispositions, la mère a demandé par téléphone à une amie de me prévenir, afin que je prie pour le petit garçon. Cette amie m'a donc appelé et m'a rapporté toute l'histoire.
Lorsque j'ai raccroché le téléphone, une inspiration m'est venue: «L'homme n'est pas déchu.» Cette affirmation avait pour moi un sens précis: étant donné que Dieu est l'Amour infini, l'homme, Sa propre image, demeure en sécurité dans l'amour de Dieu. Par conséquent, l'image de Dieu, en l'occurrence cet enfant, ne pouvait jamais tomber hors de l'amour de Dieu. Il ne pouvait donc jamais se faire mal. Cela me paraissait tout à fait clair. Affirmer que «l'homme n'est pas déchu» signifiait à mes yeux qu'on ne pouvait tomber hors de l'amour de Dieu.
«Il n'y a rien à ajouter !» ai-je pensé. Je précise que j'étais praticien de la Christian Science depuis très peu de temps. Je me suis dit que je ferais peut-être bien de prier un peu plus, malgré tout, ce que j'ai fait, tout en continuant de penser que la situation était déjà réglée.
Par la suite, en reconstituant les faits, je me suis rendu compte qu'au moment où j'ai reçu l'appel téléphonique, la radiographie du petit garçon était en cours. Le radiologue a montré à la maman les radios qu'il venait de prendre. On y voyait la trace d'une fracture qui partait de l'arête du nez et remontait vers le haut du crâne. Le radiologue avait besoin de prendre d'autres radios. Puis il est sorti de la pièce.
Quand il est revenu, une demi-heure plus tard, il avait l'air perplexe. C'est incompréhensible, a-t-il déclaré. La seconde série de radios ne révèle aucune fracture. Votre enfant n'a absolument rien de cassé.
La mère et l'enfant sont rentrés chez eux, le cœur plein de joie. Voilà un exemple de prière basée sur une affirmation inspirée, sur la reconnaissance de l'omnipotence de Dieu, du fait que seul Dieu nous gouverne.
Existe-t-il une autre façon de prier qu'en demandant quelque chose à Dieu ou en affirmant une vérité ?
Une autre forme de prière consiste à utiliser des arguments, ou le raisonnement, ce que je fais souvent lorsque je donne à quelqu'un un traitement par la Christian Science. Mary Baker Eddy écrit que les prières de Jésus étaient «des affirmations profondes et consciencieuses de la Vérité» (ibid., p. 12). Le Nouveau Testament, par exemple, rapporte qu'un homme du nom de Jaïrus demanda un jour à Jésus de guérir sa fille. (Voir Luc 8:41-56) En chemin, quelqu'un dit à Jaïrus: «Ta fille est morte; n'importune pas le maître.» Quand ils arrivèrent chez Jaïrus, tous les gens disaient qu'elle était morte. Mais Jésus ne cessa jamais de penser que Dieu était la Vie de cet enfant. Il le comprenait. Il savait aussi que si Dieu était la Vie même de la petite fille, il était impossible à celle-ci d'être un seul instant sans vie. Il rejeta donc la possibilité qu'elle fût morte. A tous ceux qui pleuraient et se lamentaient, il déclara: «Elle n'est pas morte, mais elle dort.» Il nia la croyance erronée, partagée par tous, selon laquelle elle était morte, et il la ramena à la vie. Ainsi, d'une certaine façon, on pourrait dire qu'il argumentait. Il argumentait en faveur de la vie éternelle et contre la possibilité même de la mort. Il nia l'apparence de la mort, considérée comme une erreur, et il affirma que Dieu était la vie de cette petite fille. Grâce à ces «affirmations profondes et consciencieuses de la Vérité», l'enfant fut guérie.
Jésus dit à ses disciples: «Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.» (Jean 8:32) Pour moi, cela signifie qu'il est nécessaire de connaître la vérité concernant Dieu et la nature du lien qui nous unit à Lui. La Vérité est à la base de toutes les formes de prière. Elle est aussi à la base du traitement par la Christian Science. La prière fondée sur la Vérité apporte la guérison avec, chaque fois, la compréhension que c'est Dieu qui rétablit la vérité, les faits véritables. Dieu est le seul pouvoir. Rappelons-nous ces paroles de Jésus: «Je ne peux rien faire de moi-même.» (Jean 5:30)
L'Amour divin itait déjà auprès de lenfant pour le secourir.
Ainsi, quelle que soit sa forme, la prière curative éveille le patient à sa véritable identité d'image de Dieu.
Exactement. Le travail du praticien consiste à évangéliser la pensée de ses patients, pour leur faire prendre conscience peu à peu de leur relation à Dieu et de leur valeur en tant qu'enfants bien-aimès de Dieu, pour les éveiller à leur véritable identité, celle que Dieu leur a donnée. La prière ouvre la porte à la compréhension de notre véritable filialité avec Dieu.
Dans la Bible, on lit souvent que Jésus a éprouvé de la compassion avant d'accomplir une guérison. Quel est le rôle exact de l'amour dans la guérison ?
Rien n'est plus important. Il faut avoir cette compassion directement inspirée par Dieu, cette reconnaissance de la valeur de la nature spirituelle de l'individu et du lien indestructible qui l'unit à Dieu.
J'aimerais vous relater une très jolie guérison à ce propos. Elle a ètè inspirée par le récit biblique d'Agar et de son fils, Ismaël. Agar est abandonnée dans le désert avec son enfant. Elle n'a nulle part où aller et n'a plus rien à manger ni à boire. La Bible nous dit qu'Agar va s'asseoir à quelque distance de son fils, car elle ne veut pas le voir mourir. Dans sa détresse, elle implore Dieu en pleurant. Mais Dieu ne les a pas abandonnés. «Dieu entendit la voix de l'enfant», dit la Bible. (Genèse 21:17) L'Amour divin était déjà auprès de l'enfant pour le secourir !
L'affirmation silencieuse que l'Amour divin était présent en ce moment même a entraîné la guérison.
On lit dans la Bible: «Dieu est amour; et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.» (I Jean 4:16) Pour Mary Baker Eddy, ce verset dit bien ce qu'il veut dire, savoir que Dieu est l'Amour même, que l'Amour divin est Dieu, que l'Amour est le seul pouvoir et qu'il est tout pouvoir.
Absolument. Un jour, en parlant de guérison instantanée, elle a déclaré: «Je vais vous dire comment procéder. Il faut aimer ! Juste vivre l'amour — être amour — aimer, aimer, aimer.» Et bien sûr, si vous et moi, nous aimons, nous reconnaissons la vérité concernant les hommes et les femmes créés par Dieu. Cela nous renvoie au message contenu dans le premier chapitre de la Genèse, où il est dit que Dieu nous a tous créés à Son image, à l'image même de l'Amour.
Nous lisons dans Science et Santé: «Si le Scientiste atteint son patient par l'Amour divin, l'œuvre de guérison sera accomplie en une seule visite et la maladie s'évanouira en son néant primitif, comme la rosée disparaît au soleil du matin.» (p. 365)
J'ai lu ce passage bien des fois, mais je me souviens qu'un jour je me suis dit qu'il me suffisait d'aimer davantage pour être un meilleur praticien de la guérison. Mon attention s'est alors portée sur la première partie de la phrase: «Si le Scientiste atteint son patient par l'Amour divin...» J'ai pris conscience du fait que, même si je dois effectivement aimer davantage et faire preuve de plus de compassion, c'est parce que Dieu est l'Amour même que les prières atteignent le patient.
Tout cela revient à dire que la guérison n'est accomplie ni par moi, ni par vous, ni par personne d'autre, car c'est Dieu, l'Amour divin, qui guérit.
(1) We Knew Mary Baker Eddy, p. 134 (Boston: The Christian Science Publishing Society, 1979),
