est praticien, professeur et conférencier de la Christian Science. Il parle couramment l’espagnol, le portugais et l’anglais, et donne des conférences sur la guérison spirituelle dans ces trois langues, en Amérique du Sud, en Europe et aux États-Unis, depuis plus de vingt ans. Il habite avec sa famille à Olivos, en Argentine, une banlieue au nord de Buenos Aires, près du Rio de la Plata, un estuaire qui rejoint l’Atlantique. « Ici on voit le ciel, le lever du soleil et il y a de beaux jardins fleuris. C’est un endroit très agréable », a confié M. Lavigne à lors de l’entretien qu’ils ont eu récemment sur la guérison spirituelle.
Monsieur Lavigne, comme beaucoup de gens aujourd’hui, vous remplissez de multiples tâches: vous avez une famille, vous donnez des conférences dans le monde entier, vous enseignez la Christian Science et vous pratiquez la guérison par la prière. Comment y arrivez-vous ?
Par la prière. Et je n’oublie jamais que c’est le travail de Dieu. Il s’agit de comprendre toujours mieux la même leçon: Dieu est l’Entendement, l’intelligence infinie. Dieu ne se trouve pas dans la confusion et Il n’a pas non plus un mélange de choses à faire toutes en même temps. L’Entendement divin est ordonné, et j’apprends que, si j’obéis à Dieu du mieux que je peux, les choses se passent de façon plus agréable, plus ordonnée, plus logique et je peux davantage être utile aux autres.
Parfois, j’aime formuler les choses de la manière suivante: Ce que je dois apprendre, c’est que je suis un fils et que Dieu est le Père. Et c’est formidable, parce qu’il est plus facile d’être le fils que d’être le père. Les petits se contentent d’attendre que leurs parents fassent tout pour eux. Je dois donc être un fils prêt à suivre son Père !
Comment vous êtes-vous intéressé à la guérison spirituelle ?
J’ai été élevé dans une autre religion. Le concept de Dieu m’intéressait beaucoup. Alors j’ai commencé à poser des questions difficiles. Et on m’a proposé un concept de Dieu qui n’avait aucun sens à mes yeux. J’en ai donc conclu que Dieu n’existait pas et j’ai passé plus de vingt ans dans l’athéisme.
C’était très dur de vivre ainsi. Je travaillais dans la publicité et je fumais plus de quarante cigarettes par jour. Je détestais fumer, mais je n’arrivais pas à arrêter. J’étais marié depuis onze ans avec une scientiste chrétienne. Je voyais mes enfants être guéris par cette Science, mais je refusais de l’admettre. Je suivais le chemin de l’insensé et ne reconnaissais jamais que ces guérisons étaient dues à la Christian Science. Seulement je voulais arrêter de fumer, et je ne savais que faire. Ma femme me disait: « Pourquoi ne vas-tu pas voir un praticien de la Christian Science ? »
Quand on ne sait pas quoi faire, on va n’importe où. Alors j’y suis allé. Pour moi, à l’époque, ce fut une expérience étrange. Je suis sorti de cet entretien en me disant que je n’avais pas compris un mot. Or, ce soir-là, j’ai pensé à la parabole de l’enfant prodigue dans la Bible (voir Luc 15:11-32), et pendant un instant j’ai eu le sentiment d’avoir trouvé ce que je cherchais. J’ai senti à nouveau pendant un moment que Dieu était réel. Et ce qui est amusant, c’est qu’il m’a fallu trois jours pour m’apercevoir que je ne fumais plus ! Trois jours ! Avant, j’avais essayé tout ce que vous pouvez imaginer, et rien n’avait marché. Mais en trois jours, j’ai été libéré, et je n’ai plus jamais fumé.
Quand avez-vous commencé à lire Science et Santé ?
Avant d’être guéri de l’habitude de fumer, j’avais lu le livre pour prouver à ma femme qu’elle se trompait. Après avoir été guéri, j’ai franchi une nouvelle étape. J’essayais de comprendre, mais ce n’était pas facile. Pourtant, ce que j’aimais, c’est que ce livre ne me demandait pas de croire. Il me demandait de prouver. Il me respectait. Il partait du principe que j’étais un être intelligent. Toutefois, il m’a fallu longtemps pour être en paix avec le fait que Dieu est réel. Ce fut un rude combat.
Ce qui m’a aidé au début, ce sont les articles du Héraut de la Christian Science en espagnol, surtout ceux qui s’adressaient aux jeunes. Je les aimais beaucoup, parce que je les comprenais. Et ce que j’aimais aussi beaucoup, c’étaient les témoignages des réunions du mercredi soir à l’église. Il y avait là une femme, peut-être employée de maison, qui n’était pas très instruite, mais dont j’admirais la sagesse. Et je me disais que si j’avais juste un peu de sagesse comme cette femme, je n’aurais pas autant de difficultés. C’était le niveau de ma compréhension. J’avais l’habitude de dire que si j’étais capable de pratiquer la Christian Science, tout le monde en serait capable !
Quels autres concepts vous paraissaient logiques ?
La rationalité de la Christian Science. C’était important pour moi qui étais athée de m’associer à quelque chose de rationnel mais de spirituel en même temps. Quand j’étais jeune et que je posais des questions sur Dieu, mes questions étaient rationnelles. J'avais donc l'impression de recommencer à zéro mais en plus de trouver des réponses rationnelles. Ce que Mary Baker Eddy affirme sur Dieu me paraissait logique. C’était un Dieu réel, un Dieu rationnel qui ne cherche pas à vous mettre à l’épreuve en disant: « Tu as le choix entre deux choses, l’une juste et l’autre pas. » Le Dieu que j’ai découvert en lisant Science et Santé était le Dieu que j’avais dans la conscience quand j’étais jeune, mais que je n’avais pas trouvé. Dieu est l’Entendement divin, non un homme avec une barbe. Et Dieu n’est pas Jésus. Dieu est le pouvoir et l’Esprit qui animaient et motivaient Jésus, qui lui donnèrent la vie. C’est naturel: nous avons tous ce merveilleux concept spirituel de Dieu dans notre conscience.
A un moment donné, vous avez décidé d’aider les autres, de devenir vous-même un praticien.
Oui. J’ai suivi le cours de Christian Science Cours de deux semaines sur la guérison spirituelle donné par un professeur de Christian Science., et après cela, j’ai travaillé pendant quelque temps dans la publicité, dans le nord de l’Argentine. J’ai découvert qu’il y avait là un groupe de scientistes chrétiens et je suis allé aux services religieux. Les membres ont commencé à me demander de prier pour eux. Puis, un jour, j’ai dû prendre une décision. On m’avait demandé de diriger une agence de publicité, ce qui n’était pas rien. Or, je me suis rendu compte que les principaux clients de cette agence vendaient du vin et de l’alcool. Alors je me suis dit que je n’allais pas passer ma vie à dire aux gens de boire de l’alcool. Nous avions quatre enfants, et les praticiens ne sont pas millionnaires, mais j’ai malgré tout décidé de me consacrer à la guérison par la prière. Et c’était la décision à prendre.
En quoi les choses sont-elles différentes, trente ans plus tard, par exemple dans la façon dont vous répondez à quelqu’un qui vous demande de prier pour lui ?
L’essentiel, c’est qu’on apprend à s’en remettre davantage à Dieu. Ce n’est pas que vous ne saviez pas, c’est que vous progressez. D’abord, on parle de « Dieu », par exemple, ou du « pouvoir de Dieu », mais qu’est-ce que cela veut dire ? Et cette compréhension approfondie de Dieu, du pouvoir, de la santé, de la vie n’est pas intellectuelle. Elle est plus profonde, plus claire, parce qu’elle touche le cœur. Elle le touche vraiment.
Pour moi, aujourd’hui, la guérison dépend de deux concepts fondamentaux. D’abord, et avant tout, le pouvoir de Dieu. La guérison, C’est la manifestation du pouvoir divin et de la présense divine dans l’existence humaine. C’est aussi simple que cela. Mais ensuite vient la question « Et le praticien ? » Il est crucial de savoir que Dieu m’aime, moi, le praticien. Dieu m’a créé, donc je suis aimant. En tant que practicien, je suis comme une fleur, et je vais faire profiter chacun de cet arome. Cela commence donc par le praticien qui demande: « Qui suisje ? » et répond: « Je suis l’expression de l’Amour divin », puis qui prend conscience de cette qualité chez les autres.
On a l’impression qu’il s’agit là d’un concept en particulier qui vous aide dans votre travail de guérison.
En effet, l’Amour est l’un des synonymes de Dieu que les gens, pour la plupart, sont prêts à comprendre et à admettre. Mais après cela, il faut parfois du temps pour comprendre ce qu’est réellement l’Amour. Cela implique de compléter l’idée que l’on se fait de Dieu grâce aux autres synonymes de Dieu dont parle Science et Santé. On découvre alors que Dieu et la Vie, c’est la même chose, et que l’Amour et la Vie sont le même Dieu. C’est vrai aussi au sujet des autres synonymes. On découvre que le Créateur est le Principe. Donc, l’Amour divin, qui est la Vie, est le Principe qui crée et gouverne. Puis tous les synonymes, y compris la Vérité, l’Ame, l’Entendement, l’Esprit, s’unissent et étoffent votre compréhension de Dieu. Et cette compréhension plus complète vous permet de guérir.
Parlons un peu de ce que le patient apporte au processus de guérison.
C’est très simple. Le patient apporte un appel au secours. Et c’est une bonne façon de commencer, surtout pour quelqu’un de nouveau. Cependant, s’il connaît déjà la Christian Science et a toujours cette attitude qui consiste à dire « Prenez ce fardeau sur vos épaules, mais moi je ne vais rien changer », c’est différent. La guérison exige bien plus que cela. Vous souvenez-vous de ce que Jésus demanda à l’infirme: « Veux-tu être guéri ? » Je le traduis ainsi: « Veux-tu être transformé ? Veux-tu être régénéré ? » Non par moi, le praticien, mais par Dieu. Je ne pose jamais ces questions, mais c’est ce que j’attends du patient.
Auriez-vous des conseils à donner à ceux qui désirent prier de manière plus efficace pour les autres et pour eux-mêmes ?
Réjouissez-vous dans la vérité. Et reconnaissez le rôle que joue Dieu dans cette vérité. Après tout, Dieu est la Vérité. Par exemple, disons que vous voulez prier à propos de l’innocence, pour vous-même ou pour quelqu’un qui vous a demandé de l’aide. Commencez par affirmer ce qui est vrai: que la personne est innocente, maintenant même, parce qu’elle est l’enfant de Dieu, beau et sans péché. Cette personne se sentira immédiatement un peu plus innocente. Et cela continuera jusqu’à ce que sa vie entière soit transformée. La vérité corrige le concept humain selon lequel vous, moi ou quiconque n’est pas la ressemblance de Dieu, et notre existence se met naturellement à refléter ce fait. Je dis donc, réjouissez-vous dans la vérité !
Vous savez, il y a un psaume qui, à mes yeux, contient la définition la plus courte et la plus parfaite de la guérison spirituelle. C’est le Psaume 139, et on y lit ceci: « Je m’éveille, et je suis encore avec toi. » (verset 18) Pour moi, c’est là le cœur de la prière. Guérir, c’est se réveiller d’un rêve, prendre conscience de ce que nous sommes réellement, c’est-à-dire les enfants de Dieu. C’est une étape dans ce que Jésus appelle « naître de nouveau » (voir Jean 3:1-7). Donc, la guérison spirituelle commence par Qui suis-je ? Je suis innocent, je suis harmonieux, je suis spirituel, je suis éternel. Je ne suis la cause de rien, je suis l’effet de Dieu. Et à partir de là, on peut inclure les autres dans cette même idée. Si je suis innocent, tout le monde l’est aussi, tout le monde est innocent. Tous sont toujours avec Dieu.
Que pourriez-vous dire d’autre pour aider quelqu’un qui débute dans la pratique de la guérison par la Christian Science ?
La seule chose dont il faut se préoccuper, c’est sa conscience. Rien d’autre. Occupez-vous de votre conscience. N’oubliez pas que Dieu vous aime, et c’est la seule réalité de votre existence. Cet arome s’échappera mentalement pour parfumer votre entourage et guérir. Et puis priez avec joie. Pour moi, la guérison est comparable à un immeuble de dix étages. Le patient est au rez-de-chaussée, désirant être guéri, et la guérison est au dernier étage. Mais où est le praticien ? Si sa conscience est au dixième étage, la guérison est instantanée.
L’ascenseur de la pensée vous emmène au dernier étage de la guérison ?
Oui, où se trouve déjà la conscience ! La réalité est déjà présente. Dans le royaume de Dieu, rien n’a besoin d’être guéri. Dieu affirme constamment à chaque individu: « Réveille-toi, Je suis déjà là. » Il n’existe pas de maladie !
Voudriez-vous ajouter quelque chose au sujet de la guérison ?
« Qui suis-je ? » c’est la question fondamentale. Et si vous y répondez correctement, vous êtes en sécurité: « Je ne suis pas un créateur. Je suis la création. Je suis le fils (ou la fille) de Dieu. » Revenez toujours à cela. Alors vous vous sentirez libre de tous les fardeaux et de toutes les responsabilités, et vous apprécierez simplement d’être le fils ou la fille, la lumière reflétée de Dieu. Et vous ne serez pas gêné de dire: « Père, j’ai besoin d’aide. » La matière n’a rien à nous donner, mais l’Esprit, Dieu, nous donne la sagesse, ainsi que je l’ai vu chez cette humble femme quand j’ai commencé à aller à l’église.
La seule chose que j’aimerais ajouter, c’est que je n’échangerais ma place de praticien pour rien au monde, parce que lorsqu’un patient appelle pour dire « Je vais bien », rien ne vaut cela. Vous êtes en terre sainte.
